Arboretum Stephen-Langevin

Les observateurs d'oiseaux appelaient l'endroit "La Saulaie" à cause du restaurant du même nom qui le jouxtait. À en juger par les fondations de quelques bâtiments et l'agencement des nombreuses essences d'arbres exotiques qu'on y trouve, l'endroit a une origine anthropique. Combien de temps a-t-il été abandonné ? Je ne saurais le dire, mais la végétation en a profité, et la faune aussi. J'ai déjà eu le plaisir d'y observer quelques petites Nyctales et des Hiboux moyen-ducs. Des Grand-ducs d'Amérique y ont niché. À l'époque - il n'y a même pas une dizaine d'années - leur découverte se méritait car les arbres savaient les protéger.
Aujourd'hui, sous la menace des promoteurs immobiliers, je crois, et la contrainte des écologistes, la ville de Boucherville a décidé d'en faire un parc. Nous y sommes retournés récemment. Qu'il a souffert !
L'homme en a repris possession. Il a marqué son territoire; à l'entrée, un panneau signale qu'il s'agit de l'arboretum Stephen-Langevin, peut-être en l'honneur de ce qu'il a été. Son aménagement a débuté. Persuadé qu'ouvrir un horizon lui donnera de la profondeur de vue, l'homme coupe. La haie de Thuya, jadis si fournie, a été nettoyée. Elle est devenue fantomatique. Et, j'ai peu de doutes sur le sort réservé aux colonies de verge-d'or voisines, probablement du gazon à pique-nique.
En passant, nous n'avons trouvé aucun représentant des strigidés. Mais les hordes d'observateurs d'oiseaux et de photographes peu respectueux se sont chargés de les écarter bien avant les paysagistes. Par contre, nous y avons vu un grimpereau brun (ça faisait longtemps) et un groupe de merles d'Amérique qui se poursuivaient à travers les branches d'un pommetier, le seul qui portait encore ses fruits (va savoir pourquoi).

Saussurée dense, Saussurea nuda ssp densa, Purple Hawksweed

La saussurée, comme toute plante alpine qui se respecte, aime les hauteurs. Celle-ci a été trouvée sur les pentes rocheuses du Mont Whistler (Alberta) au mois de septembre. Elle y vit en compagnie des picas et de quelques lichens, bien au dessus de la ligne des arbres. Elle doit son nom à Horace-Bénédict de Saussure, un naturaliste né dans les Alpes en 1740 qui a identifié les premières espèces du genre.
Sans l'aide de Kim Forster, la, ou une, gestionnaire de l'information du Parc national du Canada de Jasper, elle me serait restée inconnue.


Sources thermales de Miette

Au bout de la route qui mène à Pocahontas, au fond d'une petite vallée des Rocheuses canadiennes, jaillissent de la montagne des sources d'eau sulfureuse. À la vitesse de 800 litres par minute, elles sortent au pied du bien-nommé Mont Sulphur à des températures pouvant atteindre 54°C. Ces eaux de ruissellement se sont réchauffées et chargées de minéraux en s'enfonçant dans le sous-sol à travers une ancienne faille.
Les amérindiens les ont indiquées aux colons de passage, lesquels leur ont trouvé des vertus curatives et ont fini par y construire des piscines où barbote le touriste. Aujourd'hui, les eaux sont conditionnées; refroidies, filtrées et débarrassées de l'odeur d’œuf pourri, caractéristique du sulfure d'hydrogène. Bref, elles ont perdu de leur charme. Mais, tout espoir de nature n'est pas perdu et en empruntant le sentier qui serpente dans l'étroit canyon creusé par le ruisseau Sulphur, vous tomberez d'abord sur les ruines de l'ancienne station balnéaire. Si l'heure est propice, si vous êtes réceptif et un brin romantique, vous pourrez peut-être y apercevoir le fantôme d'une élégante anglaise à chapeau se trempant le bout d'un pied dans la piscine aujourd'hui à sec.
Si la conversation ne vous intéresse pas, poursuivez sur le chemin et vous trouverez l'eau sauvage, odorante et chaude. En retrouvant l'air libre, elle dépose son chargement de souffre avant de rejoindre le courant.