L'île aux Basques

Île aux Basques

L'Île aux Basques est un rocher presqu'entièrement recouvert de forêt d'environ 1,5 km de long sur 300 mètres de large, si l'on ne tient pas compte du long banc de sable du côté sud-est. Situé à presque 4 kilomètres de la rive sud du Saint-Laurent et à une vingtaine de kilomètres de la côte nord, on y accède par bateau à partir de Trois-Pistoles. 

L'île est la propriété de la Société Provancher qui  y organise des visites guidées de quelques heures. Toutefois, si le confort d'un chalet rustique ne vous fait pas peur, il est possible de prolonger la visite et de passer quelques jours sur l'île. Il suffit pour cela d'être membre de ladite société et de payer le passage. Comme il n'y a que trois chalets sur l'île, il faut y penser tôt ou espérer une annulation.

Séjourner sur l'île aux Basques ne s'improvise pas. Il faut amener son couchage et sa nourriture pour la durée du séjour, voire un peu plus au cas où les conditions météo n'autoriseraient pas le bateau à venir vous rechercher quand la marée le permet. Pour le reste, tout est fourni et Mikaël Rioux, le passeur, vous dépose sur le quai avec des bonbonnes d'eau potable. La source et l'eau de pluie fournissent le reste pour la vaisselle et la toilette. 

Le confort d'antan

La traversée ne dure pas longtemps, mais elle fait partie du rituel et contribue à faire retomber cette espèce d'agitation intérieure inhérente à nos modes de vie. Ce n'est qu'une fois les recommandations faites et le bateau parti que le calme s'installe. C'est alors que la nature reprend ses droits, que le soleil mesure à nouveau le temps qui passe, que la météo décide ce que sera votre journée et que ce que vous preniez pour du silence devient le bruit du vent dans les feuilles.

C'était la première fois que nous séjournions sur l'île au mois de juin. D'habitude, nous venons en septembre pour voir passer les migrateurs, mais cette année, nous voulions nous attarder sur la flore. Il en sera question plus tard, mais d'abord quelques mots sur le décor.

D'un point de vue géologique, l'île aux Basques fait partie des Appalaches. La faille de Logan qui longe le sud du Saint-Laurent et marque la frontière entre les Appalaches et les Basses-terres passe quelque part au large de la côte nord de l'île.

Le Québec se divise en trois grandes provinces géologiques: la province de Grenville, au nord du fleuve, composée des vieilles roches de l'ancien continent Laurentia, la province des Appalaches, au sud du fleuve, formée par une série de collisions entre Laurentia et le micro-continent Avalonia puis Baltica. Entre ces deux provinces, la plateforme du Saint-Laurent, ou Basses-terres, correspond à la marge continentale de Laurentia. 

Les roches qui composent l'île sont des grés et des schistes ardoisiers en strates où le rouge alternent avec le gris ou le vert selon leur âge et leur composition chimique. Elles sont le résultat de l'accumulation de sables et de boues argileuses au fond de l'océan Iapétus de -570 à -500 millions d'années. Ces mètres de sédiments se sont ensuite cimentés sous l'effet de leur propre poids et de la pression.

L'île est un pli rocheux qui émerge du fleuve avec un angle de 45°. Sur la rive sud, face au continent, l'eau caresse son dos dans le sens des plis; c'est le côté du banc de sable, des anses et des plages.

À partir de -500 Ma, l'écartement des plaques tectoniques qui avaient créé l'océan s'est inversé et Iapétus a commencé à se refermer. Ce rapprochement a surélevé et plissé le plancher océanique, puis un arc insulaire volcanique formé au large est entré en collision avec Laurentia vers -450 Ma. Cet événement que les géologues  appellent la phase taconienne marque la naissance des Appalaches et est l'origine de l'île aux Basques.

Sur la rive nord, face au large, l'eau caresse la roche à contre-pli; c'est le côté de la falaise.
Mais au fait, pourquoi l'île aux Basques ? Parce que, comme en témoignent les vestiges de fours trouvés sur l'île, les Basques venaient y faire fondre la graisse des baleines qu'ils chassaient sur le côte nord du Saint-Laurent.
 

Un 24 juillet sur le Mont Saint-Bruno


Nous allions y vérifier la présence d'un plan de Ginseng à cinq folioles vu deux ans auparavant. Pas vu; la mémoire ou la nature nous a fait défaut.

Dans le sous-bois, l'ombre des vieux érables, bien qu'éclaircie par la spongieuse, est trop dense pour permettre à une autre végétation de s'établir, à l'exception d'un tapis de jeunes érables à sucre qui attendent que les vieux leur laissent la place.

De la place, il n'y en aura pas pour tout le monde.
Et puis, il faut bien nourrir ce faon.

