Patates en chapelets

Il y a quelques années, j'ai introduit, dans le jardin, de l'Apios d'Amérique (Apios americana), une plante indigène en Amérique du Nord. Comme elle grimpe vite et fait de belles fleurs qui sentent bon, j'avais dans l'idée d'en faire un rideau végétal en la laissant monter dans la clôture. Ça marche très bien. Le revers de la médaille est qu'elle est expansive et indomptable, ressortant de terre chaque année un peu n'importe où.

Le secret de son énergie réside dans des chapelets de tubercules qu'elle produit sur de longues racines traçant juste sous la surface du sol. Malheureusement pour elle, sa force est aussi son point faible, car ses tubercules sont comestibles et faciles à extraire; il suffit de tirer sur la tige pour en sortir tout un "rail". Ils sont par ailleurs très nutritifs. Outre l'amidon, plus lentement digestible que celui de la pomme de terre, on y trouve des omégas 6 et 2 à 3 fois plus de protéines que dans la pomme de terre. 

On prépare l'apios qui est de la famille du haricot (celle des Fabacées) comme la pomme de terre qui est d'une autre famille, celle des Solanacées. On lave les tubercules et on les fait bouillir pendant une trentaine de minutes. On peut aussi les faire rôtir au four ou dans une poêle. La texture est celle de la pomme de terre et la saveur se situe entre la patate et la châtaigne, ou la noisette selon d'autres.

Parc des étangs Antoine-Charlebois

Ce dimanche matin, il nous fallait sortir avant que la chaleur accablante des derniers et des prochains jours ne nous retienne dans un intérieur nettement plus supportable malgré l'absence de climatisation . 

Pour accéder à une nature gratuite avant que le soleil ne cogne, les étangs de Sainte-Julie étaient notre meilleure solution. Et puis, à chacune de nos visites, nous y avons découvert quelque chose de nouveau.

Curieusement, c'est déjà l'automne aux étangs. Comme on ne peut pas accuser la sécheresse dans ce genre de milieu, la chaleur, ou un autre dérèglement, y est peut-être pour quelque chose. Tiens, à propos de réchauffement global, je constate dans les médias que le problème est réglé. Fini la limite fatidique des 1,5° C, on vogue maintenant allègrement vers les 2,5. Fini aussi la lutte contre la hausse des températures, on peut maintenant se laisser aller et se concentrer sur l'adaptation à la chaleur qui, comme chacun le sait, n'a pour limite que le génie humain.

Mais revenons aux étangs. Comme je le disais en préambule, on y fait toujours des découvertes. Aujourd'hui, deux nouvelles fleurs pour moi : la mimule à fleurs entrouvertes (Mimulus ringens) et l'utriculaire à longues racines (Utricularia vulgaris subsp. macrorhiza), une plante aquatique carnivore.

L' empreinte mesure 15 cm de longueur

Dans le chemin, nous avons aussi trouvé une trace qui pourrait avoir été laissée par un orignal. Dorénavant, nous prendrons avec un peu plus de sérieux le panneau d'interprétation placé au bord du chemin pour nous sensibiliser à la faune des étangs et sur lequel figure l'animal en compagnie d'une loutre.

Spécial ratons

À la suite du déménagement des moufettes et afin de vérifier ce qu'il advenait du terrier et de son éventuelle occupation, j'ai posé une planchette à son entrée, facilement poussable par n'importe quel animal désireux d'y entrer ou d'en sortir. J'ai aussi installé ma caméra à déclenchement automatique sur le passage. Avant-hier matin, la planche avait bougé et j'ai visionné les enregistrements.

Il s'agissait d'un raton laveur, un habitué du jardin. Il le traverse une première fois, tard le soir, pour aller faire sa tournée des poubelles du quartier, puis une seconde fois, tôt le matin, pour retourner dans le bois. Au passage, il fouille le bassin à la recherche de quelques grenouilles. À ce propos, j'avais disposé dans l'eau quelques vieilles souches à demi immergées pour permettre aux amphibiens de se cacher ou de sortir du bassin, mais le raton a pris l'habitude de les retourner; ce qui m'a obligé à les fixer.

En ce moment, il y a aussi une mère et ses deux jeunes qui passent par là. Il y a quelques semaines, attirés par leurs couinements, je les avais surpris en plein après-midi dans le jardin; j'imagine que les petits "ne faisaient pas encore leur jour". 

Hier matin, en revenant d'accompagner ma blonde à son travail, je les ai vus, au loin, traverser la rue à la course à la hauteur de ce que j'ai estimé être la maison. Je me suis dépêché de rentrer dans l'espoir de les surprendre dans le jardin. Je suis arrivé juste à temps: la mère était déjà dans le bois, mais les deux jeunes avaient encore du mal à escalader la clôture. 

Je me suis approché en surveillant la mère du coin de l'œil. Je ne voulais pas me faire charger, encore moins me faire mordre, car il ne faut pas oublier que les ratons sont les principaux vecteurs de la rage au Québec, surtout sur la rive sud du Saint-Laurent. Ensuite, je me suis accroupi pour paraitre moins menaçant et j'ai entamé la conversation en imitant maladroitement l'espèce de roucoulement qu'ils émettent pour garder le contact entre eux quand ils se déplacent. Leur curiosité l'a finalement emporté sur la méfiance et ils se sont approchés.