La deuxième quinzaine de juillet semble être un moment propice à l'observation des orchidées de Terre-Neuve, notamment quand la saison accuse trois semaines de retard au dire des cueilleurs de camarine, plaquebières et autres petits fruits.
Toujours est-il que nous ne les cherchions pas particulièrement et qu'elles nous sautaient aux yeux. Les platanthères étaient majoritaires mais le nombre n'est rien en comparaison de l'extravagante beauté de la reine des orchidées; j'ai nommé le cypripède royal à laquelle je ne pensais pas être, un jour, présenté. Évidemment, je me suis incliné à ses pieds.
Marcher dans une tourbière est plus difficile qu'il n'y parait. D'abord, la densité de la végétation ne laisse rien paraître de la quantité d'eau qui imprègne le sol, et au premier pas sur la sphaigne, on s'enfonce comme dans une éponge. Ensuite, il faut faire attention à ne pas poser le pied sur une plante carnivore, non parce qu'elle risque de vous dévorer, mais parce que vous risquez de l’abîmer.
Et des plantes carnivores, il y en a pléthore: sarracénies pourpres, droséras linéaires et à feuilles rondes, utriculaires mineures et cornues, sans oublier la grassette commune; quoique cette dernière préfère les rochers calcaires.
En parcourant les 115000 km2 de l'île continentale de Terre-Neuve, on traverse huit grands types de paysages naturels, abritant des communautés de plantes caractéristiques.
La côte, longue de 9600 kilomètres, se présente le plus souvent sous la forme de falaises.
Tortueuse, elle dessine des fjords et des grandes baies au fond desquelles on trouve quelques plages de galets ou de sables. Elle est refroidie à l'est par le courant du Labrador qui prend naissance dans l'océan Arctique. À l'ouest, elle ferme le golfe du Saint-Laurent. Les plantes qui vivent là ont du apprendre à composer avec l'omniprésence du sel.
Les landes (barrens) sont des paysages dominés par les affleurements rocheux sur lesquels s'accrochent, quand la présence d'humus le permet, une végétation rase composée d'herbacées et de petits ligneux ne dépassant deux mètres de haut. Ce sont principalement des arbustes, exceptionnellement des arbres torturés par les vents, que les terreneuviens ont baptisé tuckamores. Ces landes représentent 20 % du territoire et se subdivisent en trois catégories:
les landes silicoles aux sols de grès et de granite, localisées dans le centre et l'est de Terre-Neuve. On y trouve des plantes qui aiment l'acidité.
les landes calcicoles de l'ouest de l'île, où le climat subalpin ou subarctique conféré par la latitude ne permet pas aux arbres de s'établir. C'est là que l'on peut rencontrer sans trop d'effort des plantes qui poussent généralement à des altitudes beaucoup plus importantes.
et les landes serpentinicoles aux sols plombés de métaux lourds (voir ici et là).
Autre milieu auquel on ne peut pas échapper à Terre-Neuve, c'est le milieu humide. D'ailleurs, il vaudrait mieux dire les milieux humides puisqu'ils regroupent des habitats aussi différents que les marais, peu fréquents et localisés généralement à l'embouchure des cours d'eau, les étangs et les lacs, innombrables, et les tourbières, la grande majorité des milieux humides. Au total, ils occupent 20 % du territoire.
Tourbière du parc provincial de Butter Pot
Et puis il y a la forêt qui recouvre 50 % du territoire. À cette latitude, elle devrait être mixte, mais les vents dominants froids générés par le courant du Labrador la réduisent à un mélange boréal de sapins baumiers et d'épinettes noires et blanches.