Toutes les violettes ne le sont pas

Viola sororia
Ce qu'il y a de bien avec la violette, c'est que c'est une valeur sure, facile à reconnaître: une rosette de feuilles plus ou moins en forme de cœur, une fleur qui sort au printemps en même temps que nous, qui porte le nom de sa couleur et qui a une forme caractéristique avec ses deux pétales supérieurs, ses deux pétales latéraux et son pétale inférieur plus large et prolongé en éperon vers l'arrière. Qui ne sait pas reconnaître une violette ?

Viola adunca
Le problème est qu'une violette peut en cacher une autre. Rien qu'au Québec, elles sont 23 espèces à porter ce nom. Par ailleurs, si on se contente de regarder les violettes, on passe à côté des originales de la famille: les jaunes et les blanches, sans parler de la tricolore, mieux connue sous le nom de pensée depuis qu'elle a eu recours à la génétique pour promouvoir sa carrière internationale. Mais elle a beau renier ses origines, son ancêtre sauvage (Viola tricolor) est bien vivant. Je l'ai même rencontrer une fois dans l'infractuosité d'un trottoir de Montréal.

Viola pubescens

Par conséquent, si reconnaître le genre Violette (Viola) est une chose, identifier l'espèce en est une autre.

J'ai essayé plusieurs clés d'identification. Celles qui mettent l'accent sur la couleur des fleurs laissent toujours un doute; la perception des couleurs et de leurs nuances variant d'une personne à l'autre. Idem pour celles qui mettent l'accent sur la forme des feuilles; la différence entre une feuille en forme de cœur ou de rein ne se jouant parfois pas à grand chose. Je ne parle même pas des flores grand public du Québec dont la nomenclature désuète les fait ressembler à des romans de science-fiction. Il y a bien la clé de Flora of North America, mais elle est en anglais et, comme son nom l'indique, elle regroupe toutes les violettes d'Amérique du Nord. 

Finalement, comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, j'en suis arrivé à me fabriquer ma propre clé. Elle est ici en version pdf, à la disposition des amateurs de violettes québécoises, membres du carnet.

Viola canadensis
Viola lanceolata
Viola lanceolata
Viola tricolor

Un 8 février dans le parc national du Mont-Saint-Bruno

Encore un petit -15°C ce matin. Cela n'empêchait pas le cardinal rouge de chanter à tue-tête et les arbres de sourire. C'est bon signe; plus qu'un mois, un mois et demi.

Deux sur trois

Quenouille à feuilles larges

Au Québec, on trouve trois espèces de quenouilles: la quenouille à feuilles larges  (Typha latifolia), la quenouille à feuilles étroites (Typha angustifolia) et la quenouille glauque (Typha x glauca) qui est un hybride naturel des deux premières.

Ce sont des plantes monoïques; ce qui signifie que les fleurs mâles (staminées) et les fleurs femelles (pistillées), bien que cohabitant sur la même plante, font chambre à part. Chez les quenouilles, cela se traduit par un épi cylindrique brun et coriace de fleurs pistillées, surmonté d'un épi de fleurs staminées.

La question de l'identité ne se pose vraiment que lorsque les épis mâles et femelles sont séparés. Quand ils sont contigus, c'est une quenouille à feuilles larges. Par contre, lorqu'ils sont séparés, ce peut-être une quenouille à feuilles étroites (beaucoup plus problable dans les lieux éloignées des activités humaines) ou l'hybride, et il faut alors y regarder de beaucoup plus près (voir Flora of North America). 

Quenouille glauque ou Quenouille à feuilles étroites ? La largeur de l'épi staminé m'incite à penser à Typha angustifolia.
D'un point de vue ethnobotanique, les feuilles de quenouille peuvent être utilisées en vannerie. Pour le reste, tout ou presque se mange: le coeur des jeunes pousses cru ou cuit; l'épi de fleurs quand il est encore vert et engainé, comme le maïs, bouilli quelques minutes et beurré; le rhizome préparé comme des pommes de terre ou séché et réduit en farine; et j'en passe. Personellement, je n'ai jamais été affamé au point de me mouiller les pieds.