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Le dernier oiseau de l'année

Cette année, le dernier oiseau que nous aurons vu est cette chouette rayée au mont Saint-Bruno. C'était à la fin de la ballade, près du pavillon d'accueil. Un gros oiseau qui décollait d'un pré a attiré notre attention. À sa taille et à son profil, aucun doute, il s'agissait d'un strigidé. Nous l'avons suivi des yeux jusqu'à ce qu'il se pose sur une branche et là, nous avons reconnu la chouette rayée. Elle tenait un rongeur dans ses serres. Elle l'a décapité, a avalé la tête puis le reste. Un chouette réveillon ! 

À l'ouest, rien de vraiment nouveau

Vivre en cage ou mourir libre n'est peut-être pas une question que se pose une buse à queue rousse. 

Hier, nous sommes allés refaire un tour à l'écomuseum, dans l'ouest de l'île de Montréal. Ça faisait quoi, quatre ou cinq ans que nous n'y étions pas allés ? Jusqu'à récemment, l'endroit se présentait comme un centre de réhabilitation pour la faune, et les animaux que l'on pouvait y voir étaient trop handicapés pour être relachés en nature. 

Aujourd'hui, l'écomusée s'affiche comme "le seul et unique zoo extérieur sur l’île de Montréal, à seulement 30 minutes du centre-ville." Le marketting est passé par là et cela semble avoir payé: grand stationnement, nombreux personnnel, grosse boutique et nouvelles infrastructures pour les visiteurs et les animaux. J'espère juste que l'espace réservé aux résidents croit dans les mêmes proportions que celui alloué à l'humain.

Le lynx ne compte plus les pas qu'il a fait en longeant son enclos depuis qu'il est enfermé, mais il tourne encore son regard vers les visiteurs quand il passe à leur hauteur. 

Indigène ou naturalisée ?

Des choses que l'on croyait acquises – je pense à la paix en Europe – ou de la vie que l'on croyait indigène à force de la rencontrer – là, je ne pense pas aux Tremblay, mais plutôt aux trèfles – ne sont en réalité que l'expression planifiée ou accidentelle de nos actes. 

Aucun trèfle n'est indigène au Québec.

Je dis ça parce que je viens de consulter, pour la énième fois, un article formidable paru dans "Le naturaliste canadien" en 2012, dans lequel quatre chercheurs présentent une mise à jour de la liste des espèces vasculaires exotiques naturalisées au Québec. En ce qui me concerne, c'est presque une lecture de chevet que je parcours de temps à autre et qui me réserve toujours une surprise. Par exemple, je viens d'apprendre que l'omniprésent érable à Giguère (Acer negundo) a été introduit au Québec avant 1883, probablement à des fins ornementales, et aussi que le houblon (Humulus lupulus) n'est pas qu'une plante naturalisée. Ainsi, Hunulus lupulus var. lupulus est européen, mais Humulus lupulus var. lupuloïdes est canadien

Il faut souligner le travail considérable qui a été fourni pour dresser cette liste des 899 plantes que l'on croyait d'ici (ici faisant référence au Québec), assortie de leur origine, de la date de la première preuve de leur naturalisation et du motif probable de leur introduction.

L'article en question "Lavoie, C., Saint-Louis, A., Guay, G. & Groeneveld, E. (2012). Les plantes vasculaires exotiques naturalisées : une nouvelle liste pour le Québec. Le Naturaliste canadien, 136(3), 6–32. https://doi.org/10.7202/1009237ar" peut être consulté et téléchargé ici.   

Technoparc: prise 2

La fin de semaine dernière, je suis retourné au Technoparc de Montréal, cette friche agricole au bord de l'aéroport international de Dorval que la nature s'est réappropriée. J'y étais allé en 2016 (ici) alors qu'elle était menacée par un projet de revitalisation(1) qui donne aujourd'hui son nom au lieu. 

