Ce matin, la lumière était belle dans le parc Michel Chartrand (Longueuil). Au bord du chemin, il y avait un drôle de panneau accroché à un tronc, une excellente initiative et un signe de progrès en attendant le jour où il ne sera plus nécessaire de le préciser ou de se justifier.
Tant de choses à raconter
Saviez-vous que les arbres parlent ? Pas tous, seuls les plus vieux, car le temps des arbres ne s'écoule pas comme le nôtre et la faculté de parler ne leur vient que tardivement. Avant, ils se contentent d'observer et d'engranger les souvenirs.
"Quand je vins au monde, dans le fossé, au milieu des pierres qui en avait été retirées pour faciliter le drainage des terres et marquer la frontière entre les rangs, le paysage était fort différent de celui d'aujourd'hui. Il ne restait plus que quelques arbres; les autres avaient été abattus pour construire les abris des hommes ou laisser passer leur charrue. Pour vous dire, en se tournant vers le sud-ouest, on pouvait voir au loin le sommet du Mont-Royal et quelques panaches de fumée s'élever de la ville à ses pieds. À l'époque, c'est vrai que l'espace ne manquait pas, la lumière non plus. Aussi en ai-je profité, lançant mes branches aux quatre vents pour capter chaque rayon de soleil sans craindre la concurrence. Aujourd'hui, les jeunes se battent pour se faire une place au soleil, ils se dépêchent d'atteindre les sommets, mais beaucoup s'essoufflent avant d'y parvenir. La vie était-elle plus facile avant ? Elle était différente. Livré aux intempéries, rien pour amoindrir le vent, cible désignée pour la foudre ou pour les maladies, je ne pouvais compter que sur moi-même pour survivre.
Mais finalement les années ont passé, rythmées par les travaux des champs, animées par la conversation des paysans qui s'abritaient du soleil ou de l'averse sous mon feuillage. Puis un jour, il n'y eut plus de visites, plus de machines, plus rien. Tout s'est alors lentement repeuplé, jusqu'à aujourd'hui, ce trottoir de bois et vous de nouveau. Je suis bien content de vous revoir."
Mais finalement les années ont passé, rythmées par les travaux des champs, animées par la conversation des paysans qui s'abritaient du soleil ou de l'averse sous mon feuillage. Puis un jour, il n'y eut plus de visites, plus de machines, plus rien. Tout s'est alors lentement repeuplé, jusqu'à aujourd'hui, ce trottoir de bois et vous de nouveau. Je suis bien content de vous revoir."
École buissonnière
Hier, je suis allé acheter le guide d'identification "Birds of Mexico and Central America" en préparation de...
L'unique place dans le sud du Québec pour trouver ce genre d'objet et tout ce qui concerne l'observation des oiseaux est la boutique Nature Expert à Montréal. J'ai donc pris mon courage à deux mains et me suis lancé dans le trafic des ponts et le dédale des contournements de travaux routiers. Une fois sur place, service sympathique, efficace et compétent en français par un jeune homme dont la première langue était sans conteste l'anglais (de quoi donner l'envie de faire des efforts dans la langue de Shakespeare). Je trouvais donc tout ce que je voulais et après 45 minutes d'automobile et 10 minutes de magasinage, je repartais dans mon 450 (indicatif téléphonique de la région de Montréal) d'adoption.
Alors que ma route longeait le Jardin botanique de Montréal, les arbres d'abord, puis leurs couleurs, attirèrent mon attention. L'attrait de cette nature, bien que domestiquée, réussit à me détourner du flot de la circulation. Je me stationnai, m'emparai de la paire de jumelles qui traine toujours dans la boîte à gants et partis explorer les lieux à la recherche d'oiseaux et d'une conversation silencieuse avec les arbres.
Avant, je serais entré dans le Jardin, mais depuis que je ne suis plus un résident du 514, les prix d'une escapade sont devenus dissuasifs et je n'y vais plus que pour accompagner des touristes; lesquels sont surpris de payer plus que moi. Je dois dire que cette politique de prix discriminatoire telle qu'on la pratique à Montréal (et pas ailleurs au Québec) me semble indigne d'un pays par ailleurs accueillant.
Je me dirigeai donc vers le parc Maisonneuve, juste à côté, longeant d'abord la grille du Jardin botanique comme si j'étais atteint d'une espèce de syndrome de Stockholm. Pas à pas, j'avançai, absorbé par la contemplation non seulement des arbres majestueux du parc, mais aussi de leur agencement. À tel point que j'en oubliai l'observation des oiseaux, de toute façon très discrets. C'est tout juste si je réussis à entendre le chant réprobateur d'une sittelle à poitrine blanche. Et puisque j'étais là, malgré le temps maussade, la lumière détestable et la seule possession d'un téléphone cellulaire, autant essayer de ramener quelques souvenirs.
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