Orangelin familier

La couleur du roselin familier (Haemorhous mexicanus) est largement influencée par la teneur en carotènes des aliments qu'il consomme au moment de sa mue. Il peut arriver à l'occasion qu'elle ne soit pas suffisante pour que son plumage affiche la couleur rose ou rouge caractéristique de son espèce. Il se contentera alors jusqu'à la prochaine mue d'une  teinte orangée ou jaune. L'histoire ne dit pas s'il a moins de succès auprès des dames.  

Haemorhous mexicanus
Haemorhous mexicanus

Ce matin, au boisé...

Il y avait toutes sortes de prédateurs: une buse à queue rousse, des mésanges à tête noire qui s'acharnaient sur les gales des verges d'or comme pour illustrer le dernier billet, et surtout une pie-grièche grise perchée tout en haut de l'arbre le plus haut, loin, loin loin...

Poecile atricapilla
Lanius excubitor

Campagnol
De la taille d'un merle, elle n'a pas la carrure d'un faucon ou d'une buse, mais la pie-grièche est un redoutable prédateur. Elle affectionne particulièrement les petits rongeurs qu'elle chasse de jour, dans les endroits dégagés (champ, friche), en se mettant à l'affût sur le perchoir le plus élevé.
Elle ne consomme pas toujours ses proies; il lui arrive de les conserver en prévision des périodes de vache maigre. Et si, au cours d'une promenade,  vous tombez nez à nez avec un cadavre de campagnol accroché à une branche, sachez que vous êtes sur le territoire d'une pie-grièche.

Eurosta la frileuse

En vous promenant cet automne, vous avez sûrement remarqué ces boules de la grosseur d'une noix qui ornent la partie supérieure des tiges de Verge d'or fanées. Il n'y en a généralement qu'une par tige, mais rares sont celles qui n'en portent pas.
La nature faisant de belles choses mais rarement inutiles, il ne s'agit évidemment pas de décorations de Noël. Des fruits ? Non plus. Ce sont plutôt des abris pour passer l'hiver; des abris fabriqués par la larve d'une petite mouche baptisée Eurosta solidaginis.

Eurosta solidaginis

La mouche ne dépasse pas 5 mm de long. Elle ne vole pas très bien et préfère la marche; ce qui ne l'a pas empêchée de coloniser presque toute l'Amérique du Nord. Vers la fin du printemps ou le début de l'été, après une quinzaine de jours d'existence débridée, elle dépose ses œufs sur une tige de Verge d'or. Oh, pas n'importe laquelle ! Solidago altissima et S. gigantea ont sa préférence. Une dizaine de jours plus tard, les œufs éclosent et les larves commencent à se forer un accès vers le cœur de la tige. Leur salive contient une substance semblable aux hormones de croissance de la plante, qui stimule localement la prolifération des cellules de la tige. La gale ainsi formée sert d'abri et de nourriture à la larve jusqu'à son émergence, le printemps suivant. 

Eurosta solidaginis

Évidemment, l'épaisseur des parois ne suffit pas à l'isoler du froid. Pour ce faire, en automne, quand les températures fraichissent, la larve commence à synthétiser du glycérol, un antigel qui empêche les cellules d'éclater en maintenant leur contenu à l'état liquide. Puis, Elle fait une dernière chose avant de s'endormir; elle se creuse un tunnel vers la sortie en prenant bien soin de laisser l'épiderme de la tige pour clore l'accès.     
Enfin tout ça, c'est dans le meilleur des cas, car en y regardant de plus près, on constate rapidement que la plupart des gales sont perforées. Et si vous êtes aussi observateurs que curieux, vous aurez sûrement remarqué que les stations de verges d'or sont très fréquentées par les mésanges à tête noire et les pics mineurs . Je vous laisse tirer vos propres conclusions.   

Eurosta solidaginis