Dans le Journal d'Anne Frank
Le 16 septembre 1943 à Amsterdam, Anne Frank qui se cachait des nazis avec sa famille depuis un an écrivait dans son journal: "Tous les jours, je prends de la valériane contre l’angoisse et la dépression, mais cela ne m’empêche pas d’être d’humeur encore plus lugubre le jour suivant. Un bon éclat de rire serait plus efficace que dix de ces comprimés, mais nous avons presque oublié ce que c’est de rire. Parfois, j’ai peur que mon visage se déforme et que ma bouche tombe à force d’être sérieuse. Pour les autres, ce n’est pas mieux, ils voient approcher cette masse rocheuse que l’on appelle l’hiver avec de mauvais pressentiments."
Ce qu'il en reste
Ex-liberté |
Ce qu'il reste de l'Île des Soeurs à Montréal tient en un bois retenu prisonnier entre les clôtures de fer forgé de résidents aussi fortunés qu'éphémères et un golf qui ne sera jamais écologique (quoiqu'ils en disent). Il y a longtemps, je me souviens d'avoir apporté mon soutien naturaliste au comité de protection du boisé, plus soucieux de préserver l'intimité de leur piscine creusée que d'empêcher la destruction des champs de choux puants ou de protéger les vignes sauvages qui abritaient tant de petites nyctales.
Ex-prairie |
Ex-vignes sauvages abritant d'ex-nyctales |
Ex-arbres |
Aujourd'hui, les vignes ont été remplacées par des rangées de maisons et le sous-bois a été transformé en piste de jogging. Les symplocarpes fétides sont toujours là.
Ce qu'il en reste en cette saison sont ces étranges fruits trop pesants (celui de la photo fait environ 70 grammes) pour être emportés par le vent et pas assez appétissants pour être ramassés par les passants. Ils ressemblent à de mini-ananas et, effectivement, on n'en est pas très loin malgré les distances géographiques et taxonomiques : l'ananas (Ananas comosus) est une broméliacée qui pousse dans les endroits ensoleillés et secs d'Amérique du Sud alors que le chou puant (Symplocarpus foetidus) est une aracée qui pousse dans les sous-bois humides du nord-est de l'Amérique et de l'Asie. Bien que les fruits se ressemblent, les botanistes y voient des différences. La ressemblance réside dans le fait qu'il s'agit de fruits étroitement juxtaposés qui ont fusionné en grossissant; la nuance étant dans la partie du fruit qui fusionne. Je vous laisse creuser la question si elle vous intéresse.
Futur chou puant |
En l'ouvrant, il s'en dégage une odeur forte et surprenante d'ail. La chair blanche est plutôt sèche; sa texture ressemble à la mousse dont on rembourre les fauteuils. Sur le pourtour, on voit les graines. Celles qui ont été épargnées par la dissection seront plantées dans le boisé du Tremblay, un habitat propice à cette espèce et qui l'a peut-être déjà abritée, il y a très longtemps...avant l'agriculture et la repousse. On verra bien.
S'abonner à :
Messages (Atom)