La possibilité d'approcher d'une colonnie de 60000 oiseaux marins est une expérience que nous ne pouvions laisser passer et nous avons donc pris la route pour le sanctuaire du cap St. Mary's à la pointe sud-ouest de la péninsule d'Avalon. Cela a aussi été l'occasion de faire plus ample connaissance avec le paysage terre-neuvien, un paysage de tourbières où les arbres se font de plus en plus rares à mesure que l'on approche de la côte battue par les vents.
Fous de Bassan, mouettes tridactyles, petits pingouins, guillemots marmettes, à miroir et de Brünnich, les oiseaux étaient au rendez-vous. On les voit d'abord voler au loin, puis on les entend et on finit par les sentir. Pendant de longues minutes, nous sommes restés là au bord de la falaise à les regarder se moquer du vide.
Quand finalement nous avons réussi à nous arracher au spectacle pour prendre le chemin du retour, un renard roux nous attendait pour nous faire son numéro du bain de soleil, histoire de nous retenir un peu plus au cap.
Le Cap Spear doit sa célébrité au fait qu'il est le point le plus à l'est de l'Amérique du Nord. Moi, je me souviendrais surtout de ces tapis de canneberge en fleurs et de mon premier cornouiller de Suède, qui regardait le genévrier rampé à son pied. Chacun son truc.
Signal Hill est un promontoire rocheux à l'entrée du port de Saint-John's. C'est aussi l'une des principales attractions touristiques de la ville puisque c'est de là que fut reçu le premier signal transatlantique sans fil en 1901. Des sentiers en partent et permettent de rejoindre la ville à flanc de falaise, une occasion pour les naturalistes d'observer une colonie de mouettes tridactyles et quelques pygargues à tête blanche faisant le guêt.
Vue d'avion, il est difficile de dire ce qui l'emporte à Terre-Neuve, l'eau ou la terre et la première image qui m'est venue à l'esprit en regardant par le hublot est celle d'une dentelle maillée d'étangs ou de lacs.
Notre première étape est à Saint-John, la capitale. Nous sommes à 4 minutes de l'aéroport international, à encore moins du centre-ville et déjà dans la nature, au bord de l'un de ces innombrables "ponds" que l'on voyait d'en haut. Le paysage est nordique, à n'en pas en douter: éricacées, épinettes et notre premier oiseau est un bec-croisé des sapins.
En véritable paparazzi de la nature, j'ai réussi à surprendre le couple royal en plein ébat. Ils sont restés ainsi dans le jardin une bonne partie de l'après-midi, puis nous les avons perdus de vue. Maintenant, il va falloir que j'inspecte le revers des feuilles d'asclépiade à la recherche de l’œuf princier.
Eutrochium purpureum (Astéracées) est aussi appelée Herbe à la gravelle ou Herbe à la trompette.
L’eupatoire perfoliée est une grande plante vivace du nord-est de l’Amérique du Nord. Elle préfère les terrains partiellement ombragés et les sols humides, mais peut se contenter de sols secs exposés au soleil.
On utilise la racine, qui est antirhumatismale, diurétique et litholytique.
Parmi les principes actifs de l’eupatoire pourtpre, on trouve :
L’euparine
L’eupatorine, un flavonoïde auquel on attribue l’effet diurétique.
Contre les affections de l’appareil urinaire (lithiase urinaire, cystite, urétrite, prostatite), les rhumatismes, la goutte et la lithiase biliaire.
Décoction de 2 à 4 g dans 150 ml d’eau, 3 fois par jour.
Extrait liquide (1:1 dans l’éthanol à 25 %) à raison de 2 à 4 ml, 3 fois par jour.
Teinture (1:5 dans l’éthanol à 40 %) à raison de 1 à 2 ml, 3 fois par jour
En l’absence de données toxicologiques, les femmes enceintes et celles qui allaitent devraient s’abstenir de l’utiliser. Par ailleurs, les parties aériennes de la plante contiendraient de l’échinatine, un alcaloïde pyrrolizidinique toxique pour le foie.
L'adirondack rouge est un instrument de mesure fiable qui permet au chercheur d'évaluer les différentes variables de son expérience
Comme l'inventeur de la brosse a dent à deux faces qui nettoie aussi la langue (mais oui), j'ai moi aussi consacré des années de ma vie à la recherche, celle d'un substitut à ces herbes que certains appellent gazon, et je vous livre aujourd'hui en grande première les résultats préliminaires de mon étude.
