C'est officiel !



La portion du boisé du Tremblay sauvée par Nature Action Québec est désormais ouverte au public. Ce n'est qu'une partie du boisé, celle située sur le territoire de Boucherville, mais un bon tiens de Boucherville vaut mieux que deux tu l'auras de Longueuil, car du côté de Longueuil, on attend toujours l'officialisation du statut de refuge écologique ou faunique (je ne sais plus).

Boisé du Tremblay non protégé (rouge) et protégé (vert)

Pour se rendre jusqu'au sentier ouvert par NAQ, il faut suivre le chemin d'Alençon (Boucherville) jusqu'au bout. On peut se stationner devant la vieille maison abandonnée ou 60 mètres plus loin. L'observateur d'oiseaux devrait  résister à la paresse, car les haies le long du chemin, la prairie à droite et les champs à gauche cachent autant d'espèces que le bois proprement dit.

Le sentier NAQ (blanc)
Si le boisé du Tremblay n'est pas un point chaud de la biodiversité, il abrite quand même 11 espèces de reptiles et d'amphibiens et il est un des derniers refuges de la rainette faux-grillon de l'Ouest, une espèce vulnérable au Québec. Il faut absolument venir l'écouter au printemps (à partir de la fin mars) - elle, mais aussi la rainette crucifère, la rainette versicolore et le crapaud d'Amérique - et se dire qu'il y a encore de l'espoir. Au chapitre des animaux menacés au Québec, il ne faut pas non plus oublier la fourmi Lasius minutus, tellement rare qu'elle n'a pas de nom en français, dont on trouve quelques colonies par-ci,  par-là. 
Pour finir, je vous invite à parcourir en images les 2,8 km de sentier au repérage duquel j'ai modestement contribué; ceci étant dit pour démontrer que n'importe qui peut participer à sa manière à la protection de l'environnement. 



Amour, Haine et Écureuil gris

Sciurus carolinensis

Quand il grimpe dans mes moustiquaires, quand il déterre les bulbes ou quand il épluche les boutons des rhododendrons, j'imagine les pires atrocités pour m'en débarrasser. Mais quand il me regarde comme ça à travers la porte vitrée, tout est oublié. Et puis de toute façon, en 2020, il fera peut-être partie des deux tiers des vertébrés qui auront disparu de la planète selon le Rapport Planète Vivante 2016 publié par le WWF (on parle des effectifs, pas des espèces).

Sciurus carolinensis


Zoogamie et zoochorie...

...sont deux façons ingénieuses qu'ont inventé les plantes pour voir du pays.
Dans le cas de la zoogamie, il s'agit de se faire transporter sous forme de pollen par des animaux dans le but d'aller féconder un ovule lointain; une espèce de correspondance amoureuse qui finit par porter ses fruits. Le rôle de Cupidon est souvent joué par un insecte (entomogamie), mais il arrive que soit un oiseau (ornithogamie), par exemple un colibri, ou encore un mammifère comme une chauve-souris ou un jardinier.

Cirsium horridulum

Dans le cas de la zoochorie, la plante confie sa progéniture (sous forme de graine) à un animal et espère que ce dernier saura lui trouver une terre accueillante. C'est l'équivalent de la cigogne, à cette différence près que l'organisation multinationale des plantes a étendu le procédé à l'ensemble du règne animal.
Pour le voyageur, il y a plusieurs options. La graine qui veut profiter du paysage pendant le voyage choisit l'épizoochorie en s'accrochant à l'animal de passage. Les exemples sont nombreux, mais celui qui nous touche le plus est probablement celui de la bardane

Arctium lappa
Une adepte de l'épizoochorie: la grande Bardane
Arctium lappa

D'autres graines, moins regardantes sur les conditions de voyage, préfèrent l'endozoochorie. Elles revêtent alors une tenue de voyage alléchantes et attendent d'être happées par le transporteur. Une fois digérées, elles seront déposées plus loin; inutile de faire un dessin.

Turdus migratorius

Il y a aussi l'option de la dyszoochorie, qui consiste à faire partie du régime alimentaire d'un animal tout en espérant échapper à sa voracité. C'est le jeu dangereux que pratique entre autres, le gland avec l'écureuil. Emporté et caché par l'animal, il espère se faire oublier et germer dès que les conditions climatiques le permettront. Cela doit marcher puisqu'il y a encore des chênes.