L'hiver a du mal à s'imposer, mais il est bien là. Les signes ne trompent pas: la nuit prend toute la place, le jour n'ose plus la contredire, même les arbres ont compris depuis longtemps qu'il n'était plus la peine de faire de l'ombre. Toute vie s'étant enfuie ou se cachant, il est temps pour moi de reprendre mes activités de chasseur de fantômes.
Contrairement à ce que l'on raconte, les fantômes ne sont pas tous des créatures de la nuit qui disparaissent le jour venu. Non, non, il ya aussi des fantômes de jour, se mouvant furtivement autour de nous. Simplement, nous ne les voyons pas. En revanche, eux nous observent et si, d'aventure, nous faisons mine de les frôler, ils prennent la poudre d'escampette, car ils nous craignent plus que nous les craignons.
On dit aussi que pour éloigner ces créatures et éviter qu'elles viennent hanter nos maisons, il suffit de répandre du sel devant les portes et les fenêtres. Quelle erreur ! Au mieux, cette substance les laisse complétement indifférentes. Au pire, elle risque de les attirer, car certaines s'en délectent.
Au lieu du sel qui risque de disparaitre à la première ondée, tout chasseur de fantôme qui se respecte préfère utiliser du plâtre (en tout cas, ceux de la vieille école), de l'alginate de sodium (plus "high-tech") ou éventuellement de la farine (quand on est vraiment mal pris). Personnellement, en tant qu'adepte du "low-tech" et de l'éphémère, je trouve que la neige fraîche est économique et fait très bien l'affaire.
Comme je le disais plus haut, l'utilité des ces poudres n'est pas d'éloigner le fantôme, mais plutôt de matérialiser son passsage. Une fois rendu visible, il ne reste plus qu'à nommer la créature pour qu'elle s'incarne. C'est ce que certains appellent la puissance du verbe.
Pour ceux qui seraient intéressés à rejoindre la guilde des chasseurs de fantômes, j'ajouterais que le seul risque de cette activité est de renouer avec notre milieu naturel, un milieu qui, paradoxalement, nous est de plus en plus étranger. C'est aussi une activité à la portée de tous et à laquelle on peut facilement s'initier en consultant les grimoires que se transmettent les chasseurs de fantômes depuis l'aube des temps. Au Québec, le dernier en date est le Guide d'identification des Traces d'animaux du Québec, de Mark Elbroch, publié en 2008 aux éditions Broquet.
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