Fini les engrais, les pesticides, le gaspillage d'eau, les sacs de semences et de compost. Terminé le bruit de moteur, l'odeur de gaz d'échappement, l'essence, les émissions de carbone et d'autres gaz à effet de serre des tondeuses. Vade retro les aérateurs de sol, les rouleaux, les râteaux à gazon, les épandeurs d'engrais, les gicleurs, les arraches-pissenlits et autres gadgets aussi inutiles que dispendieux. Je vous présente l'herbe-aux-écus (Lysimachia nummularia), une rampante qui nous vient d'Europe. Elle ne dépasse pas 5 centimètres de hauteur, se propage rapidement, supporte l'ombre et le plein soleil, passe l'hiver beaucoup mieux que moi, finit par étouffer toutes les "mauvaises herbes" et ne demande aucun autre entretien que de l'arracher quand elle dépasse les bornes. Elle résiste même à la débroussailleuse de mon voisin qui réduit systématiquement à néant tous mes efforts pour remplacer les adventices qui colonisent la haie par autre chose que du paillis rouge. Et en plus, elle se constelle de magnifiques fleurs jaunes au mois de juillet, qui pourraient faire envie à tous les arracheurs de pissenlit des alentours.
Bon, je dois quand même avouer que tous les problèmes ne sont pas résolus. Mais la brosse à langue n'a-t-elle pas, elle aussi, ses limites ? Il reste en effet une toute petite question à régler, celle du piétinement. On est encore loin du jour où les footballeurs, qui sont aussi de grands romantiques, refuseront d'investir la surface de jeu sous prétexte qu'elle est en fleur.
Entre deux gros orages, nous nous sommes glissés jusque dans le boisé du Tremblay, juste pour ramener quelques témoignages de sa biodiversité. Il faisait chaud et humide, et malgré tout, nous n'avons pas vu l'ombre d'un moustique; étrange.
Grande famille que celle des rosacées. Avec plus de 3000 espèces, il y en a forcément pour tous les goûts.
Les poètes préfèrent la rose, qui ce matin avait déclose. Les gourmands ont l'embarras du choix: abricot, amande, amélanche, cerise, coing, fraise, framboise, mûre, nèfle, pêche, plaquebière, poire, pomme ou prune.
De la rampante à l'arbre, il y en a à tous les étages et dans tous les quartiers, du jardin royal au terrain vague. Il y en a même qui soignent, comme l'aubépine réputée contre l'insuffisance cardiaque légère, l'ansérine, la tormentille, la sanguisorbe qui arrête les hémorragies (tout est dans le nom), sans oublier la reine-des-prés, de laquelle on a extrait l'aspirine quand le saule ne suffisait pas.
Potentille ansérine: une rose des terrains vagues, qui soigne
Une crécerelle d'Amérique est venue se percher dans le jardin. Ce petit rapace diurne, à peine plus gros qu'un merle, aime les espaces ouverts. Jusque dans les années 70, il régnait en maître dans les campagnes québécoises où il était fréquent d'observer le vol stationnaire de la crécerelle en chasse. Aujourd'hui, les doigts d'une seule main suffisent à compter mes observations de la crécerelle au cours d'une année. Une autre victime de l'agriculture industrielle.
Du sommet du mont Saint Hilaire, on aperçoit le centre-ville de Montréal adossé au Mont-Royal et, entre les deux, le mont Saint-Bruno.
À une trentaine de kilomètres de Montréal à vol d'oiseau, le mont Saint-Hilaire est une de ces collines montérégiennes qui émergent de la vallée du Saint-Laurent. Le lieu est en grande partie protégé par un statut de réserve naturelle en milieu privé et sa valeur écologique lui a valu le titre de réserve de la biosphère par l'UNESCO. C'est aussi un endroit très tendance pour aller faire son jogging, moyennant les 8 $ du droit d'entrée.
Aussi, choisir de monter au sommet un samedi est une mauvaise idée si vous êtes plus intéressés par l'observation de la nature que par les conversations rarement feutrées des promeneurs.
Heureusement, la réserve est grande et en nous enfonçant dans la forêt par les sentiers les moins fréquentés, nous sommes finalement arrivés dans le domaine de la fée des bois. Un brin facétieuse, elle s'est mise à imiter le "tchic urrr" d'un piranga écarlate, sachant que nous ne résisterions pas à l'envie de le voir. En nous approchant et en relevant la tête pour essayer de trouver l'oiseau, notre regard a croisé un nid de guêpes qui s'est révélé être une chouette rayée. Plus loin, nous avons trouvé le prince charmant, que ma blonde a refusé d'embrasser, et une coiffe abandonnée par un lutin.
Vraiment, le lieu n'a rien perdu de sa magie.
Les fabacées, que l'on appelle des légumineuses quand elles nous donnent leurs graines à manger, sont en fleurs dans le boisé. À part celles des photos, il y avait aussi du trèfle blanc (ou rampant) et du trèfle rouge (ou des prés). Ce dernier, comme plusieurs autres fabacées, contient beaucoup de phytoestrogènes qui soulagent, dit-on, les symptômes de la ménopause.
Une histoire court dans le monde scientifique racontant que ces molécules très ressemblantes aux œstrogènes des animaux, bien qu'elles n'aient pas la même origine biochimique, auraient été inventées par les plantes fourragères pour limiter la natalité de leurs prédateurs, les herbivores. Pourquoi pas ? L'hypothèse est satisfaisante pour l'esprit, mais elle reste ce qu'elle est.
Trèfle hybride
Mélilot blanc
Mélilot jaune ou officinal: celui-là est sédatif et tonique pour les parois veineuses.
De passage à Amsterdam (Pays-Bas) en provenance de Montréal (Canada), ma première grande surprise en déambulant dans les rues a été de constater que les Amstellodamiens avaient réussi ce que les Montréalais ont décrété être impossible, soit la cohabitation des modes de transport sur un même axe de circulation. À Montréal, ville nord-américaine tracée au cordeau dans un espace à conquérir et avec une densité de population partant de rien pour arriver à 4517 habitants par kilomètre carré, il semble impossible de faire cohabiter les piétons, les cyclistes, les automobiles et les autobus. Ici, la loi des colons, celle du plus fort, dicte encore les comportements. Ceux qui ont le plus à en souffrir sont bien sûr les piétons, tout en bas de la chaîne alimentaire.
À Amsterdam, une ville européenne, tissée serrée et courbée par l'histoire, avec une densité de population de 4908 hab/km2, j'ai vu dans un espace qui ferait souffrir un canadien de claustrophobie, circuler des péniches, des autobus, des tramways, des automobiles, des vélos (beaucoup de vélos) et des piétons.
Pourquoi, me direz-vous, évoquer les problèmes de cohabitation de véhicules dans un blog consacré à la nature ? J'y viens.
Hier soir, je marchais dans le boisé du Tremblay et j'ai pu observer plusieurs couleuvres rayées enroulées sur elles-mêmes au milieu du chemin pour profiter des derniers rayons de soleil. Respectueux de leur tranquillité, je faisais un détour en me disant que leur présence était une autre bonne raison d'interdire les vélos, malgré le mécontentement que cela crée chez les cyclistes.
Moi aussi pourtant, j'ai cru dans ce projet de la ville de Longueuil qui consistait à ouvrir un sentier multifonctionnel dans le boisé du Tremblay dans le but d'officialiser sa protection en attendant de lui obtenir un statut de refuge faunique. Faire profiter du lieu au plus grand nombre possible en laissant se côtoyer, promeneurs, y compris de chien, joggeurs et cyclistes était une intention louable. Comme d'habitude quand il s'agit d'humanité, j'ai rapidement déchanté. C'était sans compter avec cet individualisme du citoyen moyen dont la vie est régie par un principe simple, immédiatement énoncé en cas de contestation: "j'ai le droit de le faire, alors je le fais". Un droit qui, exercé sans autocritique, ni sens de la responsabilité, tombe trop facilement dans l'excès et devient rapidement incompatible avec une vie en société. Pour rétablir un semblant d'équilibre, on a alors recours aux interdictions, une solution bien pratique et économique qui n'a de valeur à long terme que celle de pérenniser l'absence de savoir-vivre ensemble.