Pas grand-chose à signaler dans le boisé en ce lendemain de -30° C, à part peut être le passage d'un artiste sponsorisé par Tim Hortons et celui d'un sportif champion du lancer de sac à m... qui oblige les promeneurs à suivre ses exploits depuis un ou deux ans. Force est de constater qu'il ne fait pas beaucoup de progrès. Sartre avait raison.
Un 16 janvier au parc des étangs Antoine-Charlebois
-23°C ce matin au thermomètre. 30 cm de neige demain soir. Quand on n'aime pas, on compte. Mais même s'il faut parfois se donner un bon coup de pied au c... pour sortir, cela en vaut toujours la peine... ne serait-ce que pour apprécier la chaleur de son foyer, au retour. Et puis la lumière était belle sur les étangs. Des étangs, où ça ?
Un 9 janvier au parc de Dieppe
Drôle de journée brumeuse et froide pour profiter d'une vue sur le fleuve et Montréal, mais cette tache verte au milieu du fleuve que google earth appelle Parc de Dieppe m'intriguait.
Alors, nous y sommes allés avec l'idée que nous trouverions peut-être des canards d'hiver sur le fleuve et, pourquoi pas des hareldes kakawis; j'en avais déjà vu sous le pont Jacques Cartier, il y a longtemps.
Drôle de parc avec une belle vue sur Montréal dans la brume et quelques goélands marins sur la banquise.
Alors, nous nous sommes promenés sous les pins rouges à la recherche de hiboux et de chouettes. Sait-on jamais, ils aiment se reposer à l'abri des conifères et il en a été trouvé récemment sur l'île Sainte-Hélène voisine.
Drôle d'idée dans un si petit parc.
Alors, nous sommes rentrés en nous promettant de revenir profiter de la vue par beau temps. Ce doit être chouette la nuit, toutes les lumières de la ville.
La météo des mangeoires
Les mangeoires ont des choses à dire; il suffit de les écouter. Elles vous parlent du temps qu'il va faire et vous racontent des histoires de chasse
Par exemple, quand les oiseaux s'y bousculent frénétiquement, c'est qu'il va neiger dans les heures qui suivent. Par contre, si elles sont désertes alors qu'il neige, comme ce matin, c'est qu'il y a une bonne raison. Sur la photo ci-dessus, elle est facile à trouver: les mangeoires sont à gauche, la raison est perchée sur la clôture.
Il s'agit d'un jeune épervier, probablement de Cooper. Jeune en raison des rayures verticales brunes de la poitrine et "de Cooper" pour plusieurs raisons: la taille de l'oiseau, les rayures de la poitrine qui sont plus fines, plus discontinues et moins marquées que celles d'un épervier brun (elles descendent aussi moins bas sur la poitrine), et la tête plus aplatie au sommet, sans sourcil pâle et net au-dessus de l'œil.
Un phoque à Longueuil
Pendant que ma blonde est partie faire tourner des ballons sur son nez à Montréal, je passe l'aspirateur en jetant quelques coups d'œil par les fenêtres.
Au sous-sol, nous avons un beau poste d'observation qui donne une vue sous la terrasse. Le vent n'y souffle pas, la neige ne s'y accumule pas et la chaleur qui s'échappe toujours un peu de la maison en fait un endroit presque confortable pour la faune. Ce matin, le soleil froid (-28°C ressenti) a poussé les tourterelles à s'y rassembler.
Le dernier des goglus
Un drôle de nom pour un oiseau avec un drôle de chant. C'était au mois de mai dernier dans le Parc national de Plaisance et cela faisait presque une éternité que je n'avais pas vu un goglu des prés.
Si vous en croisez l'été prochain, profitez-en, car lui aussi à tendance à disparaître. Au cours des 40 dernières années, ses effectifs ont chuté de 88 % et il est maintenant classé dans les espèces menacées. Les raisons de ce déclin ne sont pas à chercher bien loin. L'oiseau niche dans les prairies que nous nous sommes accaparés pour en faire des prés. L'oiseau s'en satisferait, mais l'agenda de l'agriculteur industriel est incompatible avec celui de la perpétuation de son espèce et une fauche trop hâtive détruit les nids.
Il y aurait bien des solutions. Par exemple, on pourrait retarder la fauche, laisser une parcelle aux oiseaux ou contourner les nids. Elles fonctionnent dans d'autres pays, avec d'autres espèces d'oiseaux. Ce ne sont pas des mesures faciles à implanter, car il faut fixer des prix et les comptables ne comprennent la valeur de la biodiversité pour les rendements que lorsqu'elle a disparu.
