Le gingembre sauvage: médicinal, aromatique et potentiellement toxique

Asarum Canadense

Le lien qui m'unit aux plantes d'une manière que je ne saurais expliquer depuis que je suis gamin m'a insidieusement amené à la physiologie, autant végétale qu'animale, puis à la pharmacologie jusqu'à un niveau suffisamment élevé pour me faire oublier qu'environ 50 % des médicaments sont de source naturelle et que peut-être un sur quatre trouve son origine dans une plante. Le bon côté est que j'ai beaucoup appris sur le fonctionnement des plantes, des animaux et de nous-mêmes, les êtres humains.

J'ai aussi appris à ne pas me précipiter sur une plante sauvage et à y gouter, sous prétexte que j'aurais vu quelque chose qui y ressemblait sur un groupe facebook de cuisine sauvage. Toute ressemblance avec des faits réels n'est bien entendu pas une coïncidence.

Tout ça pour dire que malgré mes principes de précautions et mes maigres connaissances, j'ai quand même cédé à la tentation de concocter des friandises en faisant confire des rhizomes de gingembre sauvage. Je précise que je les avais cueillis dans mon jardin et non dans la nature où ils sont malheureusement devenus de plus en plus rares, et ce, pour les mêmes raisons que tout le reste de la biodiversité.

Après avoir lu partout que le gingembre sauvage était comestible, et en dépit du fait qu'on le considère comme toxique en Europe, j'ai fait quelques recherches sur sa composition chimique dans les bases de données scientifiques pour me convaincre qu'il n'y avait pas de risque et je me suis lancé dans la cuisine.

Il faut préciser ici que les gingembres sauvages d'Europe et du Canada sont deux espèces différentes: Asarum europaeum et Asarum canadense. Or, il se trouve que malgré leur ressemblance, l'asaret du Canada contient beaucoup moins d'asarone que son cousin européen; l'asarone étant neurotoxique, hépatotoxique et cancérigène. 

Le résultat fut à la hauteur de mes espérances et la ressemblance entre le gingembre sauvage et officinal est bluffante. Pourtant, je ne recommencerai plus. Oh, je suis toujours là, apparemment en bonne santé, ou en tout cas avec rien qui puisse être relié de près ou de loin avec ma consommation de gingembre. Le problème est qu'il s'est passé beaucoup de choses depuis mon expérience, partout dans le monde. On a même découvert en Belgique une nouvelle maladie : la néphropathie aux acides aristolochiques qui remet en question l'innocuité de toutes les espèces d'asarets. Vous en saurez plus en lisant article que j'ai publié ici.

Du coup, par principe de précaution, j'ai retiré de mon blog l'article sur les propriétés médicinales du gingembre sauvage (oui, il en a) et j'ai reclassé l'asaret du Canada dans les plantes toxiques. J'ai même contacté le site PasseportSanté.net avec lesquels j'ai longtemps collaboré pour les inviter à modifier leur article sur les vertus du gingembre sauvage et inciter leurs lecteurs à la prudence, mais je crois que rien n'a été fait dans ce sens.

Un 24 février au parc Michel-Chartrand

Hier, ma blonde m'a proposé d'aller faire une petite marche au parc Michel-Chartrand (Longueuil, Québec), à deux pas de chez nous. C'est un parc municipal créé en 1965 sur les terres de la ferme Pathurin qui abrite un beau vestige de forêt. Nous y avons souvent vu du renard roux, des nichées de grand-duc d'Amérique et quelques oiseaux de passage moins communs. 

Je dois dire que je n'y vais plus que rarement et, en tout cas, jamais un dimanche, à moins de pluie, de tempête de neige ou de vortex polaire; trop familial, trop sportif, trop d'agitation. Pourtant, cette fois-ci, je me suis laissé convaincre d'aller y joindre une marche utile au plaisir d'y observer d'éventuels strigidés et pourquoi pas le renard, à défaut du loup et de la belette.

Finalement, ça valait le coup de se faire violence. Après quelques minutes de promenade le nez en l'air, nous sommes tombés sur un attroupement caractéristique de photographes au pied d'un conifère. Je dois dire que je n'ai jamais compris quel était l'intérêt de se promener avec des téléobjectifs aussi lourds et des trépieds aussi encombrants pour finalement se stationner au pied de l'oiseau au risque de le déranger. Mais bon, ainsi-soit-il ! Curieux de savoir quel était le sujet de toute cette attention et sentant que le groupe était là pour rester, nous avons enfreint nos règles et nous nous sommes approchés en évitant de croiser les regards avides d'entamer la conversation afin de pas ajouter à l'ambiance sonore.

En cherchant le point de convergence des regards, des téléobjectifs, des télescopes et des bâtons des fondeurs de passage, nous avons rapidement trouvé le hibou moyen-duc. Il y avait longtemps que nous n'en avions pas vu, bien que ce ne soit pas un oiseau rare. Le temps de pointer brièvement les jumelles pour admirer ces grandes aigrettes et le roux de son disque facial, de prendre un cliché pour témoigner que la nature est partout, nous avons appris (comment y échapper ?) que l'arbre était fréquenté par un couple de hiboux depuis environ un mois, puis nous avons poursuivi notre chemin vers des secteurs moins fréquentés du parc.

Nous n'étions pas au bout de nos surprises. Plus loin, où nous avions l'espoir de voir un grand-duc, ma blonde qui a décidément un œil de lynx nous a trouvé une chouette rayée, puis une autre, encore plus loin. Il est rassurant de constater que malgré la coupe des frênes malades de l'agrile, les grands strigidés considèrent que le sous-bois est encore accueillant. En revanche, les plus petits d'entre eux comme les nyctales semblent avoir disparu depuis qu'il a été nettoyé de ses chicots et des vigne-vierges qui leur servaient de linceuls. 

Deux pour une

Au Québec, les chouettes rayées commencent à pondre début mars, mais avant, il faut se trouver un(e) partenaire et construire un nid. 

Hier, au boisé du Tremblay (Longueuil), les rapprochements semblaient être bien engagés. Il va falloir surveiller la suite. En revanche, la grande pic cherche toujours un partenaire.