C'était une belle journée pour assister au réveil de Marguerite d'Youville à sa résidence de l'île Saint-Bernard, dans le sud de Montréal.
À peine la porte passée, la vocation de refuge faunique du lieu s'affiche dans toute sa beauté-n'est-pas-le-mot avec un monument dédié au martinet martyr. Cette cheminée artificielle est la dernière invention de l'homme pour tenter de sauver le martinet ramoneur. Avant lui (je parle de l'homme), l'oiseau nichait dans les gros arbres creux des forêts matures. Puis vint le défrichement, la construction des navires anglais et la révolution industrielle qui portèrent un dur coup aux arbres et à leurs habitants. Les martinets s'adaptèrent. "Vous coupez mes arbres, j'utiliserai les cheminées de vos usines" se dirent-ils.
Mais à la révolution industrielle succéda la lutte des classes, le syndicalisme et les droits des masses laborieuses. Les "héritiers" trouvèrent rapidement la parade. Inutile de faire preuve d'une grande intelligence, il suffit d'appliquer des vieilles recettes: le bâton et la carotte. Ils inventèrent les congés payés, le hockey, le foot, la télé et déménagèrent leurs usines plus loin, beaucoup plus loin. Les cheminées, symboles de l'exploitation furent rasées et le martinet avec. C'en fut trop pour lui. Plus d'arbres, plus de cheminées, une Chine trop loin, il ne lui restait plus qu'à disparaître. Heureusement un groupe d'écolos décida qu'il fallait sauver le martinet ramoneur et se mit à lui construire des forêts de cheminées.
C'est un peu plus loin que les oiseaux nous tombèrent dessus; d'abord des parulines jaunes (partout), des orioles de Baltimore (plein), des "Cardinal rose" (en veux-tu, en voilà), une crécerelle en train de dévorer une couleuvre, une gang de canards branchus, etc. etc., mais aussi des couleuvres rayées (énooooormes) et 2 moustiques.
Vers le bout de l'île, au fin fond de la forêt, après avoir longé le fleuve et traversé un marécage, nous découvrîmes les ruines d'une vieille forteresse cathare. En tout cas, vu de près, il y avait du Montségur dans l'architecture. Bizarre, je ne savais pas que les chevaliers avaient fui la persécution en Amérique, pavant ainsi la voie aux nombreux autres.
En relevant les yeux, la méprise fut révélée. Il s'agissait bien d'une forteresse tombée aux mains de l'ennemi, mais il n'avait probablement fallu qu'un seul homme pour abattre ce vieux chêne bicolore.
D'autres avant nous étaient passés par là et avaient été émus eux aussi par le spectacle; des poètes à n'en pas douter
"Le jour où tu seras décomposé
Plusieurs d'entre nous y seront passés..."
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