Charlotte la Cheiracanthe

Que nous habitions l'Europe ou l'Amérique, nous offrons tous le gîte à une cheiracanthe jaunâtre, aussi appelée araignée jaune des maisons. Cette petite araignée jaunâtre ou verdâtre, pas plus grosse qu'un ongle de pouce, protège nos maisons des indésirables qui voudraient s'y incruster. 

La nôtre, la dénommée Charlotte, a pris en charge le salon qu'elle patrouille consciencieusement du soir au matin. Dans la journée, elle disparait dans l'abri de soie qu'elle s'est tissé dans un coin, entre mur et plafond. Bien que sa morsure soit parait-il douloureuse, qu'elle est une mauvaise réputation et que sa grâce soit digne d'une araignée, elle est complétement inoffensive.

Tombée du lit

Des pattes antérieures et postérieures différentes, qui vont par deux, la plus grande toujours derrière la plus petite, se touchant sans se superposer...

Mardi dernier, le 5 mars, je vois une piste dans la neige, devant la maison. Je m'approche pour l'identifier, mais je ne reconnais rien. Intéressant.

Mentalement, je me fais rapidement une liste des mammifères marcheurs, domestiques ou sauvages, qui vivent en milieu urbain. Le seul dont je n'ai jamais vu les traces est la marmotte, bien qu'elle soit très commune, surtout dans les banlieues. C'est tellement improbable à cette époque de l'année et sous cette neige que je me dis qu'il doit m'en manquer. Je vais chercher ma règle et mon appareil photo pour une identification ultérieure. Et puis, j'oublie.

La plus grande en arrière a 5 doigts et des griffes, la plus petite en avant seulement 4 doigts griffus

Ce matin de dimanche, ma blonde revient de faire les courses et elle me dit: "tu ne devineras jamais ce qui vient de traverser devant moi... une marmotte." Alors, je suis retourné voir mes photos et les bouquins, et ça colle.

Les prochains jours vont être difficiles pour elle, car on est encore loin des premières pousses vertes. À sa place, j'irais me recoucher.  

Le gingembre sauvage: médicinal, aromatique et potentiellement toxique

Asarum Canadense

Le lien qui m'unit aux plantes d'une manière que je ne saurais expliquer depuis que je suis gamin m'a insidieusement amené à la physiologie, autant végétale qu'animale, puis à la pharmacologie jusqu'à un niveau suffisamment élevé pour me faire oublier qu'environ 50 % des médicaments sont de source naturelle et que peut-être un sur quatre trouve son origine dans une plante. Le bon côté est que j'ai beaucoup appris sur le fonctionnement des plantes, des animaux et de nous-mêmes, les êtres humains.

J'ai aussi appris à ne pas me précipiter sur une plante sauvage et à y gouter, sous prétexte que j'aurais vu quelque chose qui y ressemblait sur un groupe facebook de cuisine sauvage. Toute ressemblance avec des faits réels n'est bien entendu pas une coïncidence.

Tout ça pour dire que malgré mes principes de précautions et mes maigres connaissances, j'ai quand même cédé à la tentation de concocter des friandises en faisant confire des rhizomes de gingembre sauvage. Je précise que je les avais cueillis dans mon jardin et non dans la nature où ils sont malheureusement devenus de plus en plus rares, et ce, pour les mêmes raisons que tout le reste de la biodiversité.

Après avoir lu partout que le gingembre sauvage était comestible, et en dépit du fait qu'on le considère comme toxique en Europe, j'ai fait quelques recherches sur sa composition chimique dans les bases de données scientifiques pour me convaincre qu'il n'y avait pas de risque et je me suis lancé dans la cuisine.

Il faut préciser ici que les gingembres sauvages d'Europe et du Canada sont deux espèces différentes: Asarum europaeum et Asarum canadense. Or, il se trouve que malgré leur ressemblance, l'asaret du Canada contient beaucoup moins d'asarone que son cousin européen; l'asarone étant neurotoxique, hépatotoxique et cancérigène. 

Le résultat fut à la hauteur de mes espérances et la ressemblance entre le gingembre sauvage et officinal est bluffante. Pourtant, je ne recommencerai plus. Oh, je suis toujours là, apparemment en bonne santé, ou en tout cas avec rien qui puisse être relié de près ou de loin avec ma consommation de gingembre. Le problème est qu'il s'est passé beaucoup de choses depuis mon expérience, partout dans le monde. On a même découvert en Belgique une nouvelle maladie : la néphropathie aux acides aristolochiques qui remet en question l'innocuité de toutes les espèces d'asarets. Vous en saurez plus en lisant article que j'ai publié ici.

Du coup, par principe de précaution, j'ai retiré de mon