Bain de nature thérapeutique

Je ne sais pas si c'est une conséquence de la dépression saisonnière ou du spectacle quotidien de notre inhumanité, mais p... qu'on était bien sur le mont Saint-Bruno ce matin. Personne, juste la faune et nous.

Et de la faune, il y en avait. Entouré d'un essaim de mésanges et de sittelles, nous avons marché sous le regard interrogateur des cerfs de Virginie qui interrompaient leur broutage pour évaluer le danger que nous pouvions représenter avant de replonger la tête ou de fuir. Nous avons pris le chemin du vieux verger abandonné. Les fruits blets encore accrochés aux arbres ou tombés par terre attirent toute sorte d'animaux: ceux qui s'en nourrissent et leurs prédateurs qui profitent du terrain dégagé pour repérer leurs proies de loin. 

Et des prédateurs, il y en avait. Une buse à queue rousse s'est perchée au faîte du plus grand arbre, a fait son tour d'horizon, puis a cédé la place à une pie-grièche boréale, une chasseuse redoutable qui suspend ses victimes à des branches. Peut-être aime-t-elle la viande faisandée. 

En tout cas, il faut croire que les merlebleus de l'Est ne font pas partie de son menu puisque c'est le moment qu'ont choisi quatre d'entre eux pour traverser le verger sous nos yeux ébahis. Nous savions qu'ils nichaient là, mais nous ne nous attendions pas à les voir aussi tard dans la saison.

Centre écologique Fernand-Seguin

Au sud-ouest de Châteauguay, entre l'autoroute de l'acier et un golf, le Centre écologique Fernand-Seguin protège un minuscule vestige de l'érablière à caryer qui couvrait autrefois le sud du Québec. Deux sentiers parcourent le sous-bois. Le "1" en fait le tour en passant par l'étang, un bien grand mot pour une dépression qui ne doit plus grand-chose à la nature. Le "2", dit le sentier des fées, traverse une cité du petit peuple qui a gentiment décidé de nous laisser voir quelques-uns de ses aménagements.

Si on fait abstraction du bourdonnement incessant de l'autoroute, l'endroit peut être plaisant. La forêt, avec ses grands arbres et quelques conifères en périphérie, nous a semblé propice à l'observation des strigidés. Nous en avons cherché, mais s'ils nous ont vus, ce ne fut pas réciproque. Maigre consolation:  après vérification dans eBird, seul le petit-duc parmi 169 autres espèces a été rapporté par les observateurs de passage. Le bruit et la superficie restreinte du territoire y sont peut-être pour quelque chose. 

Bécosse de fées

D'un point de vue géologique, la forêt est installée en partie sur la formation de Beauharnois. Les roches grises qui la caractérisent sont, à l'origine, des sédiments déposés dans un environnement lagunaire ou intertidal, il y a environ 480 millions d'années. En regardant de plus près les blocs qui parsèment le terrain, on peut trouver les fossiles des galeries creusées par les animaux fouisseurs qui peuplaient l'endroit.  

À quoi rêvent les chouettes ?

Je crois que les chouettes rayées emportent une partie de la nuit dans leurs rêves, bien cachée derrière leurs paupières. Sinon, comment expliquer la noirceur de leur regard ? 

Celle-là s'apprêtait à dormir quand nous l'avons observée, perchée dans un jeune pin blanc quelque part sur le Mont Saint-Bruno, presque à hauteur d'homme, comme souvent. Elle a nettoyé ses serres, s'est redressée et a tourné la tête en arrière pour l'enfouir dans ses ailes.