Un cas d'AKD ?

Le 5 août dernier, je photographiais cette sittelle à poitrine blanche dont la démesure et la courbure du bec avaient attiré mon attention. Auparavant, j'avais déjà observé des becs difformes, mais il s'agissait généralement de troncatures affectant la mandibule inférieure ou supérieure, et j'attribuais cet état à un accident ou à une malformation congénitale.

Dans le cas de cette sittelle (cela ne se voit pas sur la photo), la déformation était telle que les deux mandibules ne parvenaient plus à coïncider, la fermeture étant empêchée par la rencontre des extrémités, à la manière d'une tenaille. Depuis, la nature a trouvé une solution et la mandibule inférieure semble s'être brisée (voir la photo ci-dessous).  

J'en restais là, attribuant la chose à une tare génétique. Après tout, quand on ne sait pas ou quand on ne cherche pas à savoir, on peut toujours s'en remettre à un dieu, à l'ADN ou au hasard si on ne croit en rien. C'est ma blonde qui a forcé ma curiosité en attirant mon attention sur Nature et Environnement, un blog québécois qui se propose entre autres de documenter le phénomène au Québec. 


En le parcourant, j'appris l'existence de l'Avian Keratin Disease, une maladie infectieuse causée par le poecivirus qui infecte les tissus du bec. Cette maladie observée pour la première fois en Alaska dans une population de Mésange à tête noire (Poecile atricapillus) à la fin des années 90 a rapidement été détectée chez une dizaine d'autres espèces en Amérique du Nord d'abord, et ailleurs ensuite. Bien qu'il n'y ait encore aucune preuve de son émergence au Québec et qu'il existe bien d'autres causes de malformation des becs (accidents, maladie, contamination par des polluants), l'hypothèse d'une infection n'est pas à exclure dans le cas de cette sittelle.

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