Au jardin, nous n'utilisons pas de pesticides et préférons miser sur la biodiversité, non pour éradiquer les différents fléaux qui menacent nos plantes, mais pour en contrôler la prolifération. Jusqu'à présent, la méthode s'était avérée efficace et l'équilibre des forces maintenait le jardin à l'abri d'une chimie délétère. Jusqu'à présent, car depuis l'apparition du premier scarabée japonais en juillet 2013, rien ne va plus.
Jusqu'en 2016, ils étaient si peu nombreux qu'on ne les remarquait même pas et que leurs dégâts restaient invisibles. Puis, en 2016, ils ont commencé à dévorer les roses de l'unique rosier du jardin. Je ne suis pas un fanatique des rosiers, mais celui-là (je ne connais pas la variété), je l'aime bien: il était là avant nous (respect), il fleurit abondamment, il parfume le jardin et il ne demande aucun entretien.
Donc, cette année, décidé à profiter de ses fleurs et fatigué de retirer les scarabées à la main, j'ai investi dans un de ces pièges olfactifs qui sont apparus dans le commerce peu après l'apparition des insectes (un fléau n'attend pas l'autre). Rien de très chimique, rassurez-vous. Il s'agit d'un appât olfactif collé sur un support en plastique sur lequel les insectes se posent puis glissent dans un sac d'où ils ne peuvent ressortir.
L'efficacité est redoutable et, après avoir vérifié que seuls les scarabées japonais étaient attirés, je l'ai adopté. Erreur !
Aujourd'hui, je guidais une excursion naturaliste de la Société de biologie de Montréal, et une participante (merci Lilianne, j'espère ne pas écorcher l’orthographe de ton prénom) m'a appris, preuve à l'appui, que Popillia japonica japonais avait trouvé son prédateur naturel sous la forme d'une petite mouche indigène appelée Istocheta aldrichi. Celle-ci pond ses œufs sur la carapace de son hôte et la larve pénètre dans l'insecte pour s'en nourrir. De retour à la maison, j'ai capturé quelques insectes pour vérifier le parasitage et j'ai pu constaté qu'un scarabée sur trois était infecté. Je vais donc retirer le piège pour favoriser la mouche et me fier au cycle naturel des choses.