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500 billets, 500 photos ou vidéos, mais pourquoi et surtout à quoi bon ?
Juste une contribution à l'effort de quelques uns pour promouvoir le vivant, mais GIEC comme l'impression que toutes ces tentatives n'avancent pas à grand chose
Peu importe, il reste devant ma porte un bâton de bois pour m'appuyer, sonder, écarter, pointer et atteindre. Il reste dans ma poche un couteau pour tailler, cueillir, éplucher et manger et, pendue à mon épaule, une besace pour transporter, récolter et ramener.    

Que décidera la nouvelle ?


Est-il exagéré de dire que sans les plantes, nous ne serions rien ? Rien dans le sens physico-chimique du néant. À bien y réfléchir, je ne crois pas. Car toute la matière qui constitue une plante verte, ses lipides, ses acides aminés, ses glucides, ses acides nucléiques et quelques autres métabolites, tout sans exception est fabriqué à partir d'eau, de gaz carbonique, de quelques sels minéraux et de soleil.
6 CO2 + 6 H2O + quelques photons pour alimenter la machine en énergie -------> C6H12O6 (un sucre) + 6 O2 + tout le reste, c'est-à-dire nous, entre autres. 
Parce que nous, tout ce qui nous constitue, nos lipides, nos acides aminés, nos glucides, nos acides nucléïques et quelques autres métabolites, tout sans exception est fabriqué à partir de ce que nous mangeons: des plantes et des animaux qui mangent des plantes.
C'est ce que me faisait remarquer mon philodendron alors que je faisais le ménage du bureau. Coincé derrière les feuilles mortes de ma bibliothèque, il calcule soigneusement l'alignement de ses capteurs solaires afin intercepter les quelques photons que veut bien lui laisser la fenêtre et qui sont indispensables à sa photosynthèse (et donc indirectement à ma survie).
Je me demande bien si la nouvelle feuille prendra la place d'une ancienne, devenue moins productive, ou si elle commencera une nouvelle rangée ?     

Le temps de la faîne

Difficile de trouver un accès pour se promener sur le Mont Rougemont, particulièrement pendant le temps des pommes. Ses abords sont encerclés par les vergers et rien ne ressemble plus à des voleurs de pommes qu'un couple de naturalistes. Mais si vous le demandez gentiment, un résident vous dévoilera peut-être le secret de son accès; c'est ce que nous avons fait.

Hêtre à grandes feuilles
Ensuite, si vous ne vous faites pas renverser par un des nombreux vélos de montagne qui saccagent le sous-bois, si vous ne vous faites pas tasser sur le bord du chemin par un cavalier ou harceler par le chien d'un promeneur, vous aurez le plaisir de prendre votre dose de  micro-ondes au pied des émetteurs installés sur le sommet tout en admirant la vue sur la vallée du Saint-Laurent et sur les montagnes plus à l'est. 
Faînes
Il y a sûrement des choses intéressantes à découvrir à l'écart du chemin, mais je suis plus discipliné qu'un vélo de montagne et j'ai respecté, cette fois au moins, les panneaux d'interdiction d'entrée qui m'incitaient à rester dans le droit chemin; origine étrangère et charte des valeurs québécoises oblige.  


Mais, pour revenir au titre du message, nous avons quand même eu le plaisir de contempler des impatientes pâles (ça faisait longtemps) et de ramasser des noix de caryer cordiforme ainsi que des faînes, ces espèces de petites châtaignes produites par les hêtres. Elles se mangent décortiquées et grillées; vous n'aurez qu'à lire la prochaine encyclopédie des fruits publiée par Québec Amérique à laquelle je ne suis pas complètement étranger pour en savoir un peu plus. Elles sont aussi comestibles crues, mais il ne faut pas en abuser. L'enveloppe de l'amande contient en effet de la fagine et il parait qu'à fortes doses, elle a des effets secondaires désagréables. On ne parle quand même pas de grande toxicité. 

Brou et noix

Quand sera-t-il trop tard ?

Un couple penché sur une fleur ou le nez en l'air, regardant fixement dans une même direction, peut susciter l'intérêt du passant et parfois même la conversation. Cette année, mise à part la fameuse entrée en matière "qu'est-ce que vous regarder de beau ?" ou une de ses formes dérivées, deux remarques sont revenues constamment  dans les discussions: "pourquoi y-a-t-il moins d'oiseaux cette année ?" et "je n'ai vu qu'un monarque cette année".

Monarque

Ce à quoi nous avons répondu que les populations animales peuvent varier d'une année sur l'autre, qu'il est impossible d'établir une tendance à partir d'une seule observation, qu'elles sont soumises à des cycles naturels d'abondance, que des conditions particulières peuvent les favoriser temporairement ou leur nuire. Par exemple, cette année, beaucoup d'oiseaux, dont les colibris du jardin, ont été retardés à cause de conditions météorologiques défavorables aux États-Unis. Néanmoins, force est de constater qu'à ces fluctuations saisonnières s'ajoute une tendance générale à la baisse.
Tous les observateurs d'oiseaux vous le diront, il y en a de moins en moins chaque année. Le rapport sur l'état des populations d'oiseaux du Canada disponible ici le confirme: les effectifs des oiseaux nicheurs diminuent constamment depuis 1970, une baisse de 12 %. Des espèces, abondantes il y a quelques années, ont disparu des listes d'observation. Personnellement, il y a longtemps que je n'ai pas vu un gros-bec errant et, dans un autre ordre d'espèces, la rainette faux grillon qui chantait au printemps derrière chez nous s'est éteinte depuis deux ans déjà. Nous entretenons un parterre d'asclépiade (c'est un bien grand mot pour une plante indigène considérée comme une mauvaise herbe par ceux qui n'ont pas d'odorat). Nourriture presque exclusive du Monarque, cette année, il n'a été survolé que par un seul papillon. Ce ne serait pas inquiétant si on ne connaissait pas les menaces qui pèsent sur ce migrateur: la traversée de la "corn belt" américaine, de ses pesticides, la disparition ses forêts mexicaines du Michoacán où ils se rassemblent.
Le constat de cette perte continuelle sera-t-il suffisant pour l'inverser ? Constater le déclin est une chose, il nous reste à faire le lien avec nos gestes quotidiens et à changer nos habitudes. 


