Après le verglas de cette nuit, je suis allé vérifier si les mangeoires anti-écureuils n'étaient pas bloquées par le gel; le principe de fonctionnement étant qu'un animal trop lourd ferme l'accès aux graines en faisant coulisser les perchoirs vers le bas.
Comme à chaque fois, je me suis laissé captiver par le manège des oiseaux, observant les hiérarchies et les stratégies qui règlaient leur trafic.
La loi première qui semble être la même que chez les humains - preuve que ces derniers ne sont pas encore parvenus à s'extraire de leur condition animale - est celle du plus gros ou du plus fort. Selon cette règle, les roselins familiers s'imposent sur les chardonnerets jaunes.
Le va-et-vient des mésanges à tête noire, pourtant plus petites, mais indifférentes aux autres, pourrait infirmer cette règle. En réalité, elles ne sont que l'illustration d'un corollaire. La force et la taille ne valent rien; elles ne sont ni bonnes, ni mauvaises, mais ne dépendent que de la volonté qui les anime. Or, ceux qui connaissent les mésanges savent qu'elles n'ont peur de rien. D'ailleurs ne viennent-elles pas manger dans nos mains ?
Une seconde loi est celle du nombre et de l'union. Si les chardonnerets jaunes profitent d'une absence des roselins pour accéder aux mangeoires et s'ils ne sont pas divisés par leurs querelles intestines, ils peuvent tenir la position un certain temps.
Enfin, en observant les interactions entre les mâles (en rose) et les femelles (en brun) des roselins familiers, j'ai eu l'impression que leur société était plutôt égalitaire ou légèrement matriarcale en ce qui a trait aux relations entre les sexes.