Un 5 mars sur le mont Saint-Bruno

Un bouquet de conifères à l'écart des coureurs, des fat bikes et des chiens, si on allait jeter un oeil, des fois que...une chouette rayée ferait le plein de vitamine D. 


Un peu de verdure dans un monde de brutes

Ce n'est pas parce qu'il va tomber 15 ou 20 cm de neige aujourd'hui que l'on n'a pas le droit de croire en l'arrivée des beaux jours. Je parle du printemps, pas de ceux où les hommes vivront d'amour. Ça, je n'y crois plus.

Et je peux vous donner deux preuves. Je ne parle pas de l'Ukraine, mais du printemps. D'abord, j'ai reçu la visite d'un démarcheur de graines de gazon qui a ouvert de grands yeux incrédules quand je lui ai dit que je n'en avais presque plus et que j'essayais de me débarrasser de ce qui reste.

Ensuite, mon agrume - je ne me rappelle plus quel pépin j'ai planté (citron, pamplemousse, orange, clémentine ou lime) - est en train de me faire un feu d'artifices de rameaux et de feuilles. Lui aussi est impatient de sortir dans le jardin. 

La germinomanie

Ceci n'est pas une nature morte

J'ai une manie: partout où je passe, je ramasse des fruits et des graines. À la fin de l'année, je les range dans des petites boîtes hermétiques dans lesquelles j'ai pris soin de placer un essuie-tout humide et je les place dans le bas de mon frigo avec l'intention de lever une potentielle dormance physiologique. 

Une fois dans l'hiver, je les sors pour les nettoyer et enlever d'éventuelles moisissures, et puis je les replace. 

Au printemps, je casse délicatement les noix et les noyaux les plus durs pour exposer l'amande (la graine) et lever une éventuelle dormance physique. Certaines enveloppes sont tellement étanches que ni l'eau ni l'air ne passent. Et après, je les sème.

De gauche à droite: Sorbier du Lac Saint-Jean, Hamamélis du Mont-Saint-Bruno, cerisier du Tremblay, Chêne rouge du Tremblay (brun pâle), Chêne à gros fruits de Notre-Dame-du Nord (brun foncé) et Caryer ovale du Tremblay.

Cette année, si tout se passe bien, j'aurais peut-être des médéoles de Virginie, des sorbiers d'Amérique, des hamamélis de Virginie, des chênes et des caryers ovales.

Escapade dans la Péninsule de Niagara

Si vous êtes amateurs de goélands ou de mouettes au point d'ergoter sur leur âge, alors vous avez sûrement déjà fait le pèlerinage à la Mecque des laridés; je veux parler de ce corridor de 56 kilomètres entre les lacs Érié et Ontario qu'est le Niagara. En automne et en hiver, des observateurs de tout le continent viennent y chercher l'improbable hybride ou l'espèce rare de l'Ouest perdue au milieu des milliers qui se rassemblent dans la région. Personnellement, il me reste tant de choses plus ordinaires à découvrir que j'ai du mal à approfondir un seul sujet et cette escapade dans la péninsule de Niagara était plus une occasion d'apprécier l'ensemble de l'œuvre que les détails.

Avant de partir, ma blonde avait noté, au cas où, quelques "points chauds" de la région pour l'observation des oiseaux, mais finalement, les surprises furent ailleurs.

La première fut à Niagara-on-the-Lake (Ici) sur la rive du lac Ontario à l'embouchure du Niagara. Sur des eaux étonnamment libres de glace flottaient plusieurs radeaux de Bernaches du Canada, de fuligules et de garrots de toutes sortes, et surtout de Macreuses à ailes blanches, et encore mieux de Hareldes kakawi(s). En quelques minutes, nous venions d'exploser notre nombre d'observations de cette espèce en passant de quelques doigts de la main à plus d'une centaine. 

Le lac Ontario vu de Niagara-on-the-Lake. À droite, sur la rive américaine, le Fort Niagara.

Un Harelde kakawi à portée d'objectif, mais peu coopératif. Ce canard plongeur passe son été sur les lacs de la toundra où il niche, En hiver, une partie de la population de cet oiseau circumpolaire vient hiverner sur les Grands Lacs. Il en est signalé quelques-uns, parfois, en hiver, sur le fleuve Saint-Laurent dans la région de Montréal, mais jamais dans de telles proportions.  

