Il se passe toujours quelque chose dans le boisé du Tremblay. Cette fois-ci, j'ai croisé la piste d'un lapin à queue blanche. Plus loin, en cherchant une chouette rayée dans le marais, je suis tombé sur une grande pic (Dryocopus pileatus) occupée à gosser un frêne mort que les coupeurs d'arbres avaient bien voulu laisser debout. Et encore plus loin, un groupe de grands corbeaux qui faisaient l'aller-retour entre leur perchoir et le sol m'a incité à aller vérifier à quel cadavre ils s'intéressaient. C'était un jeune cerf de Virginie déjà bien entamé.
Biodiversité du Boisé du Tremblay
Comme chaque année ou presque depuis que j’ai démarré le projet "Biodiversité du Boisé du Tremblay" sur iNaturalist, j’ai mis à jour les guides de la faune et de la flore du boisé.
Ces guides sont établis à partir des observations faites par les visiteurs, mais seules celles ayant été validées par la communauté des experts de iNaturalist et ayant atteint le calibre «Recherche» sont retenues.
Ils permettent de dresser un portrait de la vie qui anime le boisé et démontrent que la « biodiversité » n’est pas qu’un concept. En mettant en évidence la richesse d’un lieu, ils stimulent l’intérêt pour sa conservation. Ils peuvent aussi faciliter l’identification d’une plante ou d’un animal qui attire l’attention du visiteur curieux. D’ailleurs, ces guides peuvent être imprimés, téléchargés ou consultés en ligne sur un téléphone cellulaire.
Au cours de l’année 2024, plusieurs nouvelles espèces ont été ajoutées à la liste:
- L’Amanite de Jackson devient la 22ème espèce du guide des champignons.
- L’Adiante du Canada et l’Athyrie fougère-femelle du Nord font passer à 11 le nombre des espèces du guide des plantes se reproduisant par spores (mousses, lycopodes, fougères et alliées).
- Le Lycope d'Europe, la Proserpinie des Marais, la Rudbeckie laciniée, la Saponaire officinale, l’Uvulaire à grandes fleurs, la Vesce des haies, l’Impatiente glanduleuse et l’Ancolie du Canada portent à 231 le nombre d’espèces du guide des plantes herbacées à fleurs.
- Le Noyer noir, l’Hamamélis de Virginie et le Chêne blanc font grimper à 75, le nombre des espèces du guide des arbres et des arbustes.
- 69 nouvelles espèces ont été ajoutées au guide des invertébrés qui totalise maintenant 493 espèces d’arthropodes et de mollusques.
- Enfin, le Rat musqué et le Coyote viennent compléter la liste des 16 espèces du guide des mammifères.
En revanche, le guide des amphibiens, reptiles et poissons reste à 11 espèces et le guide des oiseaux à 122 espèces.
Je profite de l'occasion pour vous encourager à utiliser iNaturalist pour recenser la biodiversité qui vous entoure, que ce soit dans un parc, un jardin ou même une maison. C'est facile (il suffit de prendre une photo), c'est complétement gratuit, c'est utile et c'est l'occasion d'apprendre, car même si vous ne connaissez pas l'espèce, la communauté de iNaturalist l'identifiera pour vous.
Chasseur de fantômes
L'hiver a du mal à s'imposer, mais il est bien là. Les signes ne trompent pas: la nuit prend toute la place, le jour n'ose plus la contredire, même les arbres ont compris depuis longtemps qu'il n'était plus la peine de faire de l'ombre. Toute vie s'étant enfuie ou se cachant, il est temps pour moi de reprendre mes activités de chasseur de fantômes.
Contrairement à ce que l'on raconte, les fantômes ne sont pas tous des créatures de la nuit qui disparaissent le jour venu. Non, non, il ya aussi des fantômes de jour, se mouvant furtivement autour de nous. Simplement, nous ne les voyons pas. En revanche, eux nous observent et si, d'aventure, nous faisons mine de les frôler, ils prennent la poudre d'escampette, car ils nous craignent plus que nous les craignons.
On dit aussi que pour éloigner ces créatures et éviter qu'elles viennent hanter nos maisons, il suffit de répandre du sel devant les portes et les fenêtres. Quelle erreur ! Au mieux, cette substance les laisse complétement indifférentes. Au pire, elle risque de les attirer, car certaines s'en délectent.
Au lieu du sel qui risque de disparaitre à la première ondée, tout chasseur de fantôme qui se respecte préfère utiliser du plâtre (en tout cas, ceux de la vieille école), de l'alginate de sodium (plus "high-tech") ou éventuellement de la farine (quand on est vraiment mal pris). Personnellement, en tant qu'adepte du "low-tech" et de l'éphémère, je trouve que la neige fraîche est économique et fait très bien l'affaire.
Comme je le disais plus haut, l'utilité des ces poudres n'est pas d'éloigner le fantôme, mais plutôt de matérialiser son passsage. Une fois rendu visible, il ne reste plus qu'à nommer la créature pour qu'elle s'incarne. C'est ce que certains appellent la puissance du verbe.
Pour ceux qui seraient intéressés à rejoindre la guilde des chasseurs de fantômes, j'ajouterais que le seul risque de cette activité est de renouer avec notre milieu naturel, un milieu qui, paradoxalement, nous est de plus en plus étranger. C'est aussi une activité à la portée de tous et à laquelle on peut facilement s'initier en consultant les grimoires que se transmettent les chasseurs de fantômes depuis l'aube des temps. Au Québec, le dernier en date est le Guide d'identification des Traces d'animaux du Québec, de Mark Elbroch, publié en 2008 aux éditions Broquet.