Ah oui, c'est vrai ! Il fallait marcher aujourd'hui. Marcher pour quoi déjà ? Essayer de convaincre nos congénères de ne pas scier la branche sur laquelle ils sont assis. Marcher pour se rappeler que quelque part au nord de Laval et au sud de Longueuil, il y a encore quelques espaces verts accessibles sans droit d'entrée. Dire aux minières que nous ne sommes pas contents qu'elles défigurent la Terre. Oups, nous n'en sommes pas là; il faudrait déjà qu'elles ramassent leurs résidus. Dire aux forestières qu'elles nous asphyxient avec leurs coupes à blanc, progressives, de régénération, par bande ou en dentelle, appelez les comme vous voulez.
Alors soit, j'ai marché. En fait, nous avons marché, ma blonde et moi. Pas dans les rues de Montréal; nous sommes plutôt allés à la rencontre de la terre justement. Oh juste un petit bout, celui qui s'appelle le boisé du Tremblay à Longueuil. Mais avant, nous avons quand même planté un arbre dans le jardin, un amélanchier du Canada, une espèce de fantasme personnel avec l'argousier et un saule à osier qu'il me reste encore à exaucer.
Et, comme d'habitude, la Terre ne nous a pas déçus: moucherolle phébi, épervier trop rapide pour être identifié, bihoreau gris, bruant des marais, hirondelle bicolore, canard d'Amérique, couples de canards colverts trop discrets pour les éviter, Bernache du Canada, et au chapitre des grands, le héron, pic et le corbeau. Tout ça dans une ambiance de jungle imposée par le chant des rainettes crucifères.