Le parfum de Séville
Un 27 novembre à Longueuil
Un 21 avril dans le Parc naturel de "Las Sierras Subbeticas"
À Zuheros, nous avons finalement trouvé un sentier qui remontait le cours d'un torrent, le rio Bailon. Il nous restait peu de temps; nous sommes donc partis légers: une paire de jumelles, un en-cas et une gourde.
Zuheros |
Canyon du rio Bailon |
Karst de la cordillère subbétique |
Ophrys jaune |
Asphodèle |
Inconnue |
Le coût de l'olive
Avec une production moyenne d'environ 5.5 millions de tonnes par an, l'Espagne est le premier fournisseur mondial d'olives (FAO), loin devant l'Italie et la Grèce. De tels chiffres laissent forcément une trace dans l'environnement, et en Andalousie, première région productrice d'olives espagnoles, l'impact de cette culture saute aux yeux. Il suffit de parcourir la route entre Grenade et Séville pour constater la suprématie de l'olivier. La succession monotone des oliveraies avec leur terre mise à nue anéantit tout effort d'imagination de ce qu'a pu être le paysage originel de cette région. Au-delà de l'érosion des sols, il faut ajouter l'épuisement des nappes phréatiques par l'irrigation et la pollution par les fertilisants et les traitements phytosanitaires, inhérents à cette culture intensive.
Et pourtant, en bordure des champs, la résistance des messicoles s'organise, menée par les vipérines, les chardons et les coquelicots.
Un 18 avril autour de la lagune de Fuente de piedra
Située à 400 mètres au dessus du niveau de la mer et isolée de la Méditerranée par 50 kilomètres de cordillère bétique, la lagune de Fuente de piedra, la plus grande d'Andalousie, est en réalité un grand lac salé qui recueille les eaux de ruissellement d'un bassin d'un peu plus de 150 km2. Ce bassin a la propriété d'être endorhéique, c'est-à-dire que ses eaux ne peuvent s'échapper que par évaporation.
À Fuente de piedra, malgré la dimension respectable de l'étendue d'eau (6,5 km de long sur 2,5 de large, pour une profondeur de seulement 50 centimètres), les 470 millimètres de précipitations annuelles ne suffisent pas à compenser l'évaporation estivale et les 1300 hectares du lac disparaissent entre le mois de juillet et les premières pluies d'automne.
Aussi improbables que paraissent les conditions de vie en raison de l'absence d'eau ou de sa salinité fluctuant entre 9 et 220 grammes par litre (à titre d'exemple, celle de l'eau de mer est d'environ 35 g/l), cet écosystème abrite la plus grande colonie de flamants roses d'Espagne et la deuxième d'Europe. Les quelques 12000 échassiers y trouvent suffisamment de zooplancton pour nourrir leur progéniture jusqu'à l'assèchement du lac. Aussi, quand on le visite en avril et que l'on constate la diversité de la faune, notamment aquatique, on a peine à imaginer que le paysage puisse se transformer au point de ne laisser voir qu'une croûte de sel.
Lapin de Garenne |
Émyde lépreuse |
Un 18 avril au sommet du "Torcal de Antequera"
Et pourtant, de la vie il y en a, et depuis longtemps comme en témoignent les fossiles d'ammonites incrustés dans le calcaire. À ce jour, on a recensé 116 espèces de vertébrés et 664 espèces de plantes. Certaines sont endémiques et si rares qu'une partie de la montagne, déjà instituée patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses particularités géologiques, est protégée par son statut de réserve naturelle.
L'histoire du Torcal commence au Jurassique, il y a 200 millions d'années, lorsque la Pangée se sépare en deux masses continentales: Laurasia au nord (qui donnera naissance à l'Europe et à l'Amérique du Nord), et Gondwana au sud (qui se séparera en Amérique du Sud, Afrique, Inde, Australie et Antarctique). Les deux nouveaux continents sont alors séparées par l'embryon de l'océan Atlantique et la partie occidentale de l'immense océan Téthys, ancêtre de la mer Méditerranée. Pendant les 175 millions d'années suivants, les sédiments vont s'accumuler au fond de cet océan sur plusieurs milliers de mètres d'épaisseur. Au miocène, il y a environ 25 millions d'années, la dérive de la plaque africaine vers la plaque européenne, qui se poursuit encore aujourd'hui, provoque la fermeture de Téthys, ainsi que le plissement et l'émergence de son plancher océanique sous la forme de la cordillère bétique et des Alpes.
Extrait de : Pezzi Manuel. Le Torcal d'Antequera (Andalousie) : un karst structural retouché par le périglaciaire. Méditerranée, deuxième série, tome 21, 2-1975. pp. 23-37 |
Dans cet ensemble, le Torcal n'est autre que le sommet d'un anticlinal (un pli en forme de dome, par opposition au synclinal en forme de cuvette), ce qui explique l'horizontalité presque parfaite des strates. L'eau de ruissellement s'est ensuite infiltrée dans les failles créées par la tension des roches au cours du plissement et a dissout les calcaires pour former ce relief si spectaculaire.
Un 17 avril à Antequera
C'est justement en montant au dolmen de Menga pour honorer la mémoire de nos ancêtres que nous avons trouvé une tombe fleurie d'orchidées papillons et de chrysanthèmes couronnés.