L'oeil américain

Vous roulez sur une autoroute, à travers les Rocheuses, attentifs aux autres automobilistes, participez à la conversation de vos passagers et soudain, vous vous rangez sur le bas-côté. Vous sortez du véhicule, votre paire de jumelles à la main pour partager le spectacle que vous offre un Pygargue à tête blanche, trônant sur son arbre.
C'est ça, "avoir l'oeil américain". Heureusement, ce sens ne s'est pas éteint avec le Dernier des Mohicans. Il continue à se transmettre. Et, partout où il reste de la nature, vous trouverez toujours quelques "américains" pour vous la faire rencontrer.   


Écureuil roux, Tamiasciurus hudsonicus, Red Squirrel

En se promenant en forêt, on tombe souvent sur des copeaux et des trognons de pommes de pin, rassemblés au pied d'un arbre ou sur une vieille souche. Nous savons tous pertinemment qu'il s'agit des restes du repas d'un écureuil. Mais, si certains en doutaient encore, en voici un qui épluche méthodiquement son cône pour atteindre les graines à la base de chaque écaille.


Houx verticillé, Ilex verticillata, Common Winterberry

 
C'est tellement agréable de se promener dans les bois en automne: plus de moustiques, le bruit des feuilles mortes qui craquent sous les pas, le Iciii des mésanges à tête noires qui appellent le reste de la bande et, pour les yeux,  le houx qui a sorti ses décorations de Noël. 
C'est la seule espèce indigène du Canada et ce n'est pas pour rien qu'il garde ses baies; elles sont toxiques.

Tamia mineur, Tamias minimus, Least Chipmunk

Le partage de l'Amérique du Nord a fait l'objet de discussions houleuses chez les tamias. Les tamias rayés se sont attribués l'est du continent, laissant aux tamias mineurs l'ouest et ses montagnes, qu'ils n'ont d'ailleurs pas encore réussi à franchir. Mais les mineurs, mécontents, n'ont jamais abandonné l'espoir de tremper leurs pattes dans  l'Atlantique. Pour l'instant, leur conquête de l'Est s'est arrêté à l'Ontario, où ils côtoient les rayés. Un peu plus petits que leurs congénères orientaux, ils sont aussi un peu plus rayés. 


Bernache du canada, Brenta canadensis, Canada Goose

Jasper (Alberta), deuxième quinzaine de septembre, les bernaches commencent à redescendre dans le sud en empruntant la voie pacifique des grandes routes migratoires d'Amérique du Nord.
Si le vol est relativement sécuritaire malgré les chasseurs, les lignes électriques à haute tension, les champs d'éoliennes et les autres obstacles dressés par l'homme, l'escale de ravitaillement obligatoire expose le groupe - probablement une famille - à plus de danger. Heureusement, la vigie prend son rôle au sérieux.   

Pika d'Amérique, Ochotona princeps, Pika

Le Pika, une boule de poils d'une quinzaine de centimètres environ, vit en montagne, au-dessus de la ligne des arbres, dans les coulées d'éboulis. Il se nourrit de lichens et des plantes rases typiques de ce type de paysage.
Vestige de l'Oligocène ou de l'Éocène (il ne s'en souvient plus très bien lui-même), le genre Ochotona est le dernier rameau vivant de la famille des Ochotonidés. Il existait un autre genre monospécifique en Europe, qui s'est éteint au dix-huitième siècle avec la mort de son dernier représentant, Prolagus sardus ou Pika sarde. Les plus proches parents des Pikas sont le lièvre et le lapin qui appartiennent à la famille des Léporidés.
Plusieurs espèces de ce lagomorphe (ordre des mammifères qui regroupe les pikas, les lapins et les lièvres) fréquentent encore le monde; toutes sont confinées aux régions froides. En Amérique du Nord, on trouve le Pika d'Amérique dans les Rocheuses américaines et canadiennes, ainsi que le Pika à collier, vers l'Alaska.