J'aime bien aller me promener sur le site de l'ancienne propriété des Langevin, sur le bord du fleuve à Boucherville. Même s'il ne reste rien de la luxueuse propriété et que le dessin du jardin d'autrefois est presque effacé, le lieu est encore habité et à l'ombre des arbres exotiques, dans les entrelacs de vignes vierges ou le long des remparts de thuyas, il n'est pas improbable de trouver une nyctale, un hibou moyen-duc ou même le grand-duc.
Aujourd'hui, nous n'en avons pas vu; ce qui ne signifie pas qu'ils n'étaient pas là. En revanche, comme chaque année à cette saison, il y avait beaucoup de merles d'Amérique, plusieurs dizaines. Les pommetiers et autres arbres fruitiers du site ne sont problablement pas étrangers à leur présence.
Quand les vers et les insectes ont disparu, le merle redécouvre les fruits
Ne vous avisez pas de plonger pas votre regard dans celui de la Chouette rayée, vous risqueriez de vous y perdre
Ce matin, nous sommes sortis suffisament tôt pour croiser une nocturne retardataire qui est venue nous saluer avant d'aller se coucher. Je reste flou sur la localisation (un espace vert de Longueuil que je fréquente régulièrement), car c'est le genre d'espèces dont je respecte la discrétion et la tranquillité. L'observation et la photograhie des oiseaux étant devenues des loisirs de masse, cela amène son lot d'indésirables et d'indélicats et vous n'imaginez pas les dégats que peuvent faire un autobus de photogtraphes animaliers lachés à la recherche d'une chouette.
Il y a quelques années quand je siégeais au conseil d'administration de l'AQGO (devenu le regroupement Québec-Oiseaux), je réclamais un peu de discrétion et de retenue sur le dévoilement des observations de strigidés et d'autres oiseaux peu communs sur les forums internet et on me répondait alors que s'ils étaient vraiment dérangés, il leur suffisait de se déplacer ailleurs. Et c'est ce qu'ils ont fait, et les ailleurs sont devenus de plus en plus rares, et on les a vus de moins en moins, et finalement la discrétion s'est imposée d'elle-même.
Par conséquent, puisque nous sommes incapables de sacrifier notre satisfaction immédiate au profit de considérations un tout petit peu plus générales, altruistes et dont le terme dépasse nos brèves existences (je parle de la préservation de notre environnement), je me retiens malheureusement de dévoiler l'endroit où d'autres pourraient avoir la chance d'entrer en contact avec le sauvage et de réaliser que cette nature que l'on nous montre dans les media est en réalité bien plus proche de nous qu'on ne le pense. Je précise "malheureusement", car je suis un fervent partisan de la circulation de l'information et suis persuadé qu'à long terme, la seule véritable solution durable passe par l'éducation et la sensibilisation à l'environnement...sinon pourquoi entretiendrais-je ce blog ?
La chouette rayée est une résidente du Québec qui devient plus facile à observer une fois que les feuilles sont tombées.
L'érablière sait à quoi s'attendre et elle est prête
Forts de leur expérience, ces vieux pommiers aussi
Après un petit deux-centimètres de neige préhivernale, le réchauffement climatique nous offre un sursis d'été avec une semaine autour de 20°C. Autant en profiter pour faire l'école buissonière en allant se promener au parc de la Yamaska. Trop fréquenté, trop familial, trop aménagé, la nature y est pourtant belle. Avec ses plantations de conifères bien alignés, ses vergers abandonnés et ses chemins bien tracés, c'est une nature à l'européenne, c'est-à-dire plus campagne que sauvage.
Bah, la journée était tellement belle que nous n'avons pas boudé notre plaisir; la lune non plus qui avait donné rendez-vous au soleil. Sur le réservoir, il y avait des oies des neiges en escale, et dans le sous-bois, les pieds dans l'eau, cette Dorine d'Amérique (Chrysosplenium americanum, de la famille des Saxifragacées) que je n'aurais pas reconnue si je ne l'avais pas croisé la semaine précédente en pourvuivant ma mise à jour de la Flore laurentienne.