Sau, sau, sau...Sauvons la rainette

Ne sont-ils pas beaux, ces défenseurs du boisé du Tremblay ?

C'est le slogan qu'ont scandé 150 citoyens de Longueuil, dimanche après-midi, en déambulant dans les rues du quartier du Boisé du Tremblay. Nous étions rassemblés pour exiger l'arrêt des travaux de prolongement du boulevard Béliveau à travers l'un des derniers refuges de la rainette faux-grillon, l'abandon du projet de construction de logements de part et d'autre du boulevard et la restauration de l'habitat déjà détruit.

Cent cinquante, quand même ! Moi qui pensais que nous ne serions pas plus d'une trentaine, sans le support de Greta. Tout le monde était là:

  • Tommy Montpetit sans qui le boisé ne serait plus depuis longtemps,
  • Martin Geoffroy, un citoyen concerné à qui l'on doit l'initiative de cette prostestation,
  • quelques représentants d'associations de défense de la nature, les indispensables spécialistes de l'organisation des marches protestataires qui peuvent être écologistes sans nécessairement être des écologistes.
  • quelques politiciens locaux qui ressemblaient à leurs affiches électorales, mais en plus bavards, et qui ont quitté le groupe dès que nous nous sommes mis en marche,
  • quelques dizaines de citoyens préoccupés par l'avenir du boisé, mais aussi, de manière plus globale, par celui de la planète.
  • un photographe de la presse locale qui venait faire sa job,
  • les tondeurs de pelouse du dimanche qui nous regardaient passer en nous faisant des signes amicaux,
  • les automobilistes qui nous croisaient en faisant retentir leur klaxon solidaire,
  • et deux policiers débordés par la foule (150 marcheurs tranquilles et disciplinés) qui, au nom de notre sécurité, ont quand même trouvé le moyen d'abuser de leur position et de nous imposer des trottoirs trop étroits en temps de pandémie et des pistes cyclables pour ne pas gêner la circulation des autos (celle des vélos est moins importante).   

Tommy Montpetit qui est à l'origine de la préservation du boisé et qui a envoyé sa première lettre de protestation contre le prolongement du boulevard en 1994. Il en faut du courage pour partir seul au front et ne pas se décourager après tout ce temps.
Martin Geoffroy, directeur du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation (CEFIR), un autre courageux qui, en toute logique, ne devrait pas tombé dans le piège de la radicalisation pourtant si facile à emprunter devant l'inaction et l'arrogance des autorités. Ne vous y trompez pas en lisant l'affiche: le désinformateur n'est peut-être pas celui qui la dénonce...  

Un de mes coins préférés

 

Quelque part dans le Boisé du Tremblay, il y a un endroit qui refuse obstinément de se laisser photographier. C'est un affleurement rocheux peuplé d'érables rouges, de caryers ovales, d'ostryers de Virginie et de chênes rouges où vient parfois se reposer une chouette rayée. 

Il y a des grains de peaux que l'on reconnaît facilement, comme celui de l'ostryer de Virginie

Développement durable

Ce matin, j'ai voulu aller constater l'avancement des travaux du prolongement du boulevard Béliveau à Longueuil; un trait rouge dans le vert sur la photo, un pointillé sur le plan d'urbanisme, une erreur de navigation dans les GPS qui l'avaient déjà intégré dans leur calcul.

Alors, ça y est ! La ville de Longueuil va de l'avant, la conscience tranquille puisque elle a l'acceptation sociale d'une poignée de résidents locaux fatigués de rester coincés dans les embouteillages qu'ils créent, à écouter la musique de supermarché des stations FM qu'ils choisissent de syntoniser. Pourtant, c'est en pure perte (de milieux naturels), car on le sait maintenant avec le recul: construire une route, c'est augmenter le trafic routier, pas le réduire (voir ici). 