Petite centaurée commune, Centaurium erythraea, Common Centaury

   
La petite centaurée commune a de nombreux autres noms: Petite centaurée, Érythrée, Érythrée petite-centaurée, Quinquina d'Europe, Herbe à Chiron, Herbe au centaure, Herbe à la fièvre, Herbe à mille florins, Fiel de terre ou Gentianelle.
Originaire d'Eurasie, on la trouve aujourd'hui en Afrique du Nord, en Australie et en Amérique du Nord où elle pousse dans les lieux ensoleillées (prairies, friches) dans des sols bien drainés et plutôt siliceux; elle s'est établie au Québec avec sa congénère la petite centaurée élégante (Centaurium pulchellum).
Selon la légende, le centaure Chiron l'aurait utilisée pour tenter de soigner une blessure au genou causée par une flèche empoisonnée que lui avait décochée Hercule. Étant immortel et ne parvenant pas à se soigner, Chiron demanda aux dieux de lever son immortalité afin d'abréger ses souffrances. Comme quoi, les débats sur le suicide assisté ne datent pas d'hier.
Quoi qu'il en soit, les vertus thérapeutiques de la petite centaurée se sont adaptées aux besoins de son époque. Antalgique et antipyrétique (ou fébrifuge) pour les guerriers grecs, elle stimule aujourd'hui l'appétit de l'occidental sédentaire et l'aide à digérer son macdo. L'élégante a les mêmes propriétés; il n'y a donc pas à s'inquiéter de la confusion.
Elle n'est pas toxique. En tout cas, personne ne s'est relevé pour s'en plaindre. Mais attention quand même en cas de brûlures d'estomac ou d'ulcère gastroduodénal.    

Loup, y es-tu ?

21 août, mont Winslow, parc national de Frontenac (Québec). Il commence à faire chaud sur le chemin du retour et la collation prise sur la rive du lac Maskinongé se révèle plus pesante dans l'estomac que dans le sac. À cette saison et à cette heure, les oiseaux sont plus discrets et nous, moins attentifs. Sur le bord du sentier, des traces de chevaux nous font comprendre pourquoi il a été taillé si large. Un peu plus loin, un excrément donne un regain d'intérêt à l'excursion. Il en faut peu; une quinzaine de centimètres de long, deux de large, effilé aux extrémités et assez frais pour intéresser des mouches. Nous en savons assez pour dire ce que ce n'est pas, mais trop peu pour identifier l'animal.
En poursuivant notre route, nous trouvons, dans une plaque de boue encore tendre, ce qui restera de cette promenade dans notre mémoire : quatre belles séries d'empreintes bien rangées de bas en haut, de la plus petite à la plus grande.


Les traces les plus petites sont à peine visibles, elles forment un trait qui souligne l'empreinte du coin inférieur droit de la photo ci-dessus. Elles ont probablement été laissées par un crapaud d'Amérique; ils nous ont accompagnés tout au long de notre marche.

Crapaud d'Amérique

Au-dessus des empreintes de crapaud, une trace de patte d'environ 5 cm de long. La forme, les quatre doigts et l'absence de griffes suggèrent qu'elles ont été laissées par un félin. Lynx du Canada, lynx roux ou chat ? La taille (trop petite) et la forme du coussinet principal (trop irrégulière) disqualifient le lynx du Canada.  Je ne parle même pas du cougar, beaucoup plus grand et très peu représenté au Québec. Les trois lobes de la face postérieure du coussinet principal, bien visibles dans l'empreinte de droite, pourraient être la signature d'un chat, mais 5 cm cela fait beaucoup. Et puis, la face antérieure de ce même coussinet serait plus pointue, alors que les deux lobes qui semblent se dessiner et la taille correspondent mieux à une patte de lynx roux.

Lynx roux

Au-dessus encore, on peut voir une patte plus grosse, avec des griffes. La forme générale, les quatre doigts et les griffes font penser à un canidé. Elle fait 8 à 9 cm; le iPod 4G en fait 11 (j'en profite pour faire une demande de commandite à Apple). C'est trop gros pour un renard ou un coyote, reste le loup ou le chien.
     
Canidé et lynx roux

Incapable de trancher, c'est le moment de faire appel à un expert, en l’occurrence Pierre Vaillancourt, un naturaliste de la forêt Montmorency au nord de Québec. Son surnom, Pierre le loup, vaut toutes les cartes de visite. Sa réponse tombe quelques minutes après avoir reçu les photos. Il s'agit probablement d'un chien. La raison: contrairement au chien, il est exceptionnel qu'un loup se méjuge, c'est-à-dire que la patte postérieure ne recouvre pas exactement l'empreinte de la patte antérieure.  
Traces de chien

Nous avons été un peu déçu que les traces aient été laissées par chien et non par un loup. Mais nous aurions dû nous en douter. Après tout, la dernière série de d'empreintes n'était-elle pas celle d'une semelle.