Après la tempête...

Ce matin, en ouvrant la porte pour aller enlever les derniers restes de la tempête de neige, j'ai trouvé les traces d'un jeune lapin à queue blanche sur le pas de la porte. Je ne l'ai pas entendu frapper et il a du se contenter de la chaleur qui s'échappait par la porte. Et puis, au plus gros de la tempête, il est allé se réfugier sous l'auto. 

Ce n'est pas la première fois qu'il vient. Toutes les nuits, il vient vérifier que je n'ai pas oublié de fermer l'acccès au jardin. Tant qu'il restera de ce côté de la clôture, nous serons amis.

L'échelle est une botte d'hiver, taille 40 

Aux mangeoires, on rattrapait le temps perdu: sizerins flammés, chardonnerets jaunes, moineaux domestiques, roselins familiers, sittelle à poitrine blanche et pic mineur. Il ne manquait que les bruants hudsoniens, les juncos ardoisés et les cardinaux rouges, qui préfèrent manger ce que les autres laissent tomber.    

Espèce de grosse sauterelle

L'année dernière, au mois de septembre, cela faisait deux fois en treize ans que je voyais la scuddérie à ailes oblongues dans le jardin. Malgré ces 5 centimètres de longueur, cette sauterelle passe facilement inaperçue, tant qu'elle reste dans son contexte.

Scuddérie à ailes oblongues
Scuddérie à ailes oblongues

L'ochréa de Fallopia

C'était cet été, au Saguenay, lors d'une virée géologique qui tourna finalement à la botanique. Nous descendions le cours de la rivière ShipShaw à la recherche de fossiles. Après un arrêt fructueux à la Chute-aux-galets, nous sommes arrivés à la Chute-à-Gagnon par une route de sable fin qui serpentait à travers les épinettes. 

Chute-à-Gagnon

Aucun fossile ici; nous ne sommes déjà plus dans les calcaires de l'ordovicien supérieur (-445 à -453 millions d'années), mais sur un pluton du mésoprotérozoïque (-1,6 à -1 milliard d'années) mis à nu par la rivière Shipshaw. Et s'il y a tant de sable autour, c'est parce que ce torrent est tout ce qu'il reste d'un vaste delta en bordure de ce qui était le golfe de Laflamme, il y a 9000 ans environ.

Pas de fossiles, mais une plante que je remarque en sortant de la voiture. Étendue sur le sable et les galets, elle est en fleur; ce qui ne manque pas d'audace en cette saison; nous sommes quand même début septembre. Oserai-je lui demander son nom ?

Fallopia cilinodis
Fallopia cilinodis
Fallopia cilinodis

Nous engageons la conversation. Je passe sur les détails, mais il est question de feuilles alternes et cordées, de stipules engainantes, de fleurs bisexuelles, pentamères et à tépales carénés. Tout ça pour arriver à son nom de famille, Polygonacées. Me voilà bien avancé. J'insiste, je veux vraiment savoir qui elle est et je lui pose une dernière question.

C'est là qu'elle me perd: "si vous voulez savoir qui je suis, vous n'avez qu'à porter attention à mes ochréas." Boum, fin de la conversation et je repars, frustré, non sans emporter un souvenir d'elle.

Ce n'est que plus tard que j'apprendrai que les ochréas sont ces petites membranes qui entourent la tige à la base des feuilles des polygonacées, entre autres. Celles de mon souvenir ayant des poils, j'en conclus que j'avais rencrontré Fallopia cilinodis, aussi appelée Renouée à noeuds ciliés.

Ochréa de Persicaria sp
Ochréa de Persicaria...peut-être lapathifolia