Comme chaque année à cette saison, le geai bleu préfère éviter les miroirs pour ne pas déprimer en constatant sa calvitie temporaire.
Il n'est pas le seul à qui cela arrive. Tous les oiseaux doivent régulièrement renouveler leurs plumes afin de maintenir l'efficacité de leur vol, de préserver leur isolation thermique et d'augmenter leur chance de se reproduire au printemps. Cette mue, qui se produit une ou deux fois par an, de façon partielle ou totale selon les espèces, est exigeante en énergie. Elle se produit donc en dehors des périodes de nidification, à des endroits et à des saisons où la nourriture abonde.
En Amérique du Nord, la plupart des oiseaux subissent une mue totale à la fin de l'été ou au début de l'automne, après la nidification et avant la migration. Cette mue post-nuptiale produit généralement un plumage plus terne, en particulier chez les mâles. Une deuxième mue, prénuptiale celle-là, se produit au printemps avant l'accouplement et la migration. Elle est souvent partielle et produit selon l'espèce, un plumage coloré permettant de séduire une partenaire ou un plumage cryptique augmentant les chances de succès de la couvaison.
Comme toujours avec le vivant, il y a des exceptions, parfois spectaculaires. Par exemple, les canards mâles subissent leurs deux mues en été, entre la nidification et la migration. Un premier changement leur confère un plumage cryptique très semblable aux femelles. Ce plumage d'éclipse leur permet de se cacher pendant qu'ils sont fixés au sol par le renouvellement complet et simultané de leurs plumes de vol. Ceci fait, une deuxième mue partielle leur redonne leur coloration distinctive.