Un 22 juillet dans le boisé du Tremblay

Fin juillet, c'est l'âge d'or des plantes. Il y a du du vert de toutes les couleurs et des couleurs de toutes les espèces, sans parler des parfums. Et quand il n'y a personne, on dirait le paradis.

Une cuscute étend sa toile
Verveine hastée
C'est la première fois que je vois du millepertuis ponctué; on fait connaissance.
Des cynorhodons bientôt prêts à faire de la confiture, mais je les laisse pour que d'autres profitent du spectacle. 
La salicaire peut bien être envahissante tant qu'elle fleurit. 
C'est la bonne nouvelle. Mais je ne peux m'empêcher de remarquer que couper les arbres est un gagne-pain (avec un "g" comme dans gagner de l'argent) alors que les planter reste du bénévolat (avec un "b" comme "dans bonne volonté").

Alors, amis ?

Les nourrir et les laisser penser que les êtres humains sont sympathiques n'est pas leur rendre service, mais considérons cela comme une démonstration de leur témérité.

Les deux ne font pas la paire

Cela fait une couple d'années que je parle de la réintroduction spontanée du tamia rayé dans notre jardin. Il faut bien reconnaître que la biodiversité des petits mammifères du jardin a grandement bénéficié de la mort de nos deux chattes

Pour résumer, il y a trois ans, après une vingtaine d'années d'absence, nous avions cru revoir un tamia rayé traverser le jardin, très furtivement, presque du coin de l’œil. Il y a deux ans, sa présence avait été confirmé et on le voyait régulièrement. L'année dernière, nous avons même eu l'impression, confirmée plus tard,  qu'il y en avait deux.

Cette année, nous pensons qu'ils sont trois: le "gros", p'tite-queue et grande-queue. Le gros étant très discret, notre hypothèse (on aime bien se raconter des histoires) est qu'il est l'ancêtre; celui qui a survécu aux chats et qui a développé une méfiance extrême pour tout ce qui touche à l'humain. Les deux autres sont peut-être nés ici au milieu de notre va-et-vient; ce qui expliquerait leur familiarité. Car cette année, nos relations ont beaucoup évolué et on en est au point où on déjeune ensemble le matin, et où on se retrouve en fin d'après-midi autour d'un plat de grignotignes.

Enfin, ensemble est un bien grand mot, car p'tite-queue ne supporte pas la présence de grande-queue qui semble pourtant s'être approprié le jardin. Dans la vidéo qui suit, grande-queue se reconnait à un anneau de poils plus courts à mi-queue.    

En allant cueillir des patates

Ce qu'on appelle le Champ de patates ou le Champ du diable, ou encore la Pièce-des-Guérets, est une intriguante coulée de galets sur le flanc du Mont Rigaud à quelques kilomètres de Montréal. D'après les géologues, ce serait une moraine de fond, c'est-à-dire un tapis de roches entrainées par un glacier et sur lequel il s'écoule. Toutefois, d'après la légende mise en rimes par le poête Zéphirin Mayrand, il s'agirait plutôt de l'oeuvre du diable. À vous de vous forger une opinion, je me contente d'exposer les faits !

Douze mille années n'ont pas suffi à la végétation pour effacer les traces laissées par le glacier; c'est peut-être ce qui est le plus impressionnant.

Quoi qu'il en soit, on a érigé une croix au sommet du Mont Rigaud...au cas où. 
Si elle a conjuré le sort, elle n'a pas empéché le fléau des spongieuses de s'abattre sur la forêt de chênes. Nous y étions le 4 juillet, mais on se serait cru au début du printemps. Heureusement, les chenilles passent et les feuilles repoussent. Et puisque la spongieuse est partout cette année, même dans nos jardins, ne vous précipitez surtout pas chez votre fournisseur de pesticides. Les arbres ont moins à craindre de la chenille que nous des insecticides.

La spongieuse n'a rien laissé...
Mais le chêne n'a pas dit son dernier mot

Le docteur Folamour fait du jardinage

Le parc de l'île de la Visitation est l’îlot au centre. Montréal est à droite, Laval à gauche. 

Avant-hier, je me promenais au parc de l'île de la visitation, sur la rive nord de Montréal. Je regardais vers l'île de Laval de l'autre côté de la rivière des prairies et me réjouissais de voir la rive si boisée dans un milieu urbain pourtant densément peuplé, jusqu'à ce que je remarque une trouée dans les arbres. 

J'ai d'abord pensé à un glissement de terrain, mais ces sphères vertes sur le terrain...c'était bizarre. Ce n'est qu'en zoomant avec mon appareil photo que j'ai compris que le docteur Folamour, après avoir survécu à la bombe, s'était installé à Laval (Québec) et s'était reconverti dans le paysagement. Survivra-t-il à l'érosion du sol, au réchauffement planétaire et à la pollution des eaux ? Il s'en fout, il vit son rêve.