De la vie, pourtant, il y en avait. Nul besoin de revitaliser puisque les naturalistes de passage y ont répertorié jusqu'à présent 879 espèces, parmi lesquelles 222 d'oiseaux, 345 de végétaux, 44 de vertébrés et 268 espèces d'invertébrés. Malheureusement, l'expression "la vie n'a pas de prix" semble avec le temps prendre de plus en plus son sens littéral et, dans nos sociétés consuméristes, si la vie n'a pas de prix, c'est donc qu'elle n'a aucune valeur.

Jusqu'en 2016, les zones 1, 2, 3 et 4 correspondaient à des milieux naturels boisés et marécageux, qui étaient autrefois des champs. Les zones (3) et (4) étaient accessibles à pied par la vieille route abandonnée qui les sépare et la zone (3) était essentiellement un marais boisé.  

Depuis, des promoteurs immobiliers ont fini par vendre l'idée à nos décideurs que cet immense espace inexploité pourrait devenir un pôle technologique à visée internationale. Il y était même question d'y former les futurs travailleurs dans un éco-campus qui serait appelé l'éco-campus Hubert Reeves(2), un comble pour cet astrophysicien environnementaliste.  

Petit lexique à l'usage des naïfs

(1). Revitalisation: remplacement de la faune et de la flore spontanées, économiquement improductives, par du béton, de l'asphalte, du gazon, des plantes hybrides et exotiques, afin d'accueillir des travailleurs venant de loin avec leurs Véhicules Utilitaires Sports pour créer de la richesse (dont ils ne seront pas les principaux bénéficiaires).

(2). Écocampus: Espace d'enseignement probablement construit selon les normes de construction écologiques LEED Or, en remplaçant les marais insalubres, les arbres présentant un risque pour les étudiants et les sols contaminés par un aménagement paysager sécuritaire et sain, incluant les dernières tendances: micro-forêt, parcs éponges, milieux humides restaurés, couloirs fauniques et autres aménagements éco-responsables (en ais-je oublié ?).     

Aujourd'hui, la zone 1 est définitivement perdue. La zone (2) est placardée "Terrain à développer". Idem pour la zone (3) qui a été en grande partie drainée, déboisée et en partie aménagée : chaussée, trottoir, éclairage public, système d'égout et début d'aménagement paysagé. La zone 4 est encore intacte, mais dans le coin supérieur, un début de chaussée et un panneau "Terrain à développer" en disent long sur la suite. 

Et puis, en 2016, les travaux ont débuté. Des citoyens s'en sont offusqués et se sont organisés pour se porter à la défense du lieu. Dans ce mouvement, le naturaliste Joël Coutu a joué un rôle clé et a dépensé son énergie sans compter pour préserver les milieux humides du Technoparc en sensibilisant le public, les autorités locales et les médias à l’importance écologique du site, notamment pour la faune aviaire.

Quelques gains ont été obtenus, mais à en juger par le déploiement des installations de travaux publics sur le site, la lutte promet d'être longue. Si vous souhaitez les encourager ou contribuer, ou simplement suivre leur actualité, vous pouvez consulter leur site web, Technoparc Oiseaux, à l'adresse : https://www.technoparcoiseaux.org

À la sortie de l'autoroute, dans le stationnement d'une tour de bureaux, une troupe de dindons sauvages qui ne semblent pas avoir compris que le lieu est dorénavant réservé aux humains. À la fin de la vidéo d'introduction, l'emplacement est marqué "Dindons sauvages".
Le secteur de l'éco-campus (zone 3) avec, ici, l'étang aux hérons est un milieu humide que le développement est en train d'achever.
Des chaussées, des bornes fontaines, des trottoirs, tout a été vite aménagé pour qu'il soit coûteux de revenir en arrière, une machine bien rodée des développeurs. 
Sous prétexte de créer un passage pour la faune, on draine le marais.
Le secteur des sources (zone 4) abrite des castors... 
...et les vestiges d'une occupation humaine, probablement les fondations d'une ferme. 

