Faire des spores à la maison

De gauche à droite: Osmonde royale, Matteuccie fougère-à-l'autruche, Dryoptère spinuleuse, banc, Adiante du Canada, Matteuccie fougère-à-l'autruche, Polypode de Virginie

Adiante du Canada
 
 
 
Il est tout à fait possible de faire de la spore à la maison, à condition d'avoir le bon matériel, c'est-à-dire une fougère, une prêle ou n'importe quel autre ptéridophyte, autrement dit une plante qui ne fait ni fleurs ni graines.

Quand j'aurai des photos de sores (des espèces de magasins de spores), je ferai peut-être un article sur la reproduction des fougères. C'est un sujet passionnant, mais j'ai besoin de me replonger dans mes cours de biologie végétale. 

De toute façon, pas besoin d'avoir fait des études pour cultiver les ptéridophytes, il faut juste être à l'écoute de leurs besoins, un peu d'ombre et d'humidité. 

Dans le jardin, nous en avons quelques uns; essentiellement des indigènes qui sont venus seuls ou ont été introduits.

La matteuccie fougère-à-l'autruche. Heureusement qu'elle se mange (les têtes de violon, c'est elle), car elle est extrêmement envahissante et imposante. Elle s'est même échappée dans le bois derrière la clôture. 
La dryoptère spinuleuse, ou dryoptère des Chartreux, est une fougère délicate que je dois constamment protéger de sa voisine, la matteuccie
L'osmonde royale ne se mélange pas avec les autres, noblesse oblige.  
L'onoclée sensible a vu le bassin et a traversé la clôture pour venir s'y installer. Elle aussi pourrait être envahissante, si elle n'était pas si sensible à la sécheresse.
Le polypode de Virginie. Je l'ai posé sur une pierre pour imiter la nature; il a fait le reste et ne cesse de grossir.
Tout en délicatesse, le gymnocarpe du chêne est lui aussi sous ma protection et pour cause, avez-vous remarqué derrière lui les deux pieds de matteuccie ? 
La prêle des champs aussi est une intruse envahissante, mais comme elle fait un beau fond de toile pour les bugles rampantes, je lui laisse croire qu'elle est invincible.

Un 16 mai au parc des Étangs-Antoine-Charlebois

Ce matin, nous avons eu une bonne surprise en nous promenant le long des étangs Antoine-Charlebois. Dans les roseaux, au bord du chemin, nous avons entendu le chant de gorge d'un petit blongios. Cet oiseau que je n'ai eu la chance de voir que deux fois dans ma vie est le plus petit représentant de la famille des hérons (80 g pour une trentaine de centimètres de longueur). Il est rare et considéré comme une espèce menacée au Canada en raison de la perte de son habitat.

J'ai pu l'enregistrer entre deux couacs de bernaches du Canada. Montez le son et soyez attentif; ce n'est pas très spectaculaire, mais sa présence suffit à rendre les lieux intouchables. Je vais même attendre la fin de la saison de reproduction avant de le localiser sur les listes du style iNaturalist qui sont malheureusement scannées par des photographes indélicats, lesquels n'hésitent pas à faire jouer des enregistrements pour obliger l'oiseau à se montrer jusqu'à lui faire abandonner son territoire.

Le printemps québecois dans un jardin

La tiarelle cordifoliée, une plante forestière, fait un excellent couvre-sol dans les coins pas très ensoleillés. On la trouve dans les commerces spécialisés, mais attention aux hybrides et préférez la pure-laine, question d'écoresponsabilité.

Au jardin, le printemps bat son plein et quelques fleurs indigènes comme la sanguinaire du Canada ou l'hépatique à lobes aigus ont déjà défleuri. D'autres ont pris le relai: le trille blanc (Trillium grandiflorum),  la populage des marais (Caltha palustris), l'asaret du canada, l'uvulaire à grandes fleurs (Uvularia grandiflora), la tiarelle cordifoliée (Tiarella cordifolia), les violettes (Viola pubescens, Viola canadensis et Viola sororia), l'actée rouge (Actaea rubra) et le petit-précheur (Arisaema triphyllum).

Si on n'était pas déjà au Québec, on pourrait s'y croire.

Échappez une grappe de fruits par terre et vous obtiendrez rapidement une grappe d'arisème petit-prêcheurs, prêts à répandre eux aussi la bonne parole. 
Toutes les violettes du jardin comme cette violette parente sont nées in situ à partir de graines ramassées à droite, à gauche; celle-là vient de Baie-du-Febvre
La violette pubescente vient de je-ne-sais-plus-où, peut-être l'île-bizard.
La violette du Canada vient du Lac Saint-François
L'asaret du Canada ou gingembre sauvage pousse dans les sous-bois où il fait des tapis de feuilles réniformes. Chez nous, il remplit le même office sous un micocoulier occidental d'une vingtaine d'années, qui est parti, lui aussi, d'une graine ramassée au boisé Papineau à Laval et qui a germé dans un pot sur le balcon d'un appartement de Montréal. L'asaret ne pousse pas vite, mais s'il dépasse, on peut toujours couper le rhizome en surface, le faire sécher et l'utiliser comme condiment. Il a le même goût piquant que le vrai gingembre. Personnellement, je l'ai préparé en confiserie en le cuisant dans un sirop concentré pour le croquer, mais avec modération (il pourrait contenir des composés toxiques à fortes doses). Je n'ai pas su résister et je suis toujours vivant.
L'uvulaire à grandes fleurs était là quand nous sommes arrivés; pourquoi l'enlèverais-je ?
Ma première rencontre avec la populage des marais était à la réserve d'oiseaux de Phillipsburg. Ella avait les pieds dans l'eau, moi aussi. Celle-là est d'origine commerciale. Ses racines s'agrippent à quelques pierres que nous avons mis pour elle dans le fond du bassin et elle a l'air d'aimer ça puisqu'elle grossit chaque année.   
L'actée rouge ne fait pas une fleur très spectaculaire, mais ses fruits rouge vif éclairent les endroits sombres du jardin. La première a germé dans le jardin et s'est resemée depuis.  
La trille grandiflore est d'origine commerciale, mais comme elle se plait à l'ombre sous la terrasse, elle s'y est multipiée.

Un 7 mai à Longueuil

C'est la saison des tulipes au jardin. Toutes ces "importées", j'en ai presque honte. Aussi, pour me déculpabiliser, la prochaine fois je parlerai de quelques plantes indigènes que l'on peut y trouver. Pas toutes, parce qu'il y en a trop.

Un 28 avril dans le parc des Grèves

Au sud de Sorel-Tracy, entre le fleuve Saint-Laurent et la rivière Richelieu, le parc régional des Grèves créé par les municipalités de Contrecoeur et de Sorel-Tracy protège une magnifique forêt de pins blancs installée sur une terrasse fluviale ancienne.

Pins blancs
En entrant dans la forêt, on est surpris par la densité des pins de tout âge qui poussent à l'abri des plus vieux, un signe de vigueur et de vitalité de la forêt qui fait plaisir à voir.
Pins blancs

Pin blanc, gaulthérie couchée, coptide trifoliée, épigée rampante et thé du Labrador, on pourrait presque se croire dans le massif des Laurentides, mais nous sommes bel et bien dans les basses terres du Saint-Laurent et la seule montagne visible est celle des résidus miniers au centre du parc. Cette communauté de plantes de sols acides et siliceux ne doit son existence qu'au banc de sable laissé, il y a 5000 ans, par le proto-Saint-Laurent qui cherchait encore son chemin vers l'océan.

Parc des grèves
Au centre de la forêt, une espèce de furoncle continue de croître. P-84 (c'est ainsi que Rio Tinto Alcan l'a baptisé) est une montagne de résidus miniers; ce qu'il reste de l'ilménite après que la "minière" en ait extrait le titane et le fer
Épigée rampante
Épigée rampante
Coptide trifoliée
Coptide trifoliée
Gaulthérie couchée
Gaulthérie couchée

En s'enfonçant dans la forêt, le sous-bois devient plus humide et même marécageux par endroits. Un panneau d'interprétation nous explique qu'il s'agit même d'une petite tourbière dont le couvert végétal a été retiré accidentellement par l'humain; ce qui laisse apparaître l'eau...Soit, nous ne nous écarterons pas de la passerelle de bois, ou peut-être juste un peu pour aller faire une photo de chou puant et de ce chèvrefeuille du Canada en fleurs. 

Chou puant
Chèvrefeuille du Canada
Pendant que je risque ma vie pour aller photographier un chou, une chouette rayée, loin loin loin,  fait un clin d'oeil à ma blonde.

Puis fatalement, on passe près du dépot. En fait, on le sent avant de le voir, comme une odeur de guano qui flotte dans l'air. Ça n'a pas l'air de déranger la marmotte qui n'a jamais eu autant d'espace pour creuser, mais je me demande ce qu'en pensent les amphibiens du ruisseau qui passe suffisament près pour recueillir les eaux de ruisellement. Il fallait bien les mettre quelque part ces résidus de minerai et il est moins coûteux de créer une montagne à Sorel que de reboucher le trou que l'on creuse à 875 km de là, au lac Tio prés de Havre Saint-Pierre.

Un 24 avril à Baie-du-Febvre

Baie-du-Febvre
Au fond, Baie-du-Febvre; derrière nous, le Saint-Laurent; entre les deux, des champs inondés par les hautes eaux du fleuves
Baie-du-Febvre
Vue inverse: derrière nous la route; le fleuve est quelque part au fond, derrière la ligne des arbres. L'eau que l'on voit n'est qu'un champ encore inondé   

Baie-du-Febvre est un village sur la rive sud du Saint-Laurent, à une heure et demie en aval de Montréal. C'est la place où observer les oies des neiges dans leur migration printanière vers le Grand-Nord et l'érismature rousse

Les secondes (ici et ) peuvent s'observer dans les bassins d'épuration au bord de la route Janelle; elles y étaient. Les premières se rassemblent dans les champs inondés le long de la route 132 au bord de laquelle des buttes d'observation ont été aménagées; elles y étaient aussi même si nous étions tard en saison et à une heure où les oies se dispersent dans les champs alentours pour se nourrir. Si vous voulez assister au spectacle émouvant de leur rassemblement, il vaut mieux passer par là en fin d'après-midi, début de soirée. 

Oies des neiges
Oies des neiges

Comme nous cherchions plus la tranquillité et le contact avec la nature que le nombre et les records, il y en avait assez pour nous satisfaire. Évidemment, nous n'avons pas pu échapper à la sempiternelle question du photographe en quête d'espèces à déranger: "Et pis, est-ce que vous avez vu quelque chose d'intéressant ?", à laquelle je réponds inlassablement : "plein".   

Et c'est vrai qu'il y avait des choses intéressantes à voir et à entendre comme, entre autres, quelques Pyguargues à tête blanche dispersés dans les arbres au loin, un fuligule à tête rouge et ce parterre d'érythrones d'Amérique en fleurs (j'en parlais récemment), un peu plus loin du côté de Port-Saint-François. Il y avait aussi le son des voiliers d'oies qui passaient dans le ciel pendant que nous pique-niquions et le spectacle des bernaches du Canada qui "cassent leurs ailes" pour se laisser tomber quand elles s'aperçoivent que leur trajectoire d'aterrissage est trop longue...sans parler de la douceur de la journée.

Érythrone d'amérique
Érythrone d'amérique

Érythrone d'Amérique

Érythrone d'Amérique

Les trois pieds d'éythrone d'Amérique que j'ai introduits au jardin il y a quelques années ont bien prospéré; on les compte maintenant sur les doigts de plus de sept personnes (selon le système francophone d'unités approximatives). Pour se sentir aussi à l'aise, elles doivent se souvenir que bien avant que ce soit un jardin, avant même que ce soit des terres agricoles, elles couvraient déjà le sol de ce qui était probablement une érablière à caryer. Je ne fais finalement que rendre aux érythrones ce qui leur appartient.

Je ne me souviens plus quand je les ai mises en terre. Comme on dit qu'il faut attendre au moins 4 ans avant qu'elles fleurissent et qu'elles ne l'ont pas encore fait, on peut approximer que cela fait moins de quatre annnées. Comme on dit aussi que chaque bulbe produit trois stolons qui donneront chacun un bulbe, trois plants devraient donc produire 81 individus au bout de 4 ans; ce qui correspond à peu près à ce que j'ai compté. Je peux donc espérer une floraison l'année prochaine. 

On dit aussi - il se dit tellement de choses sur l'érythrone - que cette plante proche de l'ail dans la taxonomie se mange (l'ail et elle faisaient partie des liliacées avant que la famille éclate). Ses feuilles peuvent être cuites et son bulbe se consommer cru ou cuit. J'ai essayé et j'hésite entre insipide et  douceâtre pour qualifier le goût. Même si le bulbe est tout petit, à peine 1 cm, on ne peut pas en manger beaucoup, car il est aussi émétique (il fait vomir) à des doses qui restent obscures et que je n'ai pas envie d'explorer. 
Elle aurait aussi des propriétés médicinales et les Cherokees, mais probablement d'autres nations aussi, l'auraient utilisée pour soigner les blessures (voir ici).  

Scène de printemps


En ce moment, le merle d'Amérique fait des allées et venues entre le bois et le jardin où il vient chercher des matériaux de construction pour son nid. Il trouve tout ce qu'il lui faut, car je prends bien soin de ne pas étriller ce qu'il reste de gazon, comme la coutume l'exige. Je me contente de ratisser mollement et de ramasser l'excédent de feuilles mortes à la main; le reste est laissé en place pour enrichir le sol et la microfaune qui l'habite. Et puis, les bruants de passage adorent retourner les feuilles pour chercher leur nourriture. Pourquoi les priverais-je de ce plaisir ?

Le bois est en fleurs

Quand on parle de plantes à fleurs, on ne pense pas toujours aux graminées (le gazon, le blé, le bambou et toutes les autres de la famille des poacées ou, autrement dit, de toutes celles qui font les herbes) ni aux arbres. Et pourtant, ces derniers sont nombreux à fleurir en ce moment dans le boisé du Tremblay, et ailleurs.

Peuplier faux-tremble
Peuplier faux-tremble
Saule
Saule sp
Érable rouge
Érable rouge
Sureau à grappes
Sureau à grappes

Des nouvelles de nos canards

Canards colverts

Dans un message précédent - je crois que c'était dimanche dernier - j'annonçais le retour de nos colverts. Aujourd'hui, je confirme. Cela fait une semaine qu'ils ont repris leurs habitudes: arrivée vers midi pour le lunch, baignade au bassin, toilette et sieste au soleil avant de repartir dans l'après-midi.

Notre seule certitude est qu'il s'agit de la même cane que les années précédentes, puisque ce sont les femelles qui entrainent leur partenaire vers les lieux qu'elles connaissent. D'ailleurs, elle nous reconnait et vient manger dans notre main sans difficulté.

Nous avons pu constater aussi aujourd'hui que c'est elle qui donne le signal de l'accouplement. Cela se passe sur l'eau, elle dresse la tête puis la rentre dans ses "épaules" deux ou trois fois dans un mouvement de pompe avant d'allonger le cou à l'horizontal, au ras de l'eau. Le mâle comprend tout de suite.

Cette année, nous pensons qu'il s'agit d'un autre, ou alors, le couple est suffisamment vieux pour qu'il soit moins attentif à elle. Cette année, par exemple, ils mangent en même temps, bec contre bec, alors que l'année dernière il attendait, en retrait, qu'elle ait fini avant de prendre sa part. Aussi, il peut arriver qu'elle vienne seule dans le jardin pendant que lui traîne dans le bois, de l'autre côté de la clôture, ce qui n'arrivait jamais l'année dernière.

Canards colverts

Développement immobilier: phase 2

Condos pour abeilles sauvages

La phase 1 du projet de condos pour abeilles sauvages date déjà de 10 ans. Les appartements rénovés depuis attirent toujours autant de monde et hier, les futures locataires manifestement victimes d'une crise du logement se bousculaient pour les visites libres.

Pour faire face à cette demande, j'ai donc décidé d'ajouter une phase 2 au projet en remettant sur le marché quelques vieux logements qui avaient été forcés par des pics. La réaction ne se fit pas attendre et tandis que j'installais la nouvelle tour à condos, les abeilles charpentières prenaient possession des lieux.

Ceux qui savent

Et ce n'est qu'un début.

Dans un billet antérieur, je signalais que la coupe des frênes morts avait commencé dans le boisé du Tremblay.

Je comprends que tous ces arbres morts représentent un risque pour les promeneurs. D'un autre côté, en regardant de plus près le diamètre des arbres coupés, leur hauteur et leur distance par rapport au chemin, je me suis demandé quel risque fait courir la chute d'un arbre dont le tronc tient dans ma main, une petite main d'un homme qui ne dépasse le mètre que de 70 cm. Comme je n'ai pas fait d'études en gestion des risques ou en sécurité civile, je ne peux opposer d'arguments solides et je respecterai la décision de ceux qui savent.

Ce matin, en repassant par là, mon attention a été attiré par les copeaux qui recouvraient le sol. J'ai alors compris que les arbres abattus avaient été déchiquetés et transformés en paillis.

C'est alors que je me suis demandé si cet épais tapis de paillis ne risquait pas d'étouffer tout espoir de germination ou de repousse de la strate herbacée du sous-bois. Mais comme je n'ai pas fait d'études en foresterie, que je ne suis pas agriculteur, juste un modeste jardinier qui, lorsqu'il veut étouffer ses mauvaises herbes, recouvre le sol de copeaux de bois en prenant soin de ne ne pas recouvrir les plantes qu'il a choisi de garder, je me contente de respecter la décision de ceux qui savent.

D'un autre côté, j'ai quand même fait quelques études en biologie, suffisamment en tout cas pour savoir qu'un arbre, même mort, peut être utile à son environnement. Par exemple, il peut nourrir des xylophages, qu'il soient bactériens, fongiques ou situés plus haut dans l'échelle de l'évolution. Si son diamètre est suffisant, il pourra servir à des espèces arboricoles qui s'y abriteront et se nourriront des xylophages. Et s'il tombe, ce qui finira fatalement par arriver, il continuera quand même à alimenter la vie autour et à protéger les petits mammifères, les reptiles et les amphibiens, entre autres, et ce, jusqu'à ce qu'il ne reste rien de lui.

Le cycle normal de la vie