2015
2021

Pour rendre durable, ce nouveau développement, la ville met de l'avant l'aménagement d'un corridor faunique; comprenez un tunnel sous le boulevard permettant le libre passage des animaux dans leur environnement de plus en plus morcelé. L'intention est louable et il ne restera plus qu'à convaincre ladite faune d'emprunter ce corridor et lui expliquer que la ligne droite, si elle est encore le chemin le plus court, n'est pas forcément le plus sûr. Il faut croire que c'était plus facile que de convaincre les résidents d'utiliser les transports en commun.

Quand aux rainettes faux-grillons (une espèce soi-disant protégée) qui vivaient sur le passage du boulevard, elles sont mortes. Les autres, celles qui vivent dans le quadrilatère de milieu humide restant (en dessous du trait rouge), il faudra qu'elles composent avec les rebuts de gazon, les pneus d'hiver usagés et autres déchets que les riverains ne manquent pas de jeter dans le bois, sans négliger l'agrandissement des cours arrière par l'abattage des arbres et leur remplacement par du gazon ou des végétaux exotiques. Pour finir, on arrosera de Bt parce que les milieux humides sont des nids à moustiques incompatibles avec l'apéro sur la terrasse. 

Les pots étaient probablement trop lourds pour leur faire passer l'hiver à l'intérieur. Peu importe, on en rachètera l'année prochaine. 
Riches et analphabètes

Un 7 octobre dans le Boisé du Tremblay

Hier dans le boisé, il y avait un scarabée pressé et un oiseau furtif, et dans le jardin, une voleuse de fruits.

Un nécrophore dont l'espèce reste à déterminer
Un Bruant de Lincoln
Une grive solitaire amatrice de pimbina

Dommage collatéral

Je ne sais pas ce qu'avaient les couleuvres hier, mais nous en avons croisé quelques unes, des "rayées" et des "à ventre rouge", en pleine traversée de ce désert que représente pour elles le chemin de gravelle. Peut-être profitaient-elles comme nous de la douceur exceptionnelle de ce début d'automne pour aller faire un dernier tour avant de rejoindre leur hibernacle.

Le hasard ne faisant pas toujours bien les choses, c'est cette journée qu'ont choisi les cantonniers pour faucher les bas-côtés et tout ce qui s'y trouvait.

Un 4 octobre dans le boisé du Tremblay

Un miaulement dans un buisson ne signale pas toujours la présence d'un chat; ce peut aussi être un moqueur chat. Hier, nous avons trouvé celui-là qui se nourrissait dans une vigne vierge en compagnie d'une grive trop vite entrevue pour l'identifier. 

Pensant qu'il était peut-être un migrateur en retard, j'ai interrogé le site ebird, une source intarissable d'informations sur les oiseaux. En tapant "moqueur chat" et "Longueuil, Qc, Ca", le site m'a sorti un graphique à bandes montrant que les effectifs de cette espèce ne commençaient à diminuer qu'à partir du 1er octobre. Il est donc largement dans les temps.

Le concombre sauvage dans toute sa déhiscence

Si, au cours de vos promenades, vous avez croisé des fruits verts, ovoïdes et épineux, suspendus à des branches, vous savez à quoi ressemble le concombre sauvage (Echinocystis lobata), ou concombre grimpant. Bien qu'il soit de la même famille que le concombre cultivé (Cucumis sativus), celle des cucurbitacées, le sauvage n'est pas comestible. Et si vous avez manqué la floraison, vous pouvez aller faire un tour ici.   

Je ne m'étais jamais interrogé sur la dissémination des graines du concombre sauvage, mais hier, en me promenant dans le boisé du Tremblay où il y en a beaucoup, la réponse s'est imposée. Il se trouve que le concombre sauvage pratique la barochorie ou autrement dit: les graines sont mues (-chorie) par la gravité (baro-).

Les parois du fruit qui pend au bout de son pédoncule s'ouvrent du côté sol en se retroussant et, ce faisant, laissent tomber quatre grosses graines. Je ne suis pas resté assez longtemps pour voir ce qu'elles devenaient, mais si elles devaient être mangées par un animal, on basculerait dans l'endozoochorie (inutile de faire un dessin).

