Dans le sud du Québec, près de la frontière américaine, il existe un endroit aussi mystérieux que dangereux, un lieu impénétrable entre terre et eau, le marais Fraser. Un érable rouge en garde l'entrée depuis des centaines d'années sans jamais avoir failli à la tâche.
Si ses cicatrices ne vous dissuadent pas de poursuivre l'aventure, l'armée des symplocarpes fétides postée un peu plus loin saura vous arrêter. Mais malgré leur air menaçant, sachez que c'est vous qu'ils protègent, car au delà de leurs rangs, le sol est mouvant et les dangers vous guettent. Le Saint-Laurent n'est qu'à 1,6 km à vol d'oiseau - tant mieux pour eux - mais pour le simple bipède que vous êtes, ce qu'on appelle les Everglades du Québec sont sans issue. Certes, ici, le danger ne vient pas de l'eau et vous ne risquez pas d'être dévoré par un alligator. Non, dans ce marais, le péril vient des arbres, dont le simple contact vous brûle jusqu'aux os.
Le gardien
Passez cette ligne de choux puants, attendez-vous au pire !
Symplocarpus foetidus
Certains l'appellent une fleur: il vous aura prévenu
Rhus vernix: le bois d'enfer
Bon, j'ai peut-être un peu exagéré les dangers. Si le Sumac à vernis contient bien une résine irritante composée d'urushiol, il faut qu'elle suinte par une plaie de la plante pour provoquer des irritations de la peau et toutes les personnes n'y sont pas sensibles. Mais, dans le doute, s'abstenir d'y toucher.
Quelques images de mauvaise qualité (comme d'habitude), volées à un pic maculé par la fenêtre de mon bureau (tu n'avais qu'à ne pas me déranger).
Pourquoi les pics tambourinent-ils ainsi ?
Il y a au moins deux bonnes raisons. Premièrement, c'est une façon d'attirer l'attention d'une compagne, au moins aussi valable (sinon plus) que de faire jouer la radio de sa décapotable. Deuxièmement, c'est une façon de fixer et de revendiquer un territoire beaucoup plus agréable qu'un douanier américain (vous pouvez étendre le caractère à la nationalité de votre choix).
Les pics ne jouent pas du bec sur n'importe quelle surface; ils cherchent la résonance d'un tronc creux ou d'une gouttière. Chacun a son style: le pic maculé commence par une première série extrêmement rapide, puis la fréquence des coups ralentit et devient irrégulière. Ça pourrait s'écrire: trrrrrrra-ta-tata-tata--ta--tata-----tata, mais c'est mieux d'aller l'écouter ici (le cinquième).
Et avec un peu de chance, tomber nez à nez avec ça...
L'orignal habite les forêts boréales de tout l'hémisphère nord. Dans les congrès de biologistes, on se demande encore si les animaux américains sont une espèce à part entière (Alces americanus) ou une sous-espèce (Alces alces americana) de l'Élan d'Europe (Alces alces) qui devient alors Alces alces alces; et c'est sans parler des distinctions entre pays d'un même continent ou entre provinces d'un même pays. Pour compliquer les choses, le mot "orignal" utilisé en Amérique francophone vient d'Europe, plus précisément de "oreinak" qui veut dire "Hé Paskoal, c'est pas un cerf là-bas ? Où ça, je ne vois rien." en langage de marin Basque mettant pied à terre en Amérique entre deux chasses à la baleine.
Le marin basque avait l’œil, car l'orignal est un magicien qui ne se laisse pas voir par tout le monde. Le plus gros des cervidés peut en effet se rendre invisible en un clin d’œil; il lui suffit de faire quatre pas de côté et il disparaît derrière un arbre.
L'animal est plutôt solitaire en dehors du rut: 1 orignal pour 10 km2 en forêt Montmorency et jusqu'à 10/10 km2 en Gaspésie, si je me souviens bien de ce que nous a dit Pierre Vaillancourt, l'excellent guide naturaliste de la forêt Montmorency. Je dois préciser que Pierre, outre sa très grande expérience du terrain, est une mine inépuisable d'informations et j'invite ceux qui veulent profiter de leur passage dans la forêt Montmorency à le contacter.