D'Achille à l'achillée


L'Achillée millefeuille (Achillea millefolium) doit son nom au héros grec Achille qui s'en servit pour soigner les blessures qu'il avait infligées à Télèphe lors du siège de la ville de Troie.
La question est de savoir qui a identifié l'achillée millefeuille comme étant la plante médicinale utilisée dans le récit mythologique.
La seule référence vient de Pline l'Ancien, un auteur et naturaliste romain né à Côme ou à Vérone (Italie) en 23 après JC, ou de notre ère pour les agnostiques. Il ne nous reste de ses écrits qu'une encyclopédie des sciences naturelles en 37 volumes (quand même), intitulée Naturalis Historia, dans laquelle il a compilé toutes les connaissances de son temps en matière de sciences, de philosophie, de littérature, d'art et d'autres choses que se doit de connaître un érudit, n'hésitant pas à se référer à la mythologie grecque. Les tomes XII à XXVII (les chiffres romains s'imposent d'eux-mêmes) traitent de botanique. Au chapitre "XIX: De l'achillés sidéritis ou mille-feuille, ou panax héracleon, ou scopa regia, VI" du tome "XXV: Traitant de la nature des herbes qui croissent spontanément, et de l'importance qu'elles ont.", on peut constater dans la traduction disponible ici et reproduite ci-dessous que l'auteur lui-même hésite sur la véritable nature du remède.
Achille, élève de Chiron, a aussi découvert une plante qui guérit les blessures, appelée pour cela achilléos (achillea tomentosa; achillea millefolium; achillea magna). C'est avec cette plante qu'il guérit, dit-on, Télèphe. D'autres prétendent qu'il trouva le premier dans la rouille (XXXIV, 45) un ingrédient très utile dans les emplâtres; aussi le représente-t-on faisant tomber avec son épée la rouille d'une lance dans la plaie de Télèphe. D'autres veulent qu'il ait employé à la fois les deux remèdes. Quelques-uns nomment cette plante panacée héracléon, d'autres sidéritis, et ils en font chez nous la mille-feuille (XXIV, 95) : ils disent qu'elle a une tige d'une coudée, et est rameuse, et couverte dès le bas de feuilles plus petites que celles du fenouil. D'autres, tout en convenant que cette dernière plante est bonne pour les plaies, affirment que la vraie achilléos a une tige bleuâtre, haute d'un pied, sans branches, et garnie élégamment de tous côtés de feuilles rondes isolées.
[2] D'autres lui attribuent une tige carrée, les sommités du marrube, et la feuille du chêne; ils prétendent aussi que cette plante cicatrise les nerfs coupés. D'autres disent que la sidéritis (XXV, 15) croît dans les décombres,et exhale quand on la broie une odeur fétide; et qu'il y en a encore une autre semblable à cette dernière, mais à feuilles plus blanches et plus grasses, à tiges plus menues, et croissant dans. les vignobles; qu'enfin une troisième espèce est haute de deux coudées, a, des rameaux grêles, triangulaires, la feuille de la fougère, avec un long pétiole et la graine de la bette, et que toutes sont excellentes pour les plaies. Les Latins nomment scopa regia (XXI 15) celle qui a la feuille la plus large (chenopodium scoparia, L.); elle guérit l'angine des pourceaux.

Trèfles

Au moins 10 espèces de trèfles au Québec et pas une qui soit indigène. Toutes sont eurasiennes et ont été apportées par les colons européens. Si les ex-légumineuses néo-fabacées ont contribué au succès de la colonisation en nourrissant le bétail, on ne peut pas dire qu'elles aient porté bonheur aux amérindiens.
Mais passons à un autre sujet, moins conflictuel.

Trifolium hybridum

Peu de vaches le savent, mais les légumineuses n'aiment pas être broutées. Ne pouvant fuire les herbivores, elles ont décidé de s'attaquer à la racine du mal (ou plutôt de la femelle) et ont développé, bien avant l'humain, le contraceptif oral. Pour contrôler les effectifs de leur ennemi, elles se sont mises à synthétiser des isoflavones. Ce sont des molécules qui ressemblent tellement aux oestrogènes des mammifères qu'on les a appelées phytoestrogènes. Je vous passe les détails physiologiques mais pertuber l'équilibre hormonal nuit à la reproduction. Les australiens l'ont découvert à leur dépens quand leurs brebis gavées de trèfle sont devenues stériles.
Je tiens quand même à apporter ici quelques précisions pour le lecteur qui prendrait ce qui est écrit au pied de la lettre et qui aurait regardé le documentaire de la BBC sur les plantes, diffusé récemment sur "Découverte"  et dans lequel Charles Tisseyre semble prêter aux plantes une intelligence parfois inquiétante. Non, le règne végétal n'a d'intentions que celles que nous lui prêtons Et, toute cette histoire, aussi véridique soit-elle, n'est que le fruit du hasard (mutation génétique) et de la sélection naturelle. N'en déplaise à Stephen Harper, notre premier ministre créationniste et à Charles, chantre du sensationalisme.  
Trifolium repens

Constatant les effets de l'excès de trèfle sur les moutons australiens, la science a voulu comprendre. Elle s'est alors penchée sur les légumineuses et les découvertes se sont enchaînées (quand on cherche ou quand on veut trouver, on trouve). Ainsi, on s'est aperçu que les gros mangeurs de soya, une autre légumineuse, étaient moins sujets aux maladies hormonodépendantes (troubles de la ménopause, ostéoporose, cancer du sein, de l'utérus et même de la prostate) que les petits mangeurs.   
Ici, je tiens une fois de plus à apporter une précision pour les 34 % de canadiens qui pensent que les femmes peuvent être victimes du cancer de la prostate. La prostate est un organe uniquement masculin et si les femmes en souffrent, c'est uniquement parce que leur mari les réveille la nuit en allant soulager leur vessie.
Trifolium pratense

Comme d'habitude, les marchands de rêve sautèrent sur cette occasion en or et le marché des suppléments de phytoestrogènes explosa.
Attention, je ne prétends pas que ces produits n'ont pas d'effets. Ils en ont (il faut d'ailleurs faire attention), mais pas autant qu'on tente de nous le vendre.  
Trifolium aureum

Longicorne noir, Monochamus scutellatus, White-spotted Sawyer

L'industrie forestière n'aime pas trop ce coléoptère des forêts du nord de l'Amérique, car après un incendie, il arrive souvent le premier. Attiré par l'odeur des produits de combustion, il pond ses œufs dans l'écorce d'un conifère à l'agonie. Les larves creusent ensuite des galeries dans le tronc en se nourrissant du bois, ce qui le rend inexploitable. Pourtant, contrairement à l'industrie, ce xylophage ne s'en prend qu'au bois mort qu'il contribue à recycler en humus.