Le lendemain en remontant le Niagara vers le lac Érié, nous nous sommes mis en quête d'un accès au cours d'eau. Apparemment, une tempête de neige nous avait précédé de quelques jours et la route avait été dégagée en chassant la neige sur les bas-côtés, transformant les trottoirs, la Niagara Parkway Recreation Trail qui longe l'étroit espace entre la route et l'eau et la plupart des stationnements le long de la route en dépôts à neige. 

Nous avons quand même fini par trouver notre bonheur (Là) et un troglodyte de Caroline, un oiseau que plus personne ne regarde en Ontario, puisqu'il y est comme chez lui, mais qui pour nous est une observation rare. 

Bec long et recourbé, sourcil blanc net, flancs chamois et quelques autres petits trucs permettent de reconnaitre le troglodyte de Caroline. Depuis une dizaine d'années, il étend son territoire dans le sud du Québec au point d'y nicher et même d'y passer l'hiver. Si vous êtes Montréalais et chanceux, vous pourriez peut-être en rencontrer dans un parc de l'île.

Mais notre observation la plus inattendue fut celle de ces centaines de cygnes siffleurs tout au long du Niagara en amont des chutes (Et ici) jusqu'au lac Érié; un lac qui correspondait plus que le lac Ontario à l'image que je me faisais des Grands Lacs en cette saison.

Le cygne siffleur est un autre oiseau boréal qui vient hiverner dans la région des Grands Lacs. On le voit exceptionnellement au Québec lors de sa migration.
Le lac Érié vu de Crystal Beach Waterfront Park (Et là). Nous sommes sur l'eau.

Deux couleurs, quatre sexes

Le bruant à gorge blanche dans sa forme éclatante

Le bruant à gorge blanche (Zonotrichia albicollis) - vous savez, celui qui chante où es-tu Frédérique, Frédérique ? - est un oiseau commun, mais peu ordinaire. 

D'abord, l'espèce affiche deux types de plumage, et ce, indépendamment du sexe. C'est ce qu'on appelle des morphotypes et c'est une caractéristique qui existe chez d'autres espèces. On peut donc observer un morphotype "éclatant" caractérisé par des rayures blanches et noires très contrastées sur la tête et par une gorge blanche qui tranche sur la poitrine grise, ainsi qu'un morphotype "terne" aux rayures beiges et brun foncé et à la gorge moins contrastée. Ces deux formes vivent ensemble, dans le même habitat et dans des proportions à peu près équivalentes. 

La deuxième particularité est que la différence de plumage est associée à une différence de comportement. Les ternes sont plus enclins à la monogamie, plus attentifs à leur progéniture, moins agressifs et moins bons chanteurs que les "éclatants".

Le bruant à gorge blanche dans sa forme terne

Enfin la dernière particularité, et non la moindre puisque c'est la seule espèce chez laquelle on l'a observée jusqu'à présent, est que les individus d'une forme, quel que soit leur sexe, ne s'accouplent qu'avec les individus de l'autre forme. Autrement dit, madame et monsieur "éclatants" ne sont attirés que par les individus de sexe et de couleur opposés, et inversement. Il y a quand même quelques exceptions (1,5 % des couples sont de la même forme), mais qui s'expliquent généralement par l'absence de disponibilité de la forme opposée. 

Chez les bruants à gorge blanche, c'est un peu comme si la couleur définissait un autre sexe, portant à quatre le nombre de genres possibles: mâle/éclatant, mâle/terne, femelle/éclatante et femelle/terne; chaque individu ne pouvant s'accoupler qu'avec 1/4 des autres.

Chez les mammifères, le sexe est déterminé par la paire de chromosomes sexuels X et Y; la femelle étant XX et le mâle XY. Chez les oiseaux, ce sont les chromosomes W et Z qui déterminent le sexe; la femelle étant WZ et le mâle ZZ. 

Évidemment, la chose a intéressé les scientifiques, notamment la biologiste Elaina M. Tutle (†) et son mari Rusty A. Gonser. Soupçonnant une cause génétique, ils sont allés examiner le chromosome 2 des bruants connu pour héberger plusieurs gènes contrôlant le comportement des oiseaux et la couleur de leur plumage. Ils ont alors découvert que les bruants ternes avaient deux chromosomes 2 "normaux" (les chromosomes vont toujours par paires) tandis que les bruants éclatants avaient un chromosome 2 "normal" apparié à un chromosome 2 "muté". Cette mutation consiste en une inversion d'un long fragment de l'un des bras du chromosome (un chromosome ressemble un X avec quatre bras attachés en un point commun, le centromère). Comme les gènes (un millier environ) situés dans l'inversion s'expriment moins, il en résulte des différences de comportement et de couleur.

Le plus fascinant dans cette histoire est que le maintien du chromosome 2m dans la population est favorisé par le comportement d'accouplement croisé. Ainsi, lorsqu'un(e) terne (2/2) s'accouple avec un(e) éclatant(e) (2/2m), les lois de Mendel prédisent que leurs descendants seront: 2/2 (terne), 2/2m (éclatant), 2/2m (éclatant) ou 2/2 (terne), puisqu'un descendant reçoit un chromosome de chaque parent. En d'autres termes, à la naissance, les probabilités d'obtenir les deux morphotypes sont identiques: 50 % d'éclatants et 50 % de ternes.

En simplifiant à l'extrême, selon les lois de Mendel, un accouplement de ternes (2/2 X 2/2) donnerait 100 % de ternes.
Un accouplement d'éclatants (2/2m X 2/2m), pourrait donner 2/2, 2/2m, 2/2m, 2m/2m, mais les oisillons 2m/2m ne survivent quasiment pas à la nichée (0,15 % seulement des bruants sont 2m/2m, sans que l'on en connaisse vraiment les raisons). Les probabilités d'obtenir un terne sont donc d'environ 33 % et celle d'avoir un éclatant d'eviron 67 %.
Maintenant, si on suppose que tous les accouplements sont possibles (terne x terne, éclatant x éclatant et terne x éclatant) et ont la même chance de se produire (pas de préférences d'un type pour l'autre), la probabilité d'obtenir des ternes est de 64 % et celle d'obtenir des éclatants de 36 %, à la première génération.

Sources:
Tuttle, E et al. (2016). Divergence and functional degradation of a sex chromosome-like supergene. Current Biology, 26 (3), 344–350.
Arnold, C. (2016). The sparrow with four sexes. Nature, 539 (7630), 482–484.

Si la carotte m'était contée

La carotte cultivée (Daucus carota subsp. sativus) est à la carotte sauvage (Daucus carota subsp. carota) ce que le chien est au loup: le fruit, ou plutôt le légume, de longues années de sélection. Toutefois, contrairement au loup dont nous ne supportons pas la compétition et que nous avons tenté de faire disparaitre, la carotte sauvage, elle, a échappé à notre vindicte et nous a suivi discrètement dans tous nos déplacements, profitant de notre appétit pour sa congénère apprivoisée. Aujourd'hui, elle est présente sur tous les continents, à l'exception bien sûr de l'Antarctique. 

Souvent ignorée, la carotte sauvage est pourtant facile à reconnaître avec ses feuilles découpées et ses ombelles de petites fleurs blanches ponctuées au centre d'une unique fleur pourpre ou rose; ces mêmes ombelles se transformant une fois fanées en corbeilles brunâtres. Cet été, essayez d'en trouver une et quand vous penserez l'avoir trouvée, tirez sur la tige pour déterrer sa racine blanchâtre et sentez-la. Attention cependant à ne pas la confondre avec de la ciguë ou de la cicutaire, deux plantes de la même famille (les apiacées ex-ombellifères) qui lui ressemblent, mais ne vous laisseront aucune chance d'y regoûter.

La famille des apiacées compte environ 3820 espèces réparties dans 466 genres. Elle est présente sur tous les continents, mais est mieux représentée dans les régions tempérées de l'hémisphère nord. Le genre Daucus serait apparu dans les régions tempérées d'Eurasie; la plus grande diversité des espèces se trouvant dans le bassin méditerranéen. Quant à l'espèce Daucus carota, elle serait originaire de l'ouest de l'Asie. 

Comme pour le loup, la domestication de la carotte remonte à loin. Les premières traces archéologiques de son utilisation sont des graines de carotte sauvage trouvées sur des sites de campements vieux de 4500 ans (l'âge du bronze) en Suisse et dans le sud de l'Allemagne. À cette époque, la carotte n'était pas encore cultivée et on utilisait les graines comme épice ou comme médicament. Sa domestication s'est produite plus tard et ailleurs.

Contrairement à ce que l'on pourrait peut-être croire, le processus de sélection des carottes cultivées et d'autres légumes racines n'a pas pour but initial d'améliorer le goût, mais plutôt d'augmenter la productivité et la facilité de culture. Dans le cas de la carotte, cela signifie favoriser les plantes donnant une racine de grande taille sans ramifications latérales et encourager le comportement bisannuel. Le goût (teneur en sucre), la couleur, la forme et la résistance aux facteurs abiotiques sont venus après.
Favoriser le comportement bisannuel (un cycle de vie sur deux ans) de la carotte est important, car c'est au cours de la première année que la plante stocke dans sa racine les nutriments qui serviront à sa floraison l'année suivante. Une fois que la plante a fleuri, sa racine devient fibreuse et immangeable. Or, certaines carottes sauvages, sous les climats chauds, se comportent presque comme des annuelles. Leur floraison est tellement hâtive qu'elles ne développent pas de réserves importantes et ne sont donc pas intéressantes pour la consommation.   

Les premières preuves d'un maraichage de la carotte remontent au Xe siècle de notre ère, dans une région englobant l'Afghanistan, le Pakistan et l'Iran. À l'époque, la racine se déclinait en deux couleurs: pourpre et jaune. À partir du XIe siècle, elle commence son extension vers l'ouest: Turquie, Syrie, Afrique du Nord et Espagne, probablement propagée par les Arables au cours de leur conquête de l'Ouest. La préférence des populations occidentales se porte alors sur la couleur jaune, bien que l'on trouve aussi de la pourpre. Au XIVe siècle, elle atteint la France et l'Angleterre.

Mais la carotte est ambitieuse, elle veut dominer la planète et part à la conquête de l'est un peu plus tard, vers le XIIIe siècle, en commençant par l'Inde, la Chine pour finalement aboutir au Japon, au XVIIe. Autres lieux autres mœurs, dans ces régions, on préfère les pourpres et au XVIIIe, on crée même en Inde et en Chine des variétés franchement rouges. 

Mais revenons en Europe où à partir du XVIe siècle, le nombres de variétés explose: des blanches, des jaunes, des pourpres, des rouges et les premières carottes orange qui vont rapidement devenir populaires et supplanter les autres. D'ailleurs, les "orange" seront les premières à franchir l'Atlantique et à s'installer en Amérique du Nord où elles s'installeront inévitablement avec leurs inséparables congénères sauvages.
Le développement de la phylogénétique a permis d'écarter l'hypothèse selon laquelle la carotte sauvage aurait été introduite en Amérique du Nord au cours des premières migrations humaines en provenance d'Asie, il y a 18000 à 20000 ans. Les analyses génomiques montrent qu'il y a trop de ressemblances entre la carotte sauvage eurasienne et l'américaine pour une séparation aussi lointaine dans le temps. 

La conquête de l'Amérique du Sud, quant à elle, se fera plus tard, au XVIIIe, avec la découverte d'or dans le sud du Brésil qui attirera des émigrants de Hollande, d'Espagne et d'Allemagne transportant dans leurs bagages de quoi se nourrir et notamment la précieuse carotte.

L'apparition des carottes orange et l'engouement qu'elles ont suscité est encore une source d'interrogation et de discussion chez les scientifiques qui ont échafaudé toute sorte d'hypothèses non résolues à ce jour : (1) elles dériveraient directement des carottes sauvages, (2) elles résulteraient de l'hybridation entre une carotte cultivée et une sous-espèce méditerranéenne de carotte sauvage (Daucus carota subsp. maximus), (3) elles seraient le fruit d'une sélection à partir de variétés jaunes et (4) elles seraient issues de l'hybridation entre une variété européenne de carotte cultivée et la carotte sauvage. 

Concernant leur succès, certains pensent que la couleur orange aurait été un indicateur facilitant le travail de sélection ou de conservation des variétés par les maraichers. En effet, introduisez un gène sauvage dans une carotte orange (n'oubliez pas que les sauvages sont partout au bord des champs) et ses descendants seront blancs, faciles à repérer et à écarter. Par contre, le même phénomène chez les jaunes et les pourpres peut facilement passer inaperçu, se traduisant par des nuances de couleur qu'un jardinier, même non daltonien, peut manquer: un jaune moins jaune, un rouge moins rouge, etc. La conséquence serait alors la perpétuation d'une variété non désirée. Attention, cela reste une hypothèse, mais comment résister à une hypothèse aussi séduisante ?   

Généralement, la sélection des plantes par l'agriculture se traduit par un effet d'étranglement ou de goulot génétique; la diversité des gènes des plantes sélectionnées diminuant drastiquement comparée aux sauvages. Sauf chez la carotte cultivée qui continue à faire preuve d'une grande diversié génétique après tant d'années de manipulation. L'être humain aurait-t-il renoncé devant la difficulté à éliminer la sauvagerie de la carotte ou a-t-il compris l'intérêt qu'il y avait à les conserver ?     


Sources:

Simon P. W. (2000). Domestication, Historical Development and Modern Breeding of Carrot. Plant Breeding Reviews. 19.
Simon P. et al. (2019). The Carrot Genome. Compendium of Plant Genomes. Springer Nature Switzerland.
Iorizzo M. et al. (2013). Genetic structure and domestication of carrot (Daucus carota subsp. sativus) (Apiaceae). American Journal of Botany, 100 (5), 930–938.

Un 23 janvier dans le boisé du Tremblay

Pas grand-chose à signaler dans le boisé en ce lendemain de -30° C, à part peut être le passage d'un artiste sponsorisé par Tim Hortons et celui d'un sportif champion du lancer de sac à m... qui oblige les promeneurs à suivre ses exploits depuis un ou deux ans. Force est de constater qu'il ne fait pas beaucoup de progrès. Sartre avait raison. 

Un 16 janvier au parc des étangs Antoine-Charlebois

-23°C ce matin au thermomètre. 30 cm de neige demain soir. Quand on n'aime pas, on compte. Mais même s'il faut parfois se donner un bon coup de pied au c... pour sortir, cela en vaut toujours la peine... ne serait-ce que pour apprécier la chaleur de son foyer, au retour. Et puis la lumière était belle sur les étangs. Des étangs, où ça ?



Un 9 janvier au parc de Dieppe

Drôle de journée brumeuse et froide pour profiter d'une vue sur le fleuve et Montréal, mais cette tache verte au milieu du fleuve que google earth appelle Parc de Dieppe m'intriguait. 

Alors, nous y sommes allés avec l'idée que nous trouverions peut-être des canards d'hiver sur le fleuve et, pourquoi pas des hareldes kakawis; j'en avais déjà vu sous le pont Jacques Cartier, il y a longtemps.

Drôle de parc avec une belle vue sur Montréal dans la brume et quelques goélands marins sur la banquise. 

Alors, nous nous sommes promenés sous les pins rouges à la recherche de hiboux et de chouettes. Sait-on jamais, ils aiment se reposer à l'abri des conifères et il en a été trouvé récemment sur l'île Sainte-Hélène voisine.

Drôle d'idée dans un si petit parc.

Alors, nous sommes rentrés en nous promettant de revenir profiter de la vue par beau temps. Ce doit être chouette la nuit, toutes les lumières de la ville.  

La météo des mangeoires

Les mangeoires ont des choses à dire; il suffit de les écouter. Elles vous parlent du temps qu'il va faire et vous racontent des histoires de chasse

Par exemple, quand les oiseaux s'y bousculent frénétiquement, c'est qu'il va neiger dans les heures qui suivent. Par contre, si elles sont désertes alors qu'il neige, comme ce matin, c'est qu'il y a une bonne raison. Sur la photo ci-dessus, elle est facile à trouver: les mangeoires sont à gauche, la raison est perchée sur la clôture.  

Il s'agit d'un jeune épervier, probablement de Cooper. Jeune en raison des rayures verticales brunes de la poitrine et "de Cooper" pour plusieurs raisons: la taille de l'oiseau, les rayures de la poitrine qui sont plus fines, plus discontinues et moins marquées que celles d'un épervier brun (elles descendent aussi moins bas sur la poitrine), et la tête plus aplatie au sommet, sans sourcil pâle et net au-dessus de l'œil.

Un phoque à Longueuil

Pendant que ma blonde est partie faire tourner des ballons sur son nez à Montréal, je passe l'aspirateur en jetant quelques coups d'œil par les fenêtres. 

Au sous-sol, nous avons un beau poste d'observation qui donne une vue sous la terrasse. Le vent n'y souffle pas, la neige ne s'y accumule pas et la chaleur qui s'échappe toujours un peu de la maison en fait un endroit presque confortable pour la faune. Ce matin, le soleil froid (-28°C ressenti) a poussé les tourterelles à s'y rassembler. 

Le dernier des goglus

Un drôle de nom pour un oiseau avec un drôle de chant. C'était au mois de mai dernier dans le Parc national de Plaisance et cela faisait presque une éternité que je n'avais pas vu un goglu des prés

Si vous en croisez l'été prochain, profitez-en, car lui aussi à tendance à disparaître. Au cours des 40 dernières années, ses effectifs ont chuté de 88 % et il est maintenant classé dans les espèces menacées. Les raisons de ce déclin ne sont pas à chercher bien loin. L'oiseau niche dans les prairies que nous nous sommes accaparés pour en faire des prés. L'oiseau s'en satisferait, mais l'agenda de l'agriculteur industriel est incompatible avec celui de la perpétuation de son espèce et une fauche trop hâtive détruit les nids.

Il y aurait bien des solutions. Par exemple, on pourrait retarder la fauche, laisser une parcelle aux oiseaux ou contourner les nids. Elles fonctionnent dans d'autres pays, avec d'autres espèces d'oiseaux. Ce ne sont pas des mesures faciles à implanter, car il faut fixer des prix et les comptables ne comprennent la valeur de la biodiversité pour les rendements que lorsqu'elle a disparu.          

Ne rien faire, c'est encore mieux

Dans le jardin, il y a quelques bouquets d'asters plantés de-ci de-là pour fleurir le début de l'automne. La plupart sont indigènes, mais il y a aussi quelques variétés horticoles (une erreur d'amateur d'aster). Habituellement, je rabats les tiges ligneuses après les premiers gels à une dizaine de centimètres du sol en prenant soin de les couper en biseau acéré pour "emm.." les écureuils (façon Macron avec les antivax) qui viennent enterrer des glands ou déterrer des bulbes. Ça ne sert à rien, mais ça me fait du bien de les imaginer se piquer le museau.

Cette année, poursuivant mon chemin sur la voie du non-interventionnisme en nature et aussi parce que je trouve un certain charme à ces tiges mortes balayées par le vent, j'ai laissé un bouquet intact. J'ai très bien fait; les oiseaux se bousculent pour venir manger les graines, pourtant minuscules, qui tombent sur la neige et pour y trouver refuge contre le vent et l'épervier qui passe. C'est décidé, l'année prochaine, je généralise.  

Un 3 janvier dans le boisé du Tremblay

Petite ballade matinale pour se mettre les idées en place avant de se mettre au travail: quand tes narines se collent entre elles à la première inspiration et que ta respiration se condense dans tes cils, c'est qu'il fait -20°C.

Le deuxième oiseau de l'année

C'était hier, après avoir annoncé que mon premier oiseau de l'année était la tourterelle triste, que ce pic flamboyant est venu nous visiter. Si l'année dernière finissait bien, la nouvelle commence de la même façon. 

Commun en été au Québec, il est plutôt rare de le voir en hiver qu'il passe plus au sud. Cela peut se comprendre, car contrairement aux autres membres de sa famille qui creusent le bois à la recherche d'invertébrés, lui préfère se nourrir en fouillant le sol. Celui-là est un mâle, à cause des moustaches.

Le premier oiseau de l'année

La tradition chez les observateurs d'oiseaux veut que l'on proclame le premier oiseau observé au départ de la nouvelle année. Même si la tradition confine parfois au concours et en pousse certains à se fermer les yeux jusqu'à ce qu'ils trouvent l'oiseau "extraordinaire", je la suis et vous annonce que mon premier oiseau de l'année est, sans grande surprise, une tourterelle triste.