Résupination

Ça y est. Comme chaque année à cette époque, mon orchidée se résupine; c'est-à-dire qu'au fur et à mesure que ses fleurs s'épanouissent, elles tournent sur elles-mêmes d'environ 180 degrés. Dans la photo ci-contre (cliquer pour l'agrandir), les deux fleurs du bas de l'épi ont achevé leur rotation tandis que celle du haut qui s'est ouverte plus tard en a accompli cinquante pour cent. 

La résupination n'est pas propre aux orchidées, mais elle est caractéristique de cette famille de plantes. La rotation s'effectue au niveau du pistil, l'organe sexuel femelle de la fleur qui sert aussi de lien avec la tige florale.

Hé oui, c'est une autre particularité des orchidées. Le pédoncule vert de la fleur d'orchidée n'en est pas un; c'est le futur fruit. Vrillé pour placer la fleur épanouie dans une position avantageuse pour les pollinisateurs, soit le pétale extravagant (ou label en botanique) vers le bas, il revient à sa position initiale une fois la fécondation faite. 

Pendant que j'y suis... Si, dans vos conversations de Noël, votre belle-mère se met à vanter les extraordinaires grappes de fleurs de son orchidée, vous pourrez toujours lui dire qu'elle se trompe, parce que pour faire des grappes, les fleurs puis les fruits doivent avoir des pédoncules, comme les raisins. S'ils ou elles n'en ont pas, le terme botanique approprié pour décrire l'ensemble des fleurs est l'épi.

Résupinée
En pleine résupination
Pas un pédoncule, mais un pistil

Bain de nature thérapeutique

Je ne sais pas si c'est une conséquence de la dépression saisonnière ou du spectacle quotidien de notre inhumanité, mais p... qu'on était bien sur le mont Saint-Bruno ce matin. Personne, juste la faune et nous.

Et de la faune, il y en avait. Entouré d'un essaim de mésanges et de sittelles, nous avons marché sous le regard interrogateur des cerfs de Virginie qui interrompaient leur broutage pour évaluer le danger que nous pouvions représenter avant de replonger la tête ou de fuir. Nous avons pris le chemin du vieux verger abandonné. Les fruits blets encore accrochés aux arbres ou tombés par terre attirent toute sorte d'animaux: ceux qui s'en nourrissent et leurs prédateurs qui profitent du terrain dégagé pour repérer leurs proies de loin. 

Et des prédateurs, il y en avait. Une buse à queue rousse s'est perchée au faîte du plus grand arbre, a fait son tour d'horizon, puis a cédé la place à une pie-grièche boréale, une chasseuse redoutable qui suspend ses victimes à des branches. Peut-être aime-t-elle la viande faisandée. 

En tout cas, il faut croire que les merlebleus de l'Est ne font pas partie de son menu puisque c'est le moment qu'ont choisi quatre d'entre eux pour traverser le verger sous nos yeux ébahis. Nous savions qu'ils nichaient là, mais nous ne nous attendions pas à les voir aussi tard dans la saison.

Centre écologique Fernand-Seguin

Au sud-ouest de Châteauguay, entre l'autoroute de l'acier et un golf, le Centre écologique Fernand-Seguin protège un minuscule vestige de l'érablière à caryer qui couvrait autrefois le sud du Québec. Deux sentiers parcourent le sous-bois. Le "1" en fait le tour en passant par l'étang, un bien grand mot pour une dépression qui ne doit plus grand-chose à la nature. Le "2", dit le sentier des fées, traverse une cité du petit peuple qui a gentiment décidé de nous laisser voir quelques-uns de ses aménagements.

Si on fait abstraction du bourdonnement incessant de l'autoroute, l'endroit peut être plaisant. La forêt, avec ses grands arbres et quelques conifères en périphérie, nous a semblé propice à l'observation des strigidés. Nous en avons cherché, mais s'ils nous ont vus, ce ne fut pas réciproque. Maigre consolation:  après vérification dans eBird, seul le petit-duc parmi 169 autres espèces a été rapporté par les observateurs de passage. Le bruit et la superficie restreinte du territoire y sont peut-être pour quelque chose. 

Bécosse de fées

D'un point de vue géologique, la forêt est installée en partie sur la formation de Beauharnois. Les roches grises qui la caractérisent sont, à l'origine, des sédiments déposés dans un environnement lagunaire ou intertidal, il y a environ 480 millions d'années. En regardant de plus près les blocs qui parsèment le terrain, on peut trouver les fossiles des galeries creusées par les animaux fouisseurs qui peuplaient l'endroit.  

À quoi rêvent les chouettes ?

Je crois que les chouettes rayées emportent une partie de la nuit dans leurs rêves, bien cachée derrière leurs paupières. Sinon, comment expliquer la noirceur de leur regard ? 

Celle-là s'apprêtait à dormir quand nous l'avons observée, perchée dans un jeune pin blanc quelque part sur le Mont Saint-Bruno, presque à hauteur d'homme, comme souvent. Elle a nettoyé ses serres, s'est redressée et a tourné la tête en arrière pour l'enfouir dans ses ailes.

Migration de bernaches

Ce matin, aux étangs Antoine-Charlebois, des bernaches du Canada (Brenta canadensis) arrivaient du nord. Elles resteront là tant qu'il y aura à manger et que le gel ne les chassera pas plus au sud. Elles sont de moins grandes voyageuses que les Oies des neiges (Anser caerulescens) qui, elles, nichent dans la Toundra arctique et passent l'hiver dans le centre et le sud des États-Unis.

Indigène mais pas spontané

Une belle surprise nous attendait hier au bord du chemin : une demi-douzaine d'hamamélis de Virginie étaient en pleines fleurs. Comme je passe régulièrement par là et que je ne les avais jamais remarqués, leur présence est probablement l'oeuvre d'un lutin jardinier bien inspiré. 

Je dois avouer que, comme tout ce qui sort des sentiers battus, j'aime bien cet arbuste qui refuse de se résigner à l'hiver alors que tous les autres ont laissé tomber leurs feuilles. Dans leur article "Many to flower, few to fruit : the reproductive biology of Hamamelis virginiana (Hamamelidacee)", Gregory J. Anderson  et James D. Hill en arrivent à la conclusion que cette floraison tardive pourrait être une stratégie évolutive qui permet à H. virginiana d'éviter la concurrence que lui fait une autre espèce d'hamamélis (H. vernalis) pour les pollinisateurs ; ce dernier fleurissant de la fin de l'hiver au début du printemps. Évidemment, cette stratégie a éte héritée des individus vivant dans les régions où les deux espèces cohabitent ou ont cohabité.

Toutefois, le prix à payer pour cette pollinisation différée et concomittante des premiers gels, en tous cas au Québec, est la raréfaction des pollinisateurs et un succès limité de la fructification puisque moins de 1 % des fécondations arrivent à terme. 

L'ogre des forêts

Hier, en me promenant dans le boisé du Tremblay, j'ai été surpris par l'abondance des tamias rayés dont les "tchip" revendicateurs animaient le sous-bois. Il faut croire que l'année leur a été profitable. 

Au retour, mon attention a été attirée par un bruissement de feuilles mortes insistant, juste derrière moi. Je ne voulais pas me retourner, suspectant la présence d'un énième tamia. Mais bon, des fois que cela aurait été un ours, j'ai fait l'effort. 

Comme il n'y a rien qui ressemble plus à une feuille morte que cet écureuil, je l'ai cherché pendant quelques secondes, jusqu'à ce que je le voie détaler avec quelque chose dans la gueule. Ayant cru identifier une couleuvre, je l'ai suivi des yeux jusqu'à une pierre sur laquelle il s'est perché pour égorger sa proie. Je n'en revenais pas.  Moi qui pensais que Tic et Tac étaient végétariens, je suis allé aussitôt m'informer sur le régime alimentaire de ce rongeur dans les bouquins et l'internet. Toutes les sources mentionnent effectivement que le tamia rayé peut se nourrir à l'occasion d'œufs et d'oisillons. Je n'ai pas vu la couleuvre, mais qui vole un œuf peut bien en voler une.   

