Au moins 10 espèces de trèfles au Québec et pas une qui soit indigène. Toutes sont eurasiennes et ont été apportées par les colons européens. Si les ex-légumineuses néo-fabacées ont contribué au succès de la colonisation en nourrissant le bétail, on ne peut pas dire qu'elles aient porté bonheur aux amérindiens.
Mais passons à un autre sujet, moins conflictuel.Trifolium hybridum |
Peu de vaches le savent, mais les légumineuses n'aiment pas être broutées. Ne pouvant fuire les herbivores, elles ont décidé de s'attaquer à la racine du mal (ou plutôt de la femelle) et ont développé, bien avant l'humain, le contraceptif oral. Pour contrôler les effectifs de leur ennemi, elles se sont mises à synthétiser des isoflavones. Ce sont des molécules qui ressemblent tellement aux oestrogènes des mammifères qu'on les a appelées phytoestrogènes. Je vous passe les détails physiologiques mais pertuber l'équilibre hormonal nuit à la reproduction. Les australiens l'ont découvert à leur dépens quand leurs brebis gavées de trèfle sont devenues stériles.
Je tiens quand même à apporter ici quelques précisions pour le lecteur qui prendrait ce qui est écrit au pied de la lettre et qui aurait regardé le documentaire de la BBC sur les plantes, diffusé récemment sur "Découverte" et dans lequel Charles Tisseyre semble prêter aux plantes une intelligence parfois inquiétante. Non, le règne végétal n'a d'intentions que celles que nous lui prêtons Et, toute cette histoire, aussi véridique soit-elle, n'est que le fruit du hasard (mutation génétique) et de la sélection naturelle. N'en déplaise à Stephen Harper, notre premier ministre créationniste et à Charles, chantre du sensationalisme.
Trifolium repens |
Constatant les effets de l'excès de trèfle sur les moutons australiens, la science a voulu comprendre. Elle s'est alors penchée sur les légumineuses et les découvertes se sont enchaînées (quand on cherche ou quand on veut trouver, on trouve). Ainsi, on s'est aperçu que les gros mangeurs de soya, une autre légumineuse, étaient moins sujets aux maladies hormonodépendantes (troubles de la ménopause, ostéoporose, cancer du sein, de l'utérus et même de la prostate) que les petits mangeurs.
Ici, je tiens une fois de plus à apporter une précision pour les 34 % de canadiens qui pensent que les femmes peuvent être victimes du cancer de la prostate. La prostate est un organe uniquement masculin et si les femmes en souffrent, c'est uniquement parce que leur mari les réveille la nuit en allant soulager leur vessie.
Trifolium pratense |
Comme d'habitude, les marchands de rêve sautèrent sur cette occasion en or et le marché des suppléments de phytoestrogènes explosa.
Attention, je ne prétends pas que ces produits n'ont pas d'effets. Ils en ont (il faut d'ailleurs faire attention), mais pas autant qu'on tente de nous le vendre.
Trifolium aureum |
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