Un premier octobre À North Bay (Ontario)

Escale à North Bay, une petite ville ontarienne sans autre charme que ses zones de conservation de la nature arrachées aux promoteurs immobiliers et aux industries locales; encore un endroit où l'on mesure sa virilité - c'est valable pour les femmes aussi - à la taille de son pick-up et au bruit que fait son moteur. À North Bay comme ailleurs, j'ai l'impression que même les pieds dans l'eau et les toits emportées par  des tornades, on se lamentera sur le dérèglement climatique sans soupçonner que l'on y est pour quelque chose.

Après avoir trouvé un motel au bord du lac Nipissing, nous allons nous dégourdir les jambes dans un petit parc résidentiel juste à côté. Sur la rive, il y a justement un "flock" de pipits d'Amérique en migration qui se ravitaillent dans le gazon, un grand chevalier, un grèbe esclavon et cinq cygnes trompettes au large. C'est pas si mal, North Bay.

Grand Chevalier

Un 29 septembre à Nédélec (Témiscamingue)

Nous avions entendu parler d'un sentier d'interprétation à Nédélec ayant pour thème les plantes médicinales. C'était la fin de la journée, il faisait gris et les plantes, un 29 septembre, c'est comme plus trop la saison. Mais bon, la curiosité et mon intérêt pour ce genre de sujet... J'ai finalement réussi à convaincre ma blonde d'aller y faire un détour. 

L'endroit avait quelque chose d'étrange avec des paons et des faisans dans une volière en ruine, des "lapins de compagnie" qui courraient en liberté dans un décor de forêt boréale mixte, mais tout ça pour une noble cause alors...j'en ai profité pour récupérer quelques graines d'asperge et de mauve.

Les fruits de l'asperge

Au retour, ma blonde me dit qu'elle vient de voir quatre grues du Canada dans un champ au bord de la route.  Nous les avions entendues en vol dans la matinée sans les avoir encore vues malgré le fait que le Témiscamingue est une place réputée pour l'observation de la grue en migration. 

Demi-tour pour faire des photos. Elles sont bien là, mais pas toutes seules. Il y en a des centaines (nous avons arrêté le compte à 300) dans le champ, en groupes familiaux de 3 à 5, et il en arrive d'autres pour une halte migratoire. Finalement, le détour valait la peine.

Grues du Canada

Sur la terre des faucons et des Algonquins

Aujourd'hui, nous devions aller faire le sentier des cascades quelque part au sud du village de Laforce. Après quelques kilomètres de belle piste, nous finissons par trouver l'accès pour finalement nous rendre compte après une cinquantaine de mètres de marche que le sentier a été rendu à la nature. Il ne reste qu'un gazébo, une table à pique-nique et quelques graffitis d'ados.

Au Témiscamingue, l'automne est commencé.

Qu'à cela ne tienne, nous décidons d'aller voir à quoi ressemble le bout de la route et le village de Winneway qui en marque la fin. Sur le chemin, nous croisons plusieurs crécerelles d'Amérique et faucons émerillons perchés sur les fils électriques. Nous n'en avons jamais vu autant que depuis que nous sommes au Témiscamingue. Nous avons également pu observer le faucon pélerin.

Faucon émerillon
Crécerelle d'Amérique

Sur le point d'arriver, nous sommes arrêtés par un poste de contrôle que nous ne nous attendions pas à trouver là. Trois jeunes gens souriants et sympathiques en sortent et nous demandent en anglais ce que nous venons faire là. Ils nous apprennent alors que nous arrivons dans la communauté de Winneway, territoire de la première nation algonquine Long Point. L'objectif du contrôle est de confirmer notre état vaccinal en montrant notre vaxicode. Quant à la raison de notre visite, la simple curiosité de voir à quoi peut ressembler le bout de la route fait sourire les jeunes, mais nous rend plutôt mal à l'aise, ma blonde et moi.