Un 29 septembre au bord du lac Boivin (Québec)

Galane glabre, mais pas partout

Dimanche dernier était une belle journée d'automne que nous avons mise à profit pour aller au Centre d'interprétation de la nature du lac Boivin

La thélyptère des marais: une fougère aussi hydrophile que l'onoclée sensible 

L'endroit est agréable pour se promener en famille, nourrir les écureuils roux, les tamias rayés et les mésanges à tête noire. C'est un plaisir qu'il ne faut pas bouder, surtout si on a des enfants, et cela se sait. D'ailleurs, s'il n'y avait ce trottoir de bois qui longe la rive marécageuse de la rivière Yamaska et qui donne accès à la flore et à la faune aquatique, je ne sais pas si j'y viendrai chaque année. Il y a beaucoup trop d'humains et le carcajou en moi fuit le contact avec cette espèce. En tout cas, c'est ce que prétend ma blonde après que je lui ai lu, un soir de camping autour du feu, le chapitre qu'a consacré Serge Bouchard à cet animal dans son bestiaire, un livre dont je recommande vivement la lecture.  

Un grand pic juvénile (plumes brunes et mohawk incomplètement rouge) 
Cinquante pas auparavant, je me plaignais de ne pas avoir vu de troglodyte des marais depuis longtemps.

Bref, si la journée était belle, elle sonnait quand même comme un été qui s'achève ou un automne qui n'ose pas encore afficher ses couleurs. À l'exception des galanes et de quelques asters, tout était défleuri et les canards semblaient avoir déserté les lieux. Ils n'étaient pourtant pas dépourvus de vie, comme nous avons pu le découvrir une fois nos sens ajustés au diapason de la nature. J'ai même pu revoir ce martin-pêcheur qui m'accompagne si bien dans mes sorties que j'en ai fait mon animal-totem. 

Un lapin à queue blanche qui nous a fait longtemps hésiter pour un lièvre d'Amérique

Et de 142

J'étais en train de faire un petit nettoyage d'automne au jardin quand je suis tombé sur un nouvel habitant. Il s'agit de la cent quarante-deuxième espèce photographiée et répertoriée dans iNaturalist jusqu'à présent. Il y en a, bien sûr, beaucoup plus, mais toutes ne sont pas encore photographiées.

Cette fois-ci, c'est un champignon de un à trois centimètres de diamètre qui ressemble à une fleur et projette un nuage de spores brunes quand on appuie dessus. Son nom est le Géastre en sac (Geastrum saccatum)


Tout ce qu'il reste

Les colibris qui avaient élu domicile dans le jardin sont partis; le mâle d'abord, la femelle et les jeunes quelques jours après. Il ne nous reste que cette photo prise un jour de pluie pour attendre leur retour l'année prochaine, au début de mai. 

La mangeoire va encore rester en place quelque temps pour ceux qui sont partis de plus haut, au nord, mais le décor commence inéluctablement à changer.

Pour allumer la gorge d'un colibri, tout est question d'incidence de la lumière et c'est un art que l'oiseau maitrise parfaitement. 

Le prunier noir

Le 7 mai 2024

Ce printemps, j'ai eu le plaisir de trouver un prunier noir (Prunus nigra) en me promenant dans le boisé du Tremblay. Seul prunier indigène au Québec, il n'est pas rare, mais n'est pas non plus très abondant. On le trouve autour des Grands Lacs, jusqu'au sud du Manitoba vers l'ouest et jusqu'à la côte atlantique vers l'est.

Comme je voulais goûter à ces prunes, je l'ai visité régulièrement. Ce fut long, très long, mais ça en valait la peine. Le fruit de couleur orange, presque rouge, est juteux et sucré à condition de le cueillir bien mûr.   

Le 11 août 2024 et pas encore assez mûre

Fini les vacances

Je m'aperçois que je n'ai rien écrit depuis le mois de juin. C'est probablement une conséquence des grandes vacances dont j'ai profité, entre autres, pour rénover, approfondir mes connaissances des fougères, découvrir la Nouvelle-Écosse et accumuler du matériel photo pour alimenter ce blog.

