Avant d'être nordique, télescopique ou mono-brin, avant d'être article de sport, le bâton était outil. Objet du quotidien, il guidait le troupeau, écartait le serpent du passage, trouvait les champignons sous les feuilles mortes, montrait la direction à suivre, faisait traverser le ruisseau au sec, soutenait le marcheur fatigué, portait son balluchon, sondait le terrain, éloignait parfois l'importun. Avant d'être en aluminium ou en fibre de carbone, il était en bois. Nul besoin d'extraire la bauxite ou de carboniser le polyacrylonitrile pour le façonner; on laissait l'arbre transformer le dioxyde de carbone, l'eau et quelques sels minéraux, puis on taillait la bonne branche. Avant d'être coûteux, il était gratuit. On pouvait l'oublier ou l'abandonner; la nature et le temps s'arrangeaient pour qu'il ne soit jamais retrouvé. Cet hiver, nous avons profité des temps libres pour ajouter une fine couche d'acrylique sur les nôtres, histoire d'égayer nos marches. |
Naturellement
Bassin de Chambly
Hier quinze heures trente, la journée s'achève en dépit des jours qui rallongent. Au pied du Fort Chambly, les eaux résistent en un dernier sursaut avant d'aller rejoindre la masse résignée et figée du bassin. À le voir, on pourrait croire que tout espoir de changement a été emporté par la froide détermination de l'hiver. Mais attention, cette passivité n'est qu'apparente. Ici, on ne fait pas de vagues, mais les choses bougent, en profondeur. Et on se prépare tranquillement à une nouvelle révolution...un autre printemps.
Les pêcheurs l'ont d'ailleurs bien compris. On n'empêchera jamais les opportunistes de profiter du mouvement. En cela, rien ne nous distingue de l'animal.
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