Ne rien faire, c'est encore mieux
Dans le jardin, il y a quelques bouquets d'asters plantés de-ci de-là pour fleurir le début de l'automne. La plupart sont indigènes, mais il y a aussi quelques variétés horticoles (une erreur d'amateur d'aster). Habituellement, je rabats les tiges ligneuses après les premiers gels à une dizaine de centimètres du sol en prenant soin de les couper en biseau acéré pour "emm.." les écureuils (façon Macron avec les antivax) qui viennent enterrer des glands ou déterrer des bulbes. Ça ne sert à rien, mais ça me fait du bien de les imaginer se piquer le museau.
Cette année, poursuivant mon chemin sur la voie du non-interventionnisme en nature et aussi parce que je trouve un certain charme à ces tiges mortes balayées par le vent, j'ai laissé un bouquet intact. J'ai très bien fait; les oiseaux se bousculent pour venir manger les graines, pourtant minuscules, qui tombent sur la neige et pour y trouver refuge contre le vent et l'épervier qui passe. C'est décidé, l'année prochaine, je généralise.
Un 3 janvier dans le boisé du Tremblay
Petite ballade matinale pour se mettre les idées en place avant de se mettre au travail: quand tes narines se collent entre elles à la première inspiration et que ta respiration se condense dans tes cils, c'est qu'il fait -20°C.
Le deuxième oiseau de l'année
C'était hier, après avoir annoncé que mon premier oiseau de l'année était la tourterelle triste, que ce pic flamboyant est venu nous visiter. Si l'année dernière finissait bien, la nouvelle commence de la même façon.
Commun en été au Québec, il est plutôt rare de le voir en hiver qu'il passe plus au sud. Cela peut se comprendre, car contrairement aux autres membres de sa famille qui creusent le bois à la recherche d'invertébrés, lui préfère se nourrir en fouillant le sol. Celui-là est un mâle, à cause des moustaches.
Le premier oiseau de l'année
La tradition chez les observateurs d'oiseaux veut que l'on proclame le premier oiseau observé au départ de la nouvelle année. Même si la tradition confine parfois au concours et en pousse certains à se fermer les yeux jusqu'à ce qu'ils trouvent l'oiseau "extraordinaire", je la suis et vous annonce que mon premier oiseau de l'année est, sans grande surprise, une tourterelle triste.
Une année qui finit bien
Pendant que les imprudents et les brandisseurs de liberté individuelle faisaient la file d'attente devant les centres de test pour la COVID 21, ma blonde et moi nous promenions dans un parc des Îles de Boucherville déserté où nous fûmes accueillis par un renard roux tenant en sa gueule un lapin de réveillon.
Harle couronné et Canard colvert |
Sur l'eau encore libre du chenal principal de l'archipel, plongeurs et barboteurs se tenaient compagnie. Un peu plus loin, nous avons croisé un vison d'Amérique qui s'en allait les rejoindre, puis quelques cerfs de Virginie en tenue de gala. Finalement, l'heure avançant et les visiteurs affluant, nous avons pris le chemin du retour.
Joyeux Noël
Ce matin, ma blonde et moi sommes allés faire un petit tour au parc Michel Chartrand qui, tous les ans, défraye la chronique avec ses "chevreuils" qu'il faudrait abattre au grand dam de ceux qui ne peuvent pas s'empêcher de les nourrir et de favoriser ainsi leur multiplication. Que les cerfs de Virginie profitent de leur Noël, c'est le dernier. La viande sera distribuée à des organismes de restauration charitable.
Les cerfs ne seront bientôt plus les seuls à être relégués au rang de souvenirs, les frênes morts de l'agrile aussi. L'abattage des arbres semble être le seul secteur à ne pas souffrir de la pénurie de main d'œuvre au Québec et les bûcherons allaient bon train. Que les pics et autres utilisateurs de bois morts profitent de Noël, je prédis qu'il leur sera difficile de se loger au printemps.
Malgré le bruit des tronçonneuses et des déchiqueteuses voisines, il y avait cette petite Nyctale dénichée par ma blonde, un beau cadeau de Noël que j'ai laissé dans le "sapin". Cet oiseau nocturne capable de détecter ses proies à l'ouïe avait l'air fâché de l'ambiance sonore.
Une grive vraiment solitaire
Depuis une semaine, chaque fois que j'ouvre la porte d'entrée, je fais fuir une grive solitaire (Catharus guttatus). Elle tourne le coin de la maison et va se réfugier dans le sureau ou sous le patio.
Elle devrait déjà être dans le sud des États-Unis. A-t-elle raté le train, perdu le sud ou trouvé dans notre vigne vierge suffisamment de raisins pour passer l'hiver ? Espérons que les -15° C de ce matin vont réétalonner ses instruments de navigation.
Le régime de la grive se limite à des raisins secs et à de la neige. |
Un 16 décembre à Longueuil
Ce matin, il y avait deux pistes dans la neige devant la porte: celle du raton laveur qui était venu faire la tournée des poubelles pendant la nuit et celle d'un lapin à queue blanche qui vient régulièrement tailler les branches les plus basses de notre faux-cyprès de Nootka (Chamaecyparis nootkatensis).
Un 3 décembre dans le Boisé du Tremblay
Cela faisait un moment que j'avais envie d'aller voir le fameux passage faunique construit sous le futur et feu prolongement du boulevard Béliveau pour permettre soi-disant le passage des rainettes faux-grillons boréales. "Soi-disant", car on a appris plus tard que la ville de Longueuil avait aussi prévu de laisser construire des unités d'habitations de chaque côté du boulevard; ce qui aurait probablement mis fin à la rainette dans le secteur.
Mais tout ça est révolu, les défenseurs du boisé ont fini par faire entendre raison aux décideurs et tous les travaux ont été abandonnés.
En gris, la zone marécageuse; en blanc, le tracé du boulevard |
Tout cela a couté un peu plus de deux millions. Depuis, la mairesse qui a approuvé les travaux a été remplacée. Le directeur général, celui qui "sous l'autorité du comité exécutif, est responsable de l'ensemble de l'administration de la Ville, dont il planifie, organise, dirige et contrôle les activités" (sic le site internet de Longueuil), est toujours en place et les défenseurs du boisé réclament à juste titre la restauration des lieux, ou ce qui s'en approche le plus, dans l'éventualité où la rainette faux-grillon boréale aurait survécu à ces travaux. Mais ça, nous le saurons que le printemps prochain en tendant l'oreille.
Rainette faux grillon de l'Ouest ou boréale ?
Jusqu'à récemment, si vous m'aviez demandé quelle espèce d'amphibiens menacée justifie que l'on protège le boisé Du Tremblay, je vous aurais répondu la rainette faux-grillon de l'Ouest (Pseudacris triseriata).
Pseudacris triseriata par Pfinge at French Wikipedia., CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons |
Eh bien, je me trompais et je vous répondrai dorénavant la rainette faux-grillon boréale (Pseudacris maculata). Pour ma défense, il faut préciser que les deux espèces sont indiscernables à première vue et que je ne faisais que répéter ce qu'on lit partout, même dans la littérature scientifique récente.
Mais voilà, les connaissances scientifiques évoluent avec les techniques d'analyse et l'ADN a remplacé le rapport T/SVL.
Le rapport T/SVL est calculé en divisant la longueur du Tibia par la distance entre le museau (Snout) et l'orifice du cloaque (Vent). Ce rapport est en moyenne de 42,6 chez P. triseriata et de 39,3 chez P. maculata, avec un chevauchement des valeurs extrêmes.
Jusqu'en 2003, on pensait que la rainette faux-grillon boréale était complétement absente du Québec. Jusqu'à ce qu'une équipe de l'entreprise FORAMEC la découvre autour de la baie de Rupert (Jamésie, Québec) lors d'une étude d'impact du détournement de la rivière Rupert par Hydro-Québec (voir ici).
C'est en se basant sur une mention non vérifiée et en faisant jouer des enregistrements des chants de la grenouille que l'espèce fut découverte.
Pseudacris maculata par Tnarg 12345 at English Wikipedia., CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons |
Puis en 2007, une étude américaine portant sur l'ADN des populations de rainettes faux-grillons permet de redessiner la carte de distribution des différentes espèces. Elle confirme également que la faux-grillon boréale est présente dans le sud de l'Ontario et suggère que les populations de faux-grillons de l'Ouest du Québec méridional pourraient avoir été mal identifiées.
En 2015, une équipe de chercheurs québécois se penche sur la question. Ils inventorient des sites du sud du Québec connus pour héberger la faux-grillon de l'Ouest (notamment le boisé du Tremblay) en utilisant des enregistrements sonores des deux espèces. Première constatation, seules les faux-grillons boréales répondent aux appels. Ils prélèvent ensuite des échantillons d'ADN, qui, après analyse, confirment qu'ils appartiennent bien à des rainettes faux-grillons boréales.
Distribution de Pseudacris maculata par Cephas, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons |
Est-ce que cette découverte change quelque chose à la protection de ces grenouilles et des milieux qui les hébergent ? Absolument pas et au contraire, étant donné l'isolement et la fragilité de ces populations de faux-grillon boréale, et de la quantité d'informations scientifiques qu'elles peuvent fournir sur leur biologie, leur évolution et la dynamique de leur population.
Sources: