You talkin' to me ?

C'était l'été dernier, au centre d'interprétation de la nature du lac Boivin. Manifestement, les écureuils roux prenaient à cœur leur rôle de représentants de la faune.

Un 2 mars autour du Mont Saint-Bruno

Cela faisait longtemps que je n'étais pas sorti. Je sais pourquoi. C'est toujours l'hiver et je suis tanné. Mais bon, si on ne se force pas, on ne fait rien. Et les récompenses nous attendaient au détour du chemin.

Chaque fois que je prends ce chemin, mon regard est accroché par la symétrie parfaite de ce bouleau; chaque fois, je le prends en photo, et chaque fois, je suis déçu par le résultat. 

Dans le sentier du Grand-duc, au pied du Mont Saint-Bruno, il y a un poste de douane tenu par des mésanges à tête noire. Aujourd'hui, alors que nous étions prêts à nous acquitter de notre dû, rien, elles brillaient par leur absence. Nous nous sommes signalés en vain et ce n'est que quelques pas plus loin que nous avons compris qu'elles avaient une autre priorité, en l'occurence celle de déloger une chouette rayée de leur territoire.

Un trois pour un: ma blonde qui aime les mésanges, la mésange qui aime les pompons et la chouette qui aiment les mésanges.

Bon je vous passe les cerfs de Virginie et les pie-grièches, mais pas le harfang, ni les renards. Demain, ce sera safari aux dindons sauvages, le long des lignes américaines (avis aux douaniers états-uniens: ne tirez pas, nous ne sommes jamais armés).

Le saintpaulia, un peu de Tanzanie à la maison

Ma violette africaine trône sur la table de la salle-à-manger au pied d'un vieux jasmin. Sa floraison a inspiré le billet et, puisqu'on en parle, autant dire que Saintpaulia est un genre à jours neutres, c'est-à-dire que le déclenchement de la floraison est indépendant du temps de la longueur de la journée. 

J'ai un Saintpaulia, vous avez un Saintpaulia, ils ont un Saintpaulia, nous avons tous un Saintpaulia.

La violette africaine, ou violette du Cap, fait partie de ces plantes qui ont été adoptées à l'unanimité par l'humanité. Facile à garder, agréable à regarder, elle plait. On la cultive, on la multiplie, on l'hybride, on l'offre et on la pose sur son bureau. Pourtant, derrière cette "success story", se joue un drame.

C'est qu'avant d'être une plante d'intérieur, le saintpaulia (qui ne s'appelait pas encore comme ça) vivait, tranquille, enraciné dans l'humus d'une forêt tropicale pluvieuse sur le versant des Eastern Arc Mountains et dans quelques plaines côtières de Tanzanie et du Kenya. Je dis "le", mais je devrais plutôt dire "les", car on dénombre officiellement 9 espèces, 8 sous-espèces et 2 variétés de saintpaulias; même si celui que vous possédez est probablement un hybride de Saintpaulia ionantha.

Un jour de 1892, ces violettes, qui en réalité n'en sont pas, croisèrent le chemin du baron Adalbert Emil Walter Redcliffe Le Tanneux von Saint-Paul Illaire qui se promenait dans les montagnes d'Usambara au Tanganiyka, actuelle Tanzanie, alors sous domination allemande. Le baron, germanique mais pas insensible à la beauté du monde, cueillit quelques fleurs et les envoya en Allemagne où le directeur du jardin botanique royal de Herrenhausen (Hanovre), monsieur Hermann Wendland, les scruta à la loupe et décida, probablement influencé par la particule, de les baptiser Saintpaulia ionantha en l'honneur de leur découvreur.

À partir de ce moment, le succès de la violette ne dérougit plus et la voilà qui conquiert le monde, manipulée et contrainte à des relations contre nature par des horticulteurs aux goûts parfois douteux qui la parent de nouvelles couleurs et enrichissent sa garde-robe. Elle ne se doute pas alors qu'au pays, la situation de ses semblables se dégrade. Là-bas, les violettes, on s'en fout; ce qu'on veut, c'est de l'argent. Alors, on plante du café, du thé, de la cardamone et pour leur faire de la place, on coupe les arbres, on rase les forêts. Tant et si bien qu'aujourd'hui, il ne reste plus que 15 % du couvert forestier dans les plaines côtières et 58 % dans les montagnes. Ainsi disparaissent les violettes sauvages, avec leur habitat, dans l'indifférence de presque tous.