Ragondin ou Rat musqué ?


Jusqu'à cette visite dans un marais du littoral texan, à Port Aransas exactement, dans le sud-est du Texas, tout était simple pour moi. Aux États-Unis et au Canada, on ne pouvait voir que le rat musqué (Ondatra zibethicus) et en Amérique du Sud, que le ragondin (Myocastor coypus). Tellement facile qu'il devenait  inutile de s'attarder sur les détails pour les identifier comme on pourrait le faire dans certains coins d'Europe où les deux ont été introduits.
Alors voilà, je ramène ces quelques images d'une famille de rats musqués pour ma collection personnelle et en cherchant des informations sur sa répartition, je tombe sur cette carte qui indique la région native de l'animal en rouge et la zone d'introduction en vert. Au Texas, rien, nothing, nada.
Je cherche la carte de distribution du ragondin au cas où et constate qu'il vit au Texas, où il a été introduit.
Sur la carte du bas, les zones rouges hors Amérique du Sud sont des régions d'importation du ragondin.
En fouillant un peu plus, j'apprends que les aires des deux espèces se chevauchent dans cette partie du Texas.
Finalement, qu'est-ce que j'ai ramené à part le regret d'avoir eu trop de certitudes ? Quels sont les critères qui permettent de les différencier:
    Distribution du rat musqué
    Distribution du ragondin
    Osado [Public domain], via Wikimedia Commons

    1. le ragondin est plus gros que le rat musqué; un critère parfois difficile à évaluer, surtout sur des images.
    2. il a une tache blanche autour du museau.
    3. ses grosses incisives oranges sont généralement bien visibles.
    4. ses pattes postérieures sont palmées.
    5. sa queue est ronde alors que celle du rat musqué est comprimée latéralement et donc plus ovale.    
     Ici, tout porte à croire qu'il s'agit de rats musqués, mais...

    Pélicans d'Amérique

    Les pélicans sont de drôles d'oiseaux avec leur énorme bec affublé d'une poche de peau extensible. Contrairement à ce que l'on entend parfois, ils ne s'en servent pas pour stocker le poisson mais plutôt pour l'attraper, à la manière d'une épuisette. En plongeant leur bec ouvert dans l'eau, la pression distend la peau et les deux os flexibles de la mandibule inférieure auxquels elle est attachée, s'écartent pour augmenter le volume. Pour préserver l'élasticité de cette poche, les pélicans ont l'habitude de l'étirer en basculant la tête en arrière.
    Lorsque vient le temps des amours, ils l'utilisent aussi comme argument de séduction en la gonflant d'air. Et, au cas où la poche ne suffirait pas à convaincre, le pélican d'Amérique se laisse pousser une excroissance sur la mandibule supérieure (individus au premier plan de la photo).


    On ne compte pas plus de huit espèces de pélicans dans le monde dont deux en Amérique du Nord: le pélican d'Amérique (Pelecanus erythrorhynchos) qui est blanc et le pélican brun (Pelecanus occidentalis), qui hésite entre le brun et le gris. Toutefois, leurs différences ne s'arrêtent pas à la couleur.
    Ainsi, le pélican brun est un oiseau marin. Il vit sur la côte est de l'Amérique, de la Caroline du Nord au Vénézuéla et sur la côte ouest, de la Colombie Britannique au nord du Chili. Le pélican d'Amérique, quant à lui, est un marin d'eau douce. Il passe l'été sur les lacs du centre des États-Unis et du Canada, puis l'hiver en Amérique du Sud. Son aire de distribution s'étend de plus en plus vers l'est du Canada et, dans quelques années, il pourrait bien faire son entrée au Québec. On commence d'ailleurs à en voir de temps en temps sur le Saint-Laurent à la hauteur de Montréal, au printemps ou en été; peut-être un égaré ou un éclaireur.


    Autre différence, le pélican brun pêche en plongeant sur sa proie après l'avoir repérée des airs, alors que les Pélicans d'Amérique pêchent à partir de la surface. Ils forment un demi-cercle et rabattent les poissons vers un haut-fond où il leur suffit de les ramasser.



    Les pélicans sont de gros oiseaux à l'allure peu aérodynamique. Pourtant, ce sont des planeurs exceptionnels. Il faut les voir raser la crête des vagues en formation serrée, sans un battement d'ailes. J'ai passé de longs moments à les regarder tracer la ligne d'horizon des mers du sud; jamais je ne les ai vu trébucher.

    Plongeur



    Pourrait-on se douter que l'érismature rousse (Oxyura jamaicensis) est un canard plongeur. À première vue, sur l'eau, rien ne le distingue des autres canards: même forme, même flottaison, même bec. Au sol par contre, quelque chose éveille les soupçons. En effet, comme tous les canards plongeurs, il a tendance à se tenir plus droit.
    S'ils se redressent ainsi, ce n'est pas parce qu'ils sont fiers de pouvoir retenir leur souffle plus longtemps. Cela vient de la position de leur pattes qui sont plantées vers l'arrière du corps, rendant ainsi leur propulsion sous l'eau plus efficace. C'est qu'il en faut de la force pour immerger un corps que l'évolution a entrainé à flotter.
    Les canards barboteurs n'ont pas ce problème. Ils ne font que tremper la moitié antérieure de leur corps en basculant vers l'avant. Ils flottent, c'est irrémédiable et le fait d'avoir les fesses en l'air, exposées à la vue de tous ne les rend pas moins fiers. Non, s'ils se gonflent moins la poitrine une fois au sol, c'est parce que leurs pattes ont une position plus centrale.
    Mais, au fait, pourquoi les plongeurs plongent-ils ? Pour se nourrir évidemment. 
    Alors, cela veut-il dire que leur régime alimentaire est différent des barboteurs ? 
    Non, l'organe et la fonction sont intimement liés et comme les becs des deux groupes se ressemblent, on peut penser qu'ils se nourrissent de la même façon; en filtrant l'eau et la vase à la recherche de végétaux et de petits invertébrés. Simplement, puisqu'il en fallait pour tout le monde, l'évolution a fait en sorte que la même ressource ne soit pas accessible à tous au même endroit et au même moment. La nature n'est elle pas bien faite ? En tout cas, c'est que prétendent tous les gens en bonne santé. 
    En passant, pour pouvoir constater de ses propres yeux le bleu incroyable du bec de l'érismature, il suffit de se rendre aux bassins de décantation de Baie-du-Febvre, au bord de la route Janelle. S'il n'est pas encore arrivé, vous n'aurez pas fait le chemin pour rien. Je crois que les oies des neiges y sont déjà.