Ce malaise, nous le ressentons à chaque fois que le hasard de la route nous mène à une réserve. Impossible de surmonter ce sentiment de culpabilité d'appartenir au camp de l'oppresseur (et pourtant, je ne suis pas né sur ce continent et cette histoire n'est pas la mienne), de faire partie de ceux qui ont massacré les Premières Nations, qui ont inventé le concept de réserve pour ostraciser les survivants et qui continuent à les exclure et à les maltraiter. Alors, nous sommes allés au bout de la route, sans plaisir, et nous sommes retournés sur nos pas.

Un 25 septembre vers le lac des Quinze

En ce 25 septembre de l'an de grâce 2021, nous décidâmes de remonter la rivière des Outaouais jusqu'à sa source. Nous fîmes un arrêt à Notre-Dame-du-Nord, là où la rivière devient le lac Témiscamingue, dans le but d'obtenir la bénédiction de notre expédition, puis remontâmes le cours de la rivière vers le lac des Quinze.

La rivière des Outaouais au lac Kakake: à partir de là, nous empruntons "l'explorateur", un des chemins de randonnée balisés par l'organisme Récré-eau des Quinze.

Au lac Kakake, au bout du chemin du Pouvoir, nous fûmes contraints d'abandonner notre monture pour continuer à pied. Après 4 heures de marche dans une jungle froide et hostile, peuplée d'arbres vertigineux et de créatures toutes plus étranges les unes que les autres, nous dûmes nous avouer vaincus et rebrousser chemin.

Polystic faux-acrostic
Pin blanc

De retour à notre camp de base, nous réalisâmes la vanité de notre tentative en consultant Wikipedia qui nous apprit que la rivière des outaouais est le plus long cours d'eau du Québec (1271 km) et que sa source, parfaitement identifiée, est le lac des Outaouais situé bien au-delà de nos capacités.

Un monstre inconnu, capturé et confié aux experts de iNaturalist.com
Un autre trop rapide pour la pellicule numérique, mais connu sous le nom de Grand Pic

Un 24 septembre sur les hauts d'Obadjiwan-Fort Témiscamingue

En jouant à poser son doigt au hasard sur une carte pour connaitre sa prochaine destination, on peut se retrouver au bord du lac Témiscamingue. Frontière naturelle entre le Québec et l'Ontario, le nom vient de l'Algonquin "temi kami" qui se traduit par "eaux profondes", et avec ses 120 mètres de profondeur, on peut dire que les algonquins avaient vu juste.

En 1685, les Français établissent un premier poste de traite avec la nation Timiskaming dans un détroit du lac permettant la surveillance des allers et venues des autochtones, mais surtout des anglais, sur cette voie de communication essentielle vers le Nord et la baie d'Hudson qu'était la rivière des outaouais.
Chêne à gros fruits
Et son client, l'écureuil roux

Un 19 septembre dans le boisé du Tremblay

Ah, qu'on était bien, hier, dans le boisé du Tremblay ! 

Les dernières belles journées de l'été ont quelque chose de spécial que j'ai du mal à définir, mais qui ressemble au bonheur. Une espèce de douceur dans l'air, de quiétude et de silence aussi, ou peut-être la lumière, je ne sais pas.

Le pimbina est en fruits, mais il est préférable d'attendre la première gelée pour cueillir.
Les raisins de la vigne des rivages (Vitis riparia) sont comestibles comme ceux de de la vigne eurasienne (Vitis vinifera). C'est cette vigne qui a sauvé l'eurasienne du phylloxéra. Et pour cause, elle a grandi avec l'insecte, lui aussi, américain et a eu le temps de l'apprivoiser.
Gentiane d'Andrews
Aster à ombelles
La paruline à croupion jaune affiche son identité, même en plumage d'automne
Une aubépine parmi tant d'autres