Un 21 juillet au jardin botanique de St. John's

Impossible d'aller dans une ville sans visiter le jardin botanique et il aurait été dommage de déroger à la règle à St. John's. Dans sa partie aménagée, c'est un jardin à l'anglaise et touffu. Tout y a l'air naturel, mais rien ne l'est. Bravo aux jardinières qui l'entretiennent (et si, dans le doute, le féminin l'emportait pour une fois). Dans sa partie sauvage, le sentier qui serpente à travers une pessière et un marais est une excellente occasion de se familiariser avec la flore de ces biotopes.

Sarracénie pourpre
Linnée boréale et cornouiller du Canada
Balai de sorcière: la croissance anarchique d'une partie de l'arbre est provoquée par un parasite (bactérie, champignon, virus ou plante)
Smilacine trifoliée
Cypripède acaule: une orchidée bien de chez nous.
Canard noir

Un 20 juillet à Mistaken Point (Terre-Neuve)

Mistaken Point

Marcher au fond de l'océan Iapetus au milieu de quelques uns des plus anciens organismes pluricellulaires connus était un de mes objectifs en venant à Terre-Neuve. J'ai pourtant bien failli ne pas le réaliser, ignorant que l'accès à ce site était sévèrement contingenté et ne pouvait se faire qu' avec la supervision d'un guide de Parc Canada.

Aussitôt après l'avoir réalisé, j'ai pris contact avec le centre d'interprétation du lieu, sans trop d'espoir car nos jours dans l'est de l'île sont comptés. Le lendemain, on me répondait que les deux uniques places restantes étaient pour le jour suivant; une chance à ne pas laisser passer. Et c'est ainsi que nous avons pris la route pour la pointe sud-est de Terre-Neuve.
On nous avait fixé rendez-vous à 12:00, pour partir sur le site à 13:00 heures par une route de gravelle poussiéreuse. Trente minutes plus tard, nous laissons la voiture pour entamer une marche de 3 kilomètres jusqu'au gisement de fossiles. Arrivés sur les lieux, on nous demande de poser nos chaussures et d'enfiler une paire de bas pour pouvoir marcher sur la strate qui contient les empreintes sans les abîmer. La strate en question est une couche de sédiment grisâtre qui fait saillie au milieu de la falaise avec une inclinaison d'environ 35°.

En route vers Mistaken Point
En marche pour Mistaken Point

Ce qui rend Mistaken Point aussi intéressant, c'est d'abord l'âge des fossiles, qui ont entre 580 et 560 millions d'années. Cette période appelée l'Édiacarien correspond à la dernière période du précambrien pour laquelle les seuls autres fossiles connus, ou presque, sont en Australie. 

Cette surface de sédiments ondulée par la circulation de l'eau au fond de l'océan Iapetus était remplie de vie, il y a 560 millions d'années.

Si ces fossiles sont si rares, c'est parce que la fossilisation est un processus lent qui ne peut se produire qu'avec les organismes ou les parties d'organisme échappant à la décomposition. Généralement, les fossiles sont des squelettes internes, des coquilles ou des carapaces; les tissus mous s'étant décomposés. Or, dans le cas de Mistaken Point, les fossiles retrouvés sont ceux d'organismes dépourvus de squelettes.

La raison pour laquelle ils nous sont parvenus est la même que pour les corps humains retrouvés à  Pompei; ils ont été pris au piège d'une couche de cendres projetées par une violente éruption volcanique. Cette activité volcanique s'est produite dans l'océan Iapétus qui séparait le continent Laurentia du continent Gondwana,

Le dernier intérêt, et il n'est pas le moindre, est que cette éruption a permis d'obtenir la représentation exacte d'un écosystème marin complet, des milliers d'individus appartenant à une quarantaine d'espèces différentes .

Un 19 juillet à la réserve écologique de cap St. Mary's

La possibilité d'approcher d'une colonnie de 60000 oiseaux marins est une expérience que nous ne pouvions laisser passer et nous avons donc pris la route pour le sanctuaire du cap St. Mary's à la pointe sud-ouest de la péninsule d'Avalon. Cela a aussi été l'occasion de faire plus ample connaissance avec le paysage terre-neuvien, un paysage de tourbières où les arbres se font de plus en plus rares à mesure que l'on approche de la côte battue par les vents.

Fous de Bassan, mouettes tridactyles, petits pingouins, guillemots marmettes, à miroir et de Brünnich, les oiseaux étaient au rendez-vous. On les voit d'abord voler au loin, puis on les entend et on finit par les sentir. Pendant de longues minutes, nous sommes restés là au bord de la falaise à les regarder se moquer du vide. 

Quand finalement nous avons réussi à nous arracher au spectacle pour prendre le chemin du retour, un renard roux nous attendait pour nous faire son numéro du bain de soleil, histoire de nous retenir un peu plus au cap.

Un 18 juillet au Cap Spear

Le Cap Spear doit sa célébrité au fait qu'il est le point le plus à l'est de l'Amérique du Nord. Moi, je me souviendrais surtout de ces tapis de canneberge en fleurs et de mon premier cornouiller de Suède, qui regardait le genévrier rampé à son pied. Chacun son truc.

Camarine pas encore noire
Genévrier rampant et Cornouiller de Suède
Cornouiller de Suède
Airelle canneberge
Maïanthème du Canada

Un 17 juillet au pied de Signal Hill

Signal Hill à droite et Saint-John's à gauche

Signal Hill est un promontoire rocheux à l'entrée du port de Saint-John's. C'est aussi l'une des principales attractions touristiques de la ville puisque c'est de là que fut reçu le premier signal transatlantique sans fil en 1901. Des sentiers en partent et permettent de rejoindre la ville à flanc de falaise, une occasion pour les naturalistes d'observer une colonie de mouettes tridactyles et quelques pygargues à tête blanche faisant le guêt.

Pygargue à tête blanche
Potentille tridentée

Un 16 juillet à Saint-John's (Terre-Neuve)

Oxen pond

Vue d'avion, il est difficile de dire ce qui l'emporte à Terre-Neuve, l'eau ou la terre et la première image qui m'est venue à  l'esprit en regardant par le hublot est celle d'une dentelle maillée d'étangs ou de lacs. 
Notre première étape est à Saint-John, la capitale. Nous sommes à 4 minutes de l'aéroport international, à encore moins du centre-ville et déjà dans la nature, au bord de l'un de ces innombrables "ponds" que l'on voyait d'en haut. Le paysage est nordique, à n'en pas en douter: éricacées, épinettes et notre premier oiseau est un bec-croisé des sapins.

Kalmia à feuilles étroites
Thé du Labrador
Aronie à feuilles de prunier

Vie de Monarque


En véritable paparazzi de la nature, j'ai réussi à surprendre le couple royal en plein ébat. Ils sont restés ainsi dans le jardin une bonne partie de l'après-midi, puis nous les avons perdus de vue. Maintenant, il va falloir que j'inspecte le revers des feuilles d'asclépiade à la recherche de l’œuf princier.

Eupatoire pourpre

Photo de Kurt Stüber [1] [CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons
Eutrochium purpureum (Astéracées) est aussi appelée Herbe à la gravelle ou Herbe à la trompette.
L’eupatoire perfoliée est une grande plante vivace du nord-est de l’Amérique du Nord. Elle préfère les terrains partiellement ombragés et les sols humides, mais peut se contenter de sols secs exposés au soleil.
On utilise la racine, qui est antirhumatismale, diurétique et litholytique.
Parmi les principes actifs de l’eupatoire pourtpre, on trouve :
  • L’euparine
  • L’eupatorine, un flavonoïde auquel on attribue l’effet diurétique.
Contre les affections de l’appareil urinaire (lithiase urinaire, cystite, urétrite, prostatite), les rhumatismes, la goutte et la lithiase biliaire.
  • Décoction de 2 à 4 g dans 150 ml d’eau, 3 fois par jour.
  • Extrait liquide (1:1 dans l’éthanol à 25 %) à raison de 2 à 4 ml, 3 fois par jour.
  • Teinture (1:5 dans l’éthanol à 40 %) à raison de 1 à 2 ml, 3 fois par jour
En l’absence de données toxicologiques, les femmes enceintes et celles qui allaitent devraient s’abstenir de l’utiliser. Par ailleurs, les parties aériennes de la plante contiendraient de l’échinatine, un alcaloïde pyrrolizidinique toxique pour le foie.

Eurêka

L'adirondack rouge est un instrument de mesure fiable qui permet au chercheur d'évaluer les différentes variables de son expérience

Comme l'inventeur de la brosse a dent à deux faces qui nettoie aussi la langue (mais oui), j'ai moi aussi consacré des années de ma vie à la recherche, celle d'un substitut à ces herbes que certains appellent gazon, et je vous livre aujourd'hui en grande première les résultats préliminaires de mon étude.

Fini les engrais, les pesticides, le gaspillage d'eau, les sacs de semences et de compost. Terminé le bruit de moteur, l'odeur de gaz d'échappement, l'essence, les émissions de carbone et d'autres gaz à effet de serre des tondeuses. Vade retro les aérateurs de sol, les rouleaux, les râteaux à gazon, les épandeurs d'engrais, les gicleurs, les arraches-pissenlits et autres gadgets aussi inutiles que dispendieux. Je vous présente l'herbe-aux-écus (Lysimachia nummularia), une rampante qui nous vient d'Europe. Elle ne dépasse pas 5 centimètres de hauteur, se propage rapidement, supporte l'ombre et le plein soleil, passe l'hiver beaucoup mieux que moi, finit par étouffer toutes les "mauvaises herbes" et ne demande aucun autre entretien que de l'arracher quand elle dépasse les bornes. Elle résiste même à la débroussailleuse de mon voisin qui réduit systématiquement à néant tous mes efforts pour remplacer les adventices qui colonisent la haie par autre chose que du paillis rouge. Et en plus, elle se constelle de magnifiques fleurs jaunes au mois de juillet, qui pourraient faire envie à tous les arracheurs de pissenlit des alentours.

Bon, je dois quand même avouer que tous les problèmes ne sont pas résolus. Mais la brosse à langue n'a-t-elle pas, elle aussi, ses limites ? Il reste en effet une toute petite question à régler, celle du piétinement. On est encore loin du jour où les footballeurs, qui sont aussi de grands romantiques, refuseront d'investir la surface de jeu sous prétexte qu'elle est en fleur.

Un 6 juillet dans le boisé du Tremblay


Spirée à larges feuilles
Panais cultivé ou sauvage. Peu importe, c'est le même.
Sureau du Canada
Lysimaque terrestre

Un barbecue étoilé

La housse du barbecue a reçu la visite de la chenille à houppes jaunes, qui est la larve de l'Étoilée, un papillon sans beaucoup d'éclat.

Un 30 juin dans le boisé du Tremblay

Entre deux gros orages, nous nous sommes glissés jusque dans le boisé du Tremblay, juste pour ramener quelques témoignages de sa biodiversité. Il faisait chaud et humide, et malgré tout, nous n'avons pas vu l'ombre d'un moustique; étrange.  

Liseron des champs
Ronce odorante
Lotier corniculé... et légèrement narcotique
Valériane officinale...et sédative

Roses à gogo

Potentille droite

Grande famille que celle des rosacées. Avec plus de 3000 espèces, il y en a forcément pour tous les goûts.
Les poètes préfèrent la rose, qui ce matin avait déclose. Les gourmands ont l'embarras du choix: abricot, amande, amélanche, cerise, coing, fraise, framboise, mûre, nèfle, pêche, plaquebière, poire, pomme ou prune.
De la rampante à l'arbre, il y en a à tous les étages et dans tous les quartiers, du  jardin royal au terrain vague. Il y en a même qui soignent, comme l'aubépine réputée contre l'insuffisance cardiaque légère, l'ansérine, la tormentille, la sanguisorbe qui arrête les hémorragies (tout est dans le nom), sans oublier la reine-des-prés, de laquelle on a extrait l'aspirine quand le saule ne suffisait pas.

Potentille ansérine: une rose des terrains vagues, qui soigne

Un 23 juin à Longueuil

Une crécerelle d'Amérique est venue se percher dans le jardin. Ce petit rapace diurne, à peine plus gros qu'un merle, aime les espaces ouverts. Jusque dans les années 70, il régnait en maître dans les campagnes québécoises où il était fréquent d'observer le vol stationnaire de la crécerelle en chasse. Aujourd'hui, les doigts d'une seule main suffisent à compter mes observations de la crécerelle au cours d'une année. Une autre victime de l'agriculture industrielle. 

Un 22 juin sur le Mont Saint-Hilaire

Du sommet du mont Saint Hilaire, on aperçoit le centre-ville de Montréal adossé au Mont-Royal et, entre les deux, le mont Saint-Bruno.

À une trentaine de  kilomètres de Montréal à vol d'oiseau, le mont Saint-Hilaire est une de ces collines montérégiennes qui émergent de la vallée du Saint-Laurent. Le lieu est en grande partie protégé par un statut de réserve naturelle en milieu privé et sa valeur écologique lui a valu le titre de réserve de la biosphère par l'UNESCO. C'est aussi un endroit très tendance pour aller faire son jogging, moyennant les 8 $ du droit d'entrée.  
Aussi, choisir de monter au sommet un samedi est une mauvaise idée si vous êtes plus intéressés par l'observation de la nature que par les conversations rarement feutrées des promeneurs.
Heureusement, la réserve est grande et en nous enfonçant dans la forêt par les sentiers les moins fréquentés, nous sommes finalement arrivés dans le domaine de la fée des bois. Un brin facétieuse, elle s'est mise à imiter le "tchic urrr" d'un piranga écarlate, sachant que nous ne résisterions pas à l'envie de le voir. En nous approchant et en relevant la tête pour essayer de trouver l'oiseau, notre regard a croisé un nid de guêpes qui s'est révélé être une chouette rayée. Plus loin, nous avons trouvé le prince charmant, que ma blonde a refusé d'embrasser, et une coiffe abandonnée par un lutin.
Vraiment, le lieu n'a rien perdu de sa magie.


Ouaouaron attendant un baiser
Ancolie du Canada