Barboteurs

Il y a deux sortes de canards: les barboteurs et les plongeurs. L'archétype du barboteur, c'est le colvert; à ce point présent qu'on ne le regarde plus, tellement adapté à l'humain qu'on le croit domestiqué, voire nuisible.
Mais les barboteurs, c'est beaucoup plus que ça: beaucoup plus de couleurs, de sons et de noms évocateurs: sarcelle à ailes bleues, sarcelle cannelle, canard branchu, canard siffleur, dendrocygne à ventre noir, et autres.
Ils sont aussi un très bon moyen de s'initier à l'observation des oiseaux. On sait où les trouver; il suffit de chercher un plan d'eau. Ils sont assez statiques pour avoir le temps de les observer. Les mâles en plumage nuptial des différentes espèces sont suffisamment différents pour ne pas poser de problèmes d'identification;  les mâles en mue et les femelles suffisamment semblables pour exercer son sens de l'observation. Mais attention, commencer à s'y intéresser, c'est s'aventurer sur un chemin qui risque de vous entraîner plus loin que vous ne l'aviez imaginé.
Pour éviter de tomber dans le piège, mieux vaut continuer à ignorer le canard aperçu du coin de l'oeil et  prétendre qu'il s'agit d'un colvert.





Grue blanche, Grus americana, Whooping Crane

J'ai eu la chance, il y a une quinzaine de jours, de pouvoir observer 10 grues blanches. Chance n'est pas vraiment le mot, car l'endroit est connu des observateurs d'oiseaux pour en abriter et nous nous y rendions dans le but de les voir. Non, je parlerais plutôt de privilège, car il n'en reste plus que 250 environ dans le monde; le monde de cette espèce étant limité au centre de l'Amérique du Nord. 250, c'est peu mais ses effectifs n'ont, parait-il, jamais été très élevés. Cela n'a pas empêché l'humain de la chasser pour la viande et de drainer son habitat pour le cultiver.
Plein d'espoir et d'incertitude, nous nous sommes donc dirigés vers le "Goose Island State Park" à proximité de Rockport (Texas) au bord du Golfe du Mexique. Guider des excursions ornithologiques m'a appris qu'on ne donne pas rendez-vous à la faune et savoir qu'un oiseau a déjà été observé à un endroit ne garantit jamais que l'on pourra l'y observer. Avec la grue, la tache était quand même plus facile:  l'oiseau est gros, il est blanc et il fréquente les milieux marécageux; ce qui laisse moins de place aux arbres. Ce jour-là, la nature était avec nous; nous les avons trouvé rapidement, à proximité d'un point d'eau comme il se doit, suffisamment proches pour pouvoir admirer au télescope les détails de son anatomie.




Hirondelle à front blanc, Petrochelidon pyrrhonota, Cliff Swallow

L'hirondelle à front blanc ressemble à l'hirondelle rustique (ou hirondelle des granges selon à quel moment de la normalisation des noms français on s'est intéressé à elle). Deux détails permettent de les distinguer: la front a le front blanc (évidemment) - celui de sa congénère est plutôt rouge foncé - et sa queue n'est pas fourchue. 
La situation se complique au Mexique et dans une partie du Texas où l'hirondelle à front blanc peut avoir le front rouge comme la rustique et comme une autre espèce du coin, l'hirondelle à front brun (Petrochelidon fulva). Si la queue est fourchue (queue nettement plus longue que les ailes quand l'hirondelle est perchée), c'est une hirondelle rustique, Si elle ne l'est pas, on regarde attentivement la gorge. La "front blanc au front blanc", la "front blanc au front brun" et la "front brun" ont toutes la gorge rose ou rouge. Seule la "front brun" a la gorge uniformément rose (comme on peut le voir dans la deuxième vidéo de très mauvaise qualité ci-dessous); chez les autres, le rouge est bordé de noir dans le bas de la gorge.
Au Québec, la question ne se pose pas. On ne trouve que l'hirondelle rustique et l'hirondelle à front blanc blanc, pas la tex-mex, ni l'hirondelle à front brun...quoiqu'elle ait déjà été rapportée.