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Résupination

Ça y est. Comme chaque année à cette époque, mon orchidée se résupine; c'est-à-dire qu'au fur et à mesure que ses fleurs s'épanouissent, elles tournent sur elles-mêmes d'environ 180 degrés. Dans la photo ci-contre (cliquer pour l'agrandir), les deux fleurs du bas de l'épi ont achevé leur rotation tandis que celle du haut qui s'est ouverte plus tard en a accompli cinquante pour cent. 

La résupination n'est pas propre aux orchidées, mais elle est caractéristique de cette famille de plantes. La rotation s'effectue au niveau du pistil, l'organe sexuel femelle de la fleur qui sert aussi de lien avec la tige florale.

Hé oui, c'est une autre particularité des orchidées. Le pédoncule vert de la fleur d'orchidée n'en est pas un; c'est le futur fruit. Vrillé pour placer la fleur épanouie dans une position avantageuse pour les pollinisateurs, soit le pétale extravagant (ou label en botanique) vers le bas, il revient à sa position initiale une fois la fécondation faite. 

Pendant que j'y suis... Si, dans vos conversations de Noël, votre belle-mère se met à vanter les extraordinaires grappes de fleurs de son orchidée, vous pourrez toujours lui dire qu'elle se trompe, parce que pour faire des grappes, les fleurs puis les fruits doivent avoir des pédoncules, comme les raisins. S'ils ou elles n'en ont pas, le terme botanique approprié pour décrire l'ensemble des fleurs est l'épi.

Résupinée
En pleine résupination
Pas un pédoncule, mais un pistil

Stoolée par ses stolons

En se promenant dans les bois nord-américains, entre mai et juin pour le Québec, on peut tomber sur le spectacle étrange et éphémère de ces groupes de filaments blanchâtres de plusieurs centimètres faisant des boucles à la surface du sol. 

Autant dire tout de suite que ce ne sont pas des racines et qu'il est inutile de tirer dessus pour éclaircir le mystère de leur origine ; la plupart sont solidement ancrés dans l'humus. Toutefois, en y regardant de plus près, il est possible de trouver une des extrémités renflées du filament avant qu'elle ne s'enfouisse.

Sur cette photo, on peut deviner les renflements ovoïdes à l'extrémité inférieure des deux filaments de gauche et celui à l'extrémité supérieure du filament central.

Pour identifier la plante responsable de ces structures, il faut chercher ses feuilles autour. S'il en reste, vous reconnaitrez facilement leurs marbrures brunâtres caractéristiques. Si vous passez trop tard, elles auront disparu, car la plante fleurit tôt et fane avant la fin du printemps. Dans ce cas, sachez que ces filaments sont la méthode non sexuée utilisée par l'érythrone d'Amérique pour se reproduire. Ces organes, considérés comme des stolons(*), sont émis en nombre variable par le bulbe d'une plante immature et infertile. Dépourvus de géotropisme et donc incapables de s'orienter selon la gravité, ils croissent dans toutes les directions. Certains atteignent la surface puis se réenfouissent. Lorsque la croissance des stolons s'achève, un bulbe se forme à leur extrémité. Remarquez, c'est peut-être le contraire qui se produit, le développement du bulbe stoppe la croissance du stolon. Toujours est-il que le printemps suivant, ces nouveaux bulbes produiront une feuille unique à quelques centimètres de la plante mère.

(*) Un drageon est une tige se développant à partir d'un bourgeon souterrain, ou turion, qui s'est formé sur une racine. Un stolon est une tige aérienne, rampante ou suspendue, se développant à partir du bourgeon située à la base d'une tige. Dans les deux cas, ces tiges vont s'enraciner et donner naissance à une nouvelle plante qui aura un bagage génétique identique à la plante mère; un clone en d'autres termes.

Cette multiplication végétative, par opposition à la reproduction sexuée utilisant les fleurs, explique pourquoi l'érythrone peut rapidement former de grandes colonies. En effet, chaque printemps, pendant les quatre à cinq ans nécessaires pour atteindre sa maturité sexuelle et commencer à faire ses fleurs, le jeune bulbe va émettre des stolons qui à leur tour produiront de nouveaux bulbes, et ainsi de suite. 

Cette façon de faire explique également pourquoi, dans une colonie d'érythrone, on peut trouver beaucoup plus de plantes immatures à une feuille et sans fleur que de plantes matures à fleurs et à deux feuilles.

Pour connaître les détails:

Fruit ou légume ?

Les fruits sont des organes caractéristiques des plantes à fleurs (les angiospermes). Les mousses et les fougères n'en produisent pas; elles ne font même pas de graines (c'est dire comme elles sont peu évoluées). Quant aux conifères (les gymnospermes), ils font bien des graines, mais elles sont nues, sans fruit pour les protéger ou les disséminer.

Si l'on ne se fiait qu'à l'usage que l'on en fait, un fruit pourrait se définir comme un produit végétal comestible, souvent charnu et plus ou moins juteux, qui se distingue du légume par son goût sucré et par la place qu'il occupe dans notre alimentation. Ainsi, le concombre et la courge sont des légumes tandis que la pomme et la pêche sont des fruits. Quant aux noix, aux noisettes et autres produits comestibles et cassants, ce sont des fruits secs ... [ Lire la suite]