Mais le temps passe et, hier, deux signes m'ont été envoyés pour me rappeler que la rentrée et l'automne étaient arrivés : (1) les colchiques commencent à fleurir et (2) j'ai attrapé une souris dans la maison. 

S'il y a une chose sur laquelle on peut se fier pour annoncer l'automne, ce sont bien les souris ; aussi fiables que les fourmis pour le printemps. Malheureusement, elles ne survivent pas à leur présage. Attirées par les raisins de la vigne vierge qui grimpe le long des murs, je suppose qu'elles apprécient la chaleur qui se dégage des briques et se disent qu'il serait bon de passer l'hiver en dedans. Comme les souris sont d'excellentes grimpeuses, elles finissent toujours par trouver un chemin pour s'introduire. Avant, nous avions des chats qui se chargeaient de réguler la population, mais ils ont fait disparaitre les tamias. Maintenant, c'est moi qui me charge de rétablir l'ordre : quelques pièges à des endroits stratégiques à l'extérieur que je pose le soir et désamorce le matin jusqu'à ce que je n'en attrape plus. Ça dure environ un mois et le problème est réglé jusqu'à l'année suivante.   

Stoolée par ses stolons

En se promenant dans les bois nord-américains, entre mai et juin pour le Québec, on peut tomber sur le spectacle étrange et éphémère de ces groupes de filaments blanchâtres de plusieurs centimètres faisant des boucles à la surface du sol. 

Autant dire tout de suite que ce ne sont pas des racines et qu'il est inutile de tirer dessus pour éclaircir le mystère de leur origine ; la plupart sont solidement ancrés dans l'humus. Toutefois, en y regardant de plus près, il est possible de trouver une des extrémités renflées du filament avant qu'elle ne s'enfouisse.

Sur cette photo, on peut deviner les renflements ovoïdes à l'extrémité inférieure des deux filaments de gauche et celui à l'extrémité supérieure du filament central.

Pour identifier la plante responsable de ces structures, il faut chercher ses feuilles autour. S'il en reste, vous reconnaitrez facilement leurs marbrures brunâtres caractéristiques. Si vous passez trop tard, elles auront disparu, car la plante fleurit tôt et fane avant la fin du printemps. Dans ce cas, sachez que ces filaments sont la méthode non sexuée utilisée par l'érythrone d'Amérique pour se reproduire. Ces organes, considérés comme des stolons(*), sont émis en nombre variable par le bulbe d'une plante immature et infertile. Dépourvus de géotropisme et donc incapables de s'orienter selon la gravité, ils croissent dans toutes les directions. Certains atteignent la surface puis se réenfouissent. Lorsque la croissance des stolons s'achève, un bulbe se forme à leur extrémité. Remarquez, c'est peut-être le contraire qui se produit, le développement du bulbe stoppe la croissance du stolon. Toujours est-il que le printemps suivant, ces nouveaux bulbes produiront une feuille unique à quelques centimètres de la plante mère.

(*) Un drageon est une tige se développant à partir d'un bourgeon souterrain, ou turion, qui s'est formé sur une racine. Un stolon est une tige aérienne, rampante ou suspendue, se développant à partir du bourgeon située à la base d'une tige. Dans les deux cas, ces tiges vont s'enraciner et donner naissance à une nouvelle plante qui aura un bagage génétique identique à la plante mère; un clone en d'autres termes.

Cette multiplication végétative, par opposition à la reproduction sexuée utilisant les fleurs, explique pourquoi l'érythrone peut rapidement former de grandes colonies. En effet, chaque printemps, pendant les quatre à cinq ans nécessaires pour atteindre sa maturité sexuelle et commencer à faire ses fleurs, le jeune bulbe va émettre des stolons qui à leur tour produiront de nouveaux bulbes, et ainsi de suite. 

Cette façon de faire explique également pourquoi, dans une colonie d'érythrone, on peut trouver beaucoup plus de plantes immatures à une feuille et sans fleur que de plantes matures à fleurs et à deux feuilles.

Pour connaître les détails: