La Lobélie bleue

Lobélie bleue est un nom plus agréable que celui donné en latin Lobelia syphilitica qui pourrait se traduire par Lobélie syphilitique ou du syphilitique et qui lui a été donné parce que sa racine aurait été utilisée pour soigner la syphilis. 

Au jardin, il s'en faut de peu pour qu'elle soit indigène, car bien qu'elle soit originaire de l'est de l'Amérique du Nord, sa limite septentrionale naturelle ne dépasse pas l'Ontario. 

Je ne me souviens plus comment elle est arrivée là. Tout ce que je peux dire est qu'elle s'y plait et se resème partout autour du bassin; j'en enlève même parfois. Peut-être faudra-t-il revoir les cartes de distribution ?

Pelecinus polyurator: la guêpe scorpion

Chaque année, j'en croise une ou deux dans le jardin.  Chaque fois, je suis surpris et ravi de la retrouver. Surpris, car sa survie ne tient qu'à un fil ou plutôt à un hanneton, et ravi, car je la trouve élégante avec sa robe noire et luisante, ses lignes élancées et le galbe outrancier de ses mollets. 

Qui plus est, elle n'est pas dérangeante. Elle vaque à ses occupations sans s'occuper de nous et nous essayons de lui rendre la pareille. La plupart du temps, elle survole le gazon à la recherche d'une larve de hanneton enfouie dans le sol; ce qu'on appelle ici un ver blanc. Elle y pondra un œuf grâce à son abdomen allongé qui l'a fait ressembler à un scorpion. 

La pauvre a du mérite. Bien que les pesticides soient bannis du jardin et les vers blancs tolérés, le gazon se fait plutôt rare. Ailleurs, c'est pire ! Du gazon, il y en a et c'est du beau, du brillant, de l'immaculé. Par contre, l'herbe est bien la seule vie qui parvient à se maintenir tant elle est gorgée de produits phytosanitaires, ceux qui riment avec parkinson et cancer. Autant dire que la larve de hanneton doit s'y faire rare, probablement autant que la guêpe et la moufette, puisque toutes sont liées.

Heureusement, la guêpe a un avantage reproductif. Elle a le choix de s'accoupler ou non. La parthénogénèse, c'est quand même bien pratique pour assurer sa descendance; nul besoin d'un mâle.  

La grenouille qui n'aimait pas l'eau

Dans un jardin de Longueuil peuplé de créatures fantastiques vit une rainette extraordinaire. Elle a élu domicile dans un pot de basilic perché sur la rambarde d'un patio, où elle vit, recluse et heureuse, loin de l'agitation du bassin. 

Son bonheur serait total si la propriétaire du patio ne venait pas arroser ses fines herbes de temps à autre. C'est que la grenouille n'aime pas l'eau et il suffit qu'une goutte soit versée par un arrosoir ou un verre renversé pour qu'elle surgisse sur le pas de sa porte en grognant.

C'est la deuxième locataire; la première s'est suicidée un peu plus tôt cette année pour les mêmes raisons. À la suite d'un arrosage, elle s'est jetée brusquement au pied du patio et nous ne l'avons plus jamais revue.

Happy day dans les astéracées

Au jardin, la floraison des rudbeckies, échinops, eupatoires et échinacées bat son plein. Quelques représentants de la famille des Apidés en profitent pour couler des jours heureux... et moi, pour les espionner.

Une nouvelle venue

Au jardin, les plantes s'introduisent spontanément au rythme d'environ une espèce par an. Cette année, c'est une verveine hastée qui vient de faire son apparition. Comme elle aime les milieux humides, elles s'est installée au bord du petit bassin. Espérons qu'elle se plaise et décide de rester !

Avec le temps, le jardin ressemble de plus en plus au boisé du Tremblay dont il n'est finalement qu'un membre amputé. 

Ce qu'il y a de mieux à faire pour la nature...

...est de ne rien faire. J'en ai eu la preuve encore aujourd'hui.

Au fond du jardin, derrière la clôture, il y a le boisé du Tremblay, un milieu naturel sur lequel je veille comme un pitbull sur son os. Il suffit que j'entende une chainsaw, une hache ou une branche qui craque pour que je me précipite contre la clôture pour grogner et montrer les dents. 

Il y a quelques semaines, quelques mois même, la ville est venue couper les frênes morts et quelques autres essences mal proportionnées ou n'affichant pas la rectitude réglementaire, ne laissant qu'une clairière et deux érables rouges. Devant la désolation, j'avais l'intention de remplir le vide avec des espèces indigènes, mais finalement, je ne ferai rien.

Aujourd'hui, j'ai eu la surprise de trouver un érable à sucre, un érable rouge supplémentaire, un chèvrefeuille haut d'un bon mètre cinquante que je n'ai jamais vu arriver et un cerisier qui semble être de Virginie, un plus haut que moi et plein de cerises. Comme je ne l'ai pas vu fleurir au printemps, il faut croire que j'ai passé le la première moitié de l'année ailleurs... Le problème est de savoir où. 

Tranche de vie

Fin d'après-midi, c'est l'heure du rituel de l'apéro. Demi-coupe de vin blanc pour elle, rouge pour moi,  graines de tournesol pour les tamias qui participent à la cérémonie. Je reprends la lecture du dernier Géo et de son reportage sur la Norvège, les oreilles se partagent entre le son relaxant de la cascade et les chants d'oiseaux alentours. Tiens, le troglodyte familier qui chantait ce matin est toujours là. On est bien, c'en est presque gênant.

Un bain de mousse

Entre deux des racines qui rayonnent du bouleau, je veille jalousement au bien-être d'un tapis de mousse. Rien n'a l'autorisation de s'y établir, ni l'herbe-aux-écus du quadrant voisin, ni l'ambitieuse bugle rampante qui profite du moindre relâchement pour jouer au poutine de jardin.

Bien qu'elle se débrouille très bien toute seule pour étouffer toute tentative de colonisation, je l'aide parfois à faire la police dans l'espoir qu'un jour, elle couvre assez de surface pour pouvoir me rouler dedans.

Cultiver des mauvaises herbes

Je me souviendrai toujours de cette question de ma voisine à propos d'une fleur qui poussait dans son jardin: "Jean-François, est-ce que c'est une mauvaise herbe ?"

L'interrogation, simple en apparence, était pourtant complétement vide de sens pour moi et je bredouillais un "ça dépend" en attendant de trouver mieux et d'analyser la question. Qu'entendait-elle par mauvaise herbe ? Une herbe indésirable, une herbe sauvage, une herbe inutile, une herbe qui ne s'achète pas dans une jardinerie ?  

Si la fleur - je ne me souviens plus laquelle - avait attiré son attention, c'est qu'elle la trouvait plutôt jolie ou remarquable. Ce n'était donc pas une herbe complètement inutile, à moins que le plaisir que procure la contemplation ne soit pas utile. 

La trouvait-elle trop jolie pour être sauvage et gratuite ? Pas assez chère pour être conservée au milieu de la pelouse ? 

Quant à la nature indésirable de la plante, je ne pouvais pas répondre pour elle, le désir étant quelque chose de très personnel et pas toujours partagé. Par exemple, je cultive dans mon jardin un tas de plantes que beaucoup jugent indésirables comme entre autres des piloselles officinales, des épervières orangées, des salsifis, des asclépiades, deux pissenlits, une patience crépue et même un bouquet d'orties. 

La consoude du boisé

Cela fait maintenant une couple d'années que cette consoude s'est installée au bord du chemin. Elle doit son existence à l'aménagement du sentier; une graine dans le concassé, qui attendait le moment propice pour germer. 

Chaque printemps, je la guette. Avec le vieux saule et bien d'autres végétaux, elle me sert d'amer quand je navigue dans le boisé du Tremblay. Quand je la croise à gauche, je m'éloigne de la maison; à droite, je n'en ai plus pour longtemps avant de regagner le port.

Ce printemps, j'ai bien cru la perdre. Avec cette barrière que les promeneurs contournent par la gauche, j'ai vu son emplacement piétiné à la fonte des neiges, bien avant qu'elle ne paraisse. Si j'avais eu l'audace, j'aurais pu planter un écriteau: "Attention, consoude à venir, faites un détour". 

Mais bon, le geste ne suit pas toujours l'intention. Et puis, elle a fini par émerger du sol et j'ai compris que je n'étais pas le seul à la considérer et à l'apprécier. 

Mission accomplie

Je reviens tout juste d'aller confier mes épluchures de légumes, filtres à café, papiers déchiquetés et autres déchets d'origine végétale au composteur du jardin et, chemin faisant, j'ai trouvé qu'il régnait dans notre jungle un agréable parfum de vivre-ensemble-en-harmonie dont il a été difficile de se détourner. Les pivoines et le chalef y sont sûrement pour quelque chose.   

Un p'tit tour de jardin

L'activité des abeilles sauvages est retombée autour des vieux "2 par 4" aménagés à leur intention; la ponte est finie. On a profité du retour au calme pour remplir un vieux gallon de peinture avec des fleurs et les suspendre avec des bouts de corde à linge. On essaie de laisser le moins d'empreinte possible sur notre environnement et de recycler au maximum.
Dans le bassin, les trèfles d'eau (Menyanthes trifoliata) se sont faits pousser la barbe.
Autour du bassin, on nage en pleine préhistoire végétale. La prêle des champs et l'onoclée sensible sont venues du bois derrière la clôture pour se réfugier dans le jardin. Grand bien leur a fait, car celles qui n'ont pas voulu bouger ont aujourd'hui disparu.
Pour les petits prêcheurs, c'est une autre histoire. J'ai semé des fruits récupérés je-ne-sais-plus-où et ils ont tellement aimé le terrain que nous en retrouvons partout.
Cette année, nous nous sommes faits de nouveaux amis: un couple de bruants vraiment familiers qui viennent toujours ensemble finir les restes des colverts, lesquels font la sieste près du thé du Labrador que je ne pourrai pas approcher sans les déranger; une autre fois.
En attendant, dans la même famille, voici quelques-uns des rhododendrons qui nous tirent un feu d'artifice silencieux au fond du jardin. 

Le bunker

Les tamias du jardin adorent leur terrasse avec piscine et rampe d'accès. Placée au coin du cabanon, à proximité d'un terrier qu'ils utilisent comme garde-manger, ils viennent souvent s'y désaltérer ou observer les environs avant de se lancer à découvert pour aller récupérer les graines que nous éparpillons dans l'herbe.

Les écureuils gris ont vite repéré cette manne et ont décidé d'occuper le terrain. Ce fut l'occasion pour quelques-uns de s'offrir un voyage en "hybride", loin, loin, loin... Pour essayer de contrer les autres, nous avons installé le "bunker". Évidemment, ça ne fonctionne pas (ils réussissent à se faufiler), mais comme il plait beaucoup aux tamias qui s'y sentent en sécurité, on le laisse. D'ailleurs, dès qu'ils sentent notre présence dans le jardin, ils se manifestent en nous tournant autours puis vont s'installer dans le bunker pour attendre leur repas.

Un 20 mai à Longueuil

Oui, je sais, j'écris moins en ce moment. Moins le goût, plus de rénovations et puis un petit fond d'écodéprime ou de "à-quoi-bon". Allez savoir ! Il faut bien dire que l'environnement n'intéresse pas grand monde.

Les Ukrainiens, je peux comprendre, ils ont d'autres "poutine" à fouetter. Mais les Canadiens, ce peuple pacifique dont les soldats traversent les paysages enneigés et les déserts fièrement revêtus de leur tenue caquis, pourquoi tant de mépris pour l'avenir climatique. Si ce n'est pour vos enfants, je ne sais pas, moi, faites au moins un geste pour vos chiens ! Quel futur allez-vous leur laisser ?

En tout cas aujourd'hui, avec cette lumière, cette douceur, cette journée sans tondeuse, sans scie à onglet et après avoir lu le dernier billet de Pattie O'Green, j'ai eu un regain.

Et puis, il y a ces violettes, des affines, qui commencent à faire un beau tapis entre mon driveway et celui du voisin. Cela n'a pas été facile. Tout ce que j'ai tenté pour faire pousser un couvre-sol végétal a échoué: sol trop pauvre et trop sec, coupe-bordure zélé du voisin, sans parler de son contrat d'épandage d'herbicide. Mais j'ai persévéré...tout plutôt que cet horrible paillis rouge qu'il aimerait tant étaler. 

Ce midi, il y avait aussi le chèvrefeuille en fleurs qu'un gros bourdon pataud essayait de butiner. C'est un fruit que j'ai semé il y a peut-être 4 ou 5 ans. Aujourd'hui, il est assez haut pour faire notre bonheur quand nous dinons sur la terrasse. Ne dit-on pas : "pour vivre heureux, vivons cachés."  

Un 11 mai à Longueuil

Aujourd'hui, ménage du cabanon de jardin sous la supervision attentive du tamia rayé au cas où les souris auraient laissé traîner une graine.

Au jardin, si ce n'était les sanguinaires défleuries, on pourrait presque se croire en France, avec un mois de retard tout de même.

Un 5 mai à Longueuil

De retour de Pointe-Pelée en fin de journée, la première chose que nous avons faite avant même d'ouvrir la porte est un tour de jardin rapide pour voir comment il a évolué en une semaine et si le couple de colverts nous attendait en compagnie du tamia.

À notre grande déception, aucun canard n'était là. Par contre, le tamia a rappliqué dès qu'il nous a entendus. La mangeoire des colibris normalement suspendue à la corde à linge était à terre et la corde enroulée sur elle-même, probablement un coup de l'écureuil gris que je n'ai pas encore réussi à attraper. 

Ce n'est que ce matin, en faisant un tour plus approfondi, que j'ai eu la surprise de trouver au milieu de ce qui aurait dû être du persil, dans une dépression aménagée dans le sol, un œuf blanc, seul et apparemment abandonné. Ainsi donc, l'heureux événement que nous attendions depuis une couple d'année s'était produit pendant que nous étions partis accueillir les migrateurs du sud; la cane avait commencé à couver. 

Toutefois, son absence depuis hier soir et l'épisode de la mangeoire tombée à proximité du nid suggère qu'un "drame" pourrait s'être joué: soit la cane a été dérangée et a secoué la corde à linge en s'envolant, soit l'écureuil gris a fait tomber la mangeoire à côté de la cane qui a pris peur. Ne l'ayant pas vu de la journée, elle est probablement aller nicher ailleurs.   

Un 3 mai à Pointe-Pelée

Pluie battante aujourd'hui, mais nous avons tenu jusqu'à midi et demie pour finir notre séjour par une paruline à capuchon, un couple de tohis à flancs roux, une paruline hoche-queue et un pic à tête rouge.

Un 1er mai à Pointe-Pelée

Savane des flèches de sable du lac Érié

Finalement, il n'a pas plu aujourd'hui et nous en avons profité pour retourner voir les cactus que nous avions trouvés hier. Il s'agit de l'Oponce de l'Est (Opuntia cespitosa), une des cinq espèces de cactacées du Canada; les autres étant dans le centre et l'ouest du pays.

Évidemment, l'Ontario n'est pas le Mexique et si la floraison de l'oponce (à partir de juin) est spectaculaire, la plante n'a de surprenant que son existence dans un pays qui a la réputation d'être froid. Pourtant, à Pointe-Pelée, nous sommes à la même latitude que Barcelone et le nord de la Californie et au plus froid de l'année, en janvier, la température moyenne est -3,4°C. 

Si on ne cherche pas l'oponce, on peut facilement passer à côté sans le voir, ou même le piétiner. On le trouve dans ce que l'on appelle la savane des flèches de sable du lac Érié, un écosystème dont il ne reste plus que deux autres exemplaires au Canada. C'est un milieu sec à sol sableux qui succède à la plage avant de devenir une forêt sèche. On y trouve notamment des graminées, des armoises des champs (Artemisia campestris) des genévriers communs (Juniperus communis) et des genévriers de Virginie (Juniperus virginiana). L'oponce y forme des tapis circulaires de "raquettes" prostrées qui se dressent parfois, mais jamais plus d'un segment ou deux.