À ce propos, moi aussi je vais vivre mon rêve; je pars sur l'île aux Basques avec ma blonde, une île sans eau, sans électricité et sans internet au large de Trois-Pistoles. J'en ai déjà parlé ici et j'en reparlerai sûrement à mon retour.

Escapade en Estrie (2/2)

Le mont Pinacle surplombe le lac Lyster; on y monte par un sentier à l'ombre d'une érablière.

Après la tourbière de Johnville et ses sabots de la vierge (voir le billet précédent), la route nous a conduit au mont Pinacle qui, comme l'acception géologique du terme l'indique, est un piton rocheux au coeur des Appalaches québécoises. Situé près des lignes américano-canadiennes, nous avions prévu d'y monter pour admirer la vue sur les Appalaches états-uniennes; un peu comme si nous jetions un coup d'oeil par-dessus la clôture. 

Du mont Pinacle, on a une vue sur le Vermont (EUA)

Avec ses 675 mètres d'altitude, le mont Pinacle n'est peut-être pas très impressionnant, mais il a une très longue histoire à raconter. En fait, le piton d'aujourd'hui fait partie d'un vieux pluton (le pluton Averill) mis au jour par l'érosion glaciaire. Comme tous les autres de son espèce, il est né d'une poche de magma qui remontait du manteau terrestre et s'est cristalisée avant d'atteindre la surface.

Cela s'est produit il y a environ 400 millions d'années au cours de la deuxième des trois phases d'érection des Appalaches: la phase acadienne qui correspond à la collision entre le continent Laurentia et le microcontinent Avalonia. À cette époque, la subduction des plaques a produit de nombreux plutons que l'on retrouve tout au long des Appalaches jusqu'à Terre Neuve. Une carte visible ici montre les plutons de l'est du continent américain en rouge et donne un aperçu de l'ampleur du Averill (Av). À cheval sur le Québec et le Vermont; il mesure environ 21 km de large au niveau de la frontière.

À l'ordovicien (480 millions d'années), Iapethus a atteint son ouverture maximale. Le continent Avalonia s'écarte de l'ancien supercontinent Rodinia et commence sa migration vers le nord.
Au silurien (440 miliions d'années), Iapéthus se referme. Avalonia est entré en collision avec le sud de Baltica et se dirige vers Laurentia. Un arc d'îles volcaniques créé au coeur de l'océan Iapéthus par le mouvement des plaques est déjà entré en collision avec Laurentia; c'est la naissance des Appalaches.
Au dévonien (400 millions d'années), la rencontre entre Laurentia et Avalonia élève les Appalaches et fait disparaître définitivement Iapéthus; la côte orientale de Laurentia est alors baignée par l'océan Rhéïque, mais cela "ne durera pas".   

Les cartes sont extraites du site PALEOMAP: 
Scotese, C.R., 2002, http://www.scotese.com, (PALEOMAP website).
Mais trêve de blabla géologique et revenons aux choses sérieuses. 
En redescendant du mont Pinacle, nous avons croisé la route d'une paruline bleue descendue de son érable pour venir nous pousser la chansonnette et sur le lac Lyster, en contrebas, il y avait un couple de plongeons huards qui profitait de l'heure matinale pour faire le tour de son domaine avant l'invasion des motomarines et des pontons à moteur.

Escapade en Estrie (1/2)

C'était noté dans l'agenda: "retourner à la tourbière de Johnville dans la première quinzaine de juin pour voir les orchidées". Quand la nature vous donne rendez-vous, il faut être à l'heure, mais ne pas s'offusquer si elle décide de ne pas y être. 

Nous nous sommes donc dirigés vers le parc écoforestier de Johnville pour la première étape de notre escapade de deux jours dans les Cantons de l'Est. La tourbière était en fleurs, mais à part les éricacées habituelles, nous n'avons trouvé aucune autre orchidée que les sabots de la Vierge; ce qui n'était déjà pas si mal.

En parcourant la passerelle, nous avons eu l'impression que la tourbière souffrait de la déshydratation générale de ce début d'année, au moins en surface. La sphaigne habituellement verte ou pourpre était jaunie et s'effritait entre les doigts. Les sarracénies pourpres manquaient à l'appel et nous n'avons perçu aucun signe de la paruline à couronne rousse dont c'est pourtant l'habitat.

Calla des marais
Médéole de Virginie
Lycopode dendroïde

Première récolte

Sureau du Canada
Sureau du Canada
Grande camomille
Grande Camomille

Le sureau (Sambucus canadensis) et la camomille (Tanacetum parthenium) sont en fleurs; c'est le temps d'en récolter une partie. On en laissera au sureau pour avoir des fruits et faire de la gelée, et à la camomille pour avoir des graines à resemer au cas où.

