Le saintpaulia, un peu de Tanzanie à la maison

Ma violette africaine trône sur la table de la salle-à-manger au pied d'un vieux jasmin. Sa floraison a inspiré le billet et, puisqu'on en parle, autant dire que Saintpaulia est un genre à jours neutres, c'est-à-dire que le déclenchement de la floraison est indépendant du temps de la longueur de la journée. 

J'ai un Saintpaulia, vous avez un Saintpaulia, ils ont un Saintpaulia, nous avons tous un Saintpaulia.

La violette africaine, ou violette du Cap, fait partie de ces plantes qui ont été adoptées à l'unanimité par l'humanité. Facile à garder, agréable à regarder, elle plait. On la cultive, on la multiplie, on l'hybride, on l'offre et on la pose sur son bureau. Pourtant, derrière cette "success story", se joue un drame.

C'est qu'avant d'être une plante d'intérieur, le saintpaulia (qui ne s'appelait pas encore comme ça) vivait, tranquille, enraciné dans l'humus d'une forêt tropicale pluvieuse sur le versant des Eastern Arc Mountains et dans quelques plaines côtières de Tanzanie et du Kenya. Je dis "le", mais je devrais plutôt dire "les", car on dénombre officiellement 9 espèces, 8 sous-espèces et 2 variétés de saintpaulias; même si celui que vous possédez est probablement un hybride de Saintpaulia ionantha.

Un jour de 1892, ces violettes, qui en réalité n'en sont pas, croisèrent le chemin du baron Adalbert Emil Walter Redcliffe Le Tanneux von Saint-Paul Illaire qui se promenait dans les montagnes d'Usambara au Tanganiyka, actuelle Tanzanie, alors sous domination allemande. Le baron, germanique mais pas insensible à la beauté du monde, cueillit quelques fleurs et les envoya en Allemagne où le directeur du jardin botanique royal de Herrenhausen (Hanovre), monsieur Hermann Wendland, les scruta à la loupe et décida, probablement influencé par la particule, de les baptiser Saintpaulia ionantha en l'honneur de leur découvreur.

À partir de ce moment, le succès de la violette ne dérougit plus et la voilà qui conquiert le monde, manipulée et contrainte à des relations contre nature par des horticulteurs aux goûts parfois douteux qui la parent de nouvelles couleurs et enrichissent sa garde-robe. Elle ne se doute pas alors qu'au pays, la situation de ses semblables se dégrade. Là-bas, les violettes, on s'en fout; ce qu'on veut, c'est de l'argent. Alors, on plante du café, du thé, de la cardamone et pour leur faire de la place, on coupe les arbres, on rase les forêts. Tant et si bien qu'aujourd'hui, il ne reste plus que 15 % du couvert forestier dans les plaines côtières et 58 % dans les montagnes. Ainsi disparaissent les violettes sauvages, avec leur habitat, dans l'indifférence de presque tous.     

Un 20 février à Longueuil

7 heures du mat, -20°C, tout le monde regarde vers l'est, rempli d'espoir. Il apparaît enfin et alors, ils se souviennent; l'espoir est parfois déçu.

Ce junco ressent-il le froid ? Certainement puisqu'il enfouit sa patte dans son plumage. En souffre-t-il ? Pas forcément. 

Ça sent le printemps

Je suis un homme heureux. La semaine dernière, j'ai reçu les semences que j'avais commandées chez Richters, mon fournisseur préféré en matière de plantes médicinales: grand choix de semences et de plants, lesquels sont de qualité et soigneusement emballés. 

En attendant le moment des semis, je les ai rangées dans une boîte de fer blanc avec celles que j'ai ramassées par-ci par-là dans la nature et que je n'ai pas pu semer l'automne dernier, fracture oblige.

Au programme cette année, compléter:
  • la collection des lamiacées avec la monarde fistuleuse (Monarda fistulosa), la buglosse officinale (Anchusa officinalis) et la sarriette vulgaire (Clinopodium vulgare),
  • les astéracées avec le Pied-de-chat (Antennaria dioica), la verge d'or d'Europe (Solidago virgaurea; un deuxième et dernier essai, car elle avait refusé de germer l'année dernière) et la carline à tige courte (Carlina acaulis; un essai, car elle n'est pas dans sa zone),
  • les borraginacées avec la bourrache (Borrago officinalis) et la vipérine (Echium vulgare),
  • les apiacées avec l'angélique (Angelica archangelica),
  • et les solanacées avec le coqueret alkékenge (Alkekengi officinarum).  
Il n'y a plus qu'à attendre que la neige fonde.