Nous sommes le 12 juin. Le décor a beaucoup changé depuis le 4 avril, mais le couple de colverts est toujours là et suit une routine dorénavant bien établie: bref passage le matin pour un petit-déjeuner, retour à midi pour une sieste prolongée dans le bassin et une dernière visite en début de soirée pour un repas plus copieux (graines mélangées et mousses arrachées aux pierres du bassin), suivie d'une toilette approfondie et d'un séchage sur les pierres avant de repartir.
Le viréo aux yeux rouges n'est pas un oiseau rare; c'est même un habitant très commun des forêts de l'Est américain et canadien. Mais comme il arrive après les feuilles et se tient toujours à la cime des arbres, on ne peut le voir qu'au prix d'un douloureux torticolis.
Il compense son invisibilité par un chant sonore et composé de deux ou trois phrases courtes qu'il répète inlassablement du matin au soir, tant et si bien qu'on ne l'écoute même plus. Je suis prêt à parier que si vous n'entendez qu'un seul chant d'oiseau en vous promenant en forêt, ce sera celui du viréo.
Quant à la couleur de ses yeux, vous aurez peut-être la chance d'observer un reflet rouge foncé (on le devine sur la vidéo) si la journée est ensoleillée et si l'incidence de la lumière est la bonne, juste avant le torticolis.
Depuis quelques jours, les accès payants à la nature rouvrent, car bien sûr il n'était pas question de laisser le monde se disperser gratuitement dans les parcs au risque de contaminer un cerf de Virginie ou un écureuil gris. Même prix d'entrée, moins de services, mais des nouveaux panneaux qui font ressembler la nature au centre-ville de Montréal. Autre nouveauté: les sentiers sont ouverts dorénavant aux chiens, une clientèle que tout bon gestionnaire ne peut évidemment pas écarter. Comme l'un ne va pas sans l'autre, cela m'a donné l'occasion de voir fleurir mon premier sac à m... dans le parc national.
Heureusement, il y avait quand même de belles choses comme cet immense peuplier deltoïde et cette famille de Canard branchu.