Grosse journée au Beach club

Paruline du Canada

Cette semaine, c'était le lancement officiel de la saison 2021 du Beach club de Longueuil, que l'on ne présente plus (ici et ). Côté vedettes, la production avait invité du "lourd" cette année avec nulle autre que la paruline du Canada.

C'est la deuxième fois que nous la voyons au jardin en 18 ans, et presque aussi souvent en nature. Le Cosepac (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada) lui a donné le statut d'espèce préoccupante en 2020 en raison d'une remontée lente mais constante de ses effectifs depuis 2012.

Rattrapé par ses démons

Le bouleau verruqueux: une nuance de vert au milieu des autres

Le plus gros arbre du jardin est un bouleau. Il était là quand nous sommes arrivés, mais il n'est pas venu tout seul puisqu'il s'agit d'un bouleau verruqueux (Betula pendula) qui pousse normalement en Europe. C'est l'arbre qui nous fait de l'ombre quand nous mangeons, lisons et prenons l'apéro, et auquel nous accrochons le hamac quand il fait trop chaud pour faire autre chose qu'une sieste; c'est pour dire à quel point il est important. 

Nous en prenons grand soin; c'est-à dire que nous y touchons le moins possible. Il y a quelques années, il avait une vilaine cicatrice dans le tronc qui se remplissait d'eau à chaque pluie et se creusait au lieu de se refermer. J'ai fini par forer un trou dans le bas de la cavité pour que la plaie se draine et elle a fini par disparaître. Cela me donne l'occasion de manifester ce complexe de supériorité sur la nature qui habite l'espèce humaine en prétendant l'avoir aidé.  

Lymantria dispar (enfin je crois) dans toute leur beauté

Cette année, il en pleut des chenilles qui ressemblent à des spongieuses, les larves d'un papillon nocturne appelé le Bombyx disparate (Lymantria dispar). Si notre bouleau pensait échapper à ce fléau européen en s'installant en Amérique, c'était sans compter sur Étienne Léopold Trouvelot qui introduisit le ravageur en 1869. Normalement, l'arbre devrait y survivre, car si les chenilles en profitent, elle finiront par faire profiter les oiseaux, les insectes qui les parasitent et quelques pathogènes de lépidoptères. À ce propos, j'ai déjà vu quelques fourmis charpentières en rapporter vers leur colonie, probablement établie dans le cabanon du voisin. D'ailleurs, peut-être devrais-je lui en toucher un mot, lui qui croit s'en être débarrassé.

Et pourquoi pas un pimbina ?

Viorne trilobée
Viorne trilobée

Quand on veut planter un arbuste dans son jardin, on va généralement acheter le dernier truc cher à la mode à la jardinerie du coin, souvent un arbuste arraché à son continent d'origine ou fabriqué de toutes pièces qu'il faudra abrier l'hiver et désabrier au printemps. À la place, on pourrait très bien planter un arbuste indigène; il y en a de très beaux comme le sureau du Canada ou l'aubépine et de très parfumés comme le chalef (ah, le parfum du chalef...plutôt un petit arbre qu'un arbuste). 

Viorne trilobée
La viorne trilobée est une petite maligne: elle fait quelques grosses fleurs voyantes, mais stériles, en périphérie pour attirer les insectes et plein de petites fleurs fertiles au centre qui donneront des grappes de fruits. Chez la viorne comestible, toutes les fleurs sont identiques.

Le pimbina, quant à lui, a cet avantage sur les autres qu'il fait de la lumière au printemps, de l'ombre en été et des fruits en automne, qu'il est vigoureux et qu'il prend la forme qu'on lui donne. Le nôtre vient d'un fruit ramassé dans le parc du Mont-Tremblant. Il s'agit d'une viorne trilobée (Viburnum opulus var. americanum), à ne pas confondre avec la viorne comestible (Viburnum edule) qui porte le même nom vernaculaire. De toute façon, la confusion est sans conséquence puisque toutes les viornes du Québec (il y en a 9 en comptant la viorne mancienne d'origine européenne) produisent des fruits comestibles quand ils sont mûrs.

Viorne trilobée
Viorne trilobée, comme sa feuille. Celle de La viorne comestible peut l'être aussi

Toutefois, comme comestible ne veut pas nécessairement dire bon, pour la consommation, il vaut mieux choisir les fruits des pimbinas. Ils s'utilisent comme les canneberges sous forme de gelée, de confiture ou même de jus de fruit (voir ici), ou encore simplement cuits pour accompagner une viande. J'ai toujours entendu dire qu'il fallait attendre le deuxième gel avant de les cueillir, mais maintenant avec les congélateurs...