Ce n'est pas parce qu'il va tomber 15 ou 20 cm de neige aujourd'hui que l'on n'a pas le droit de croire en l'arrivée des beaux jours. Je parle du printemps, pas de ceux où les hommes vivront d'amour. Ça, je n'y crois plus.
Et je peux vous donner deux preuves. Je ne parle pas de l'Ukraine, mais du printemps. D'abord, j'ai reçu la visite d'un démarcheur de graines de gazon qui a ouvert de grands yeux incrédules quand je lui ai dit que je n'en avais presque plus et que j'essayais de me débarrasser de ce qui reste.
Ensuite, mon agrume - je ne me rappelle plus quel pépin j'ai planté (citron, pamplemousse, orange, clémentine ou lime) - est en train de me faire un feu d'artifices de rameaux et de feuilles. Lui aussi est impatient de sortir dans le jardin.
J'ai une manie: partout où je passe, je ramasse des fruits et des graines. À la fin de l'année, je les range dans des petites boîtes hermétiques dans lesquelles j'ai pris soin de placer un essuie-tout humide et je les place dans le bas de mon frigo avec l'intention de lever une potentielle dormance physiologique.
Une fois dans l'hiver, je les sors pour les nettoyer et enlever d'éventuelles moisissures, et puis je les replace.
Au printemps, je casse délicatement les noix et les noyaux les plus durs pour exposer l'amande (la graine) et lever une éventuelle dormance physique. Certaines enveloppes sont tellement étanches que ni l'eau ni l'air ne passent. Et après, je les sème.
De gauche à droite: Sorbier du Lac Saint-Jean, Hamamélis du Mont-Saint-Bruno, cerisier du Tremblay, Chêne rouge du Tremblay (brun pâle), Chêne à gros fruits de Notre-Dame-du Nord (brun foncé) et Caryer ovale du Tremblay.
Cette année, si tout se passe bien, j'aurais peut-être des médéoles de Virginie, des sorbiers d'Amérique, des hamamélis de Virginie, des chênes et des caryers ovales.
Si vous êtes amateurs de goélands ou de mouettes au point d'ergoter sur leur âge, alors vous avez sûrement déjà fait le pèlerinage à la Mecque des laridés; je veux parler de ce corridor de 56 kilomètres entre les lacs Érié et Ontario qu'est le Niagara. En automne et en hiver, des observateurs de tout le continent viennent y chercher l'improbable hybride ou l'espèce rare de l'Ouest perdue au milieu des milliers qui se rassemblent dans la région. Personnellement, il me reste tant de choses plus ordinaires à découvrir que j'ai du mal à approfondir un seul sujet et cette escapade dans la péninsule de Niagara était plus une occasion d'apprécier l'ensemble de l'œuvre que les détails.
Avant de partir, ma blonde avait noté, au cas où, quelques "points chauds" de la région pour l'observation des oiseaux, mais finalement, les surprises furent ailleurs.
La première fut à Niagara-on-the-Lake (Ici) sur la rive du lac Ontario à l'embouchure du Niagara. Sur des eaux étonnamment libres de glace flottaient plusieurs radeaux de Bernaches du Canada, de fuligules et de garrots de toutes sortes, et surtout de Macreuses à ailes blanches, et encore mieux de Hareldes kakawi(s). En quelques minutes, nous venions d'exploser notre nombre d'observations de cette espèce en passant de quelques doigts de la main à plus d'une centaine.
Le lac Ontario vu de Niagara-on-the-Lake. À droite, sur la rive américaine, le Fort Niagara.
Un Harelde kakawi à portée d'objectif, mais peu coopératif. Ce canard plongeur passe son été sur les lacs de la toundra où il niche, En hiver, une partie de la population de cet oiseau circumpolaire vient hiverner sur les Grands Lacs. Il en est signalé quelques-uns, parfois, en hiver, sur le fleuve Saint-Laurent dans la région de Montréal, mais jamais dans de telles proportions.
Le lendemain en remontant le Niagara vers le lac Érié, nous nous sommes mis en quête d'un accès au cours d'eau. Apparemment, une tempête de neige nous avait précédé de quelques jours et la route avait été dégagée en chassant la neige sur les bas-côtés, transformant les trottoirs, la Niagara Parkway Recreation Trail qui longe l'étroit espace entre la route et l'eau et la plupart des stationnements le long de la route en dépôts à neige.
Nous avons quand même fini par trouver notre bonheur (Là) et un troglodyte de Caroline, un oiseau que plus personne ne regarde en Ontario, puisqu'il y est comme chez lui, mais qui pour nous est une observation rare.
Bec long et recourbé, sourcil blanc net, flancs chamois et quelques autres petits trucs permettent de reconnaitre le troglodyte de Caroline. Depuis une dizaine d'années, il étend son territoire dans le sud du Québec au point d'y nicher et même d'y passer l'hiver. Si vous êtes Montréalais et chanceux, vous pourriez peut-être en rencontrer dans un parc de l'île.
Mais notre observation la plus inattendue fut celle de ces centaines de cygnes siffleurs tout au long du Niagara en amont des chutes (Et ici) jusqu'au lac Érié; un lac qui correspondait plus que le lac Ontario à l'image que je me faisais des Grands Lacs en cette saison.
Le cygne siffleur est un autre oiseau boréal qui vient hiverner dans la région des Grands Lacs. On le voit exceptionnellement au Québec lors de sa migration.
Le lac Érié vu de Crystal Beach Waterfront Park (Et là). Nous sommes sur l'eau.