Un 30 novembre dans le boisé du Tremblay

Malgré sa taille relativement petite, la pie-grièche est une tueuse de rongeurs redoutable

Matinée grise, venteuse et neigeuse. En somme, aucune raison de sortir si ce n'était cette alerte des oiseaux rares tombée dans ma boite à courriel qui signalait un moqueur polyglotte dans le boisé du Tremblay. 

D'habitude, nous n'y allons pas à cause des attroupements que suscite ce genre d'alertes, mais l'occasion de ne pas céder au confort et à la facilité était trop belle et nous avons chaussé nos bottes. Après quelques pas d'adaptation au vent glacial, le plaisir de la marche l'a emporté sur tout le reste. 

Nous avons cherché le moqueur en vain. Le seul oiseau gris que nous avons trouvé est une pie-grièche boréale qui chassait malgré les bourrasques.

À 426,6 ppm de dioxyde de carbone

Début novembre et encore des fleurs d'actée à grappes au jardin.

Au Canada, les actées à grappes (Actaea racemosa) ne sont jamais allés plus au nord que l'Ontario; une question de climat probablement. On en trouve quand même quelques-unes dans les jardins québécois. Les miennes y sont parce que je collectionne les plantes médicinales. 

Pendant longtemps, j'ai dû me contenter des boutons de fleurs que le premier gel emportait. Puis, elles se sont endurcies, ou le climat s'est réchauffé, et le premier gel n'a plus emporté que les fleurs épanouies. L'année dernière a été une année exceptionnellement longue (pour moi, l'année s'arrête avec la dernière fleur et ne reprend qu'avec la première verdure) et j'ai eu la surprise de voir se développer des fruits. Je ne pensais pas que les graines parviendraient à maturité. À tout hasard, j'en ai quand même récolté en me gelant les doigts et je les ai disséminées de l'autre côté du chemin. Il faut croire que le hasard fait bien les choses puisqu'elles ont germé.   

Prochaine étape: la fermeture du bassin déclenchée par la formation de la première couche mince de glace qui s'installe généralement autour du 15 novembre.

Communautés végétales

Île-aux-Lièvres: Clintonie boréale, Quatre-temps et probablement Gadelier glanduleux  

À plusieurs reprises, cette année, mes promenades ont été interrompues par la rencontre de belles communautés végétales, des assemblages de plantes dont la forme des feuillages, leurs nuances de vert et la façon dont elles occupaient l'espace créaient une harmonie.

Ces parterres, aussi naturels soient-ils, ne doivent rien au hasard. Ils sont l'aboutissement, sans être une fin, d'une très longue histoire d'adaptation du vivant aux changements plus ou moins rapides, mais constants, de son milieu. Dérive des continents, changements climatiques, nature du sol, hygrométrie, température, ensoleillement, compétition pour l'espace et les ressources ; maladies, ennemis, incendie, tempête ou perturbations humaines ; peu m'importaient à cet instant les détails qui avaient modelé ces sociétés végétales. Je me suis accroupi en prenant soin de ne pas déranger et j'ai contemplé. 

Clintonie boréale, Actée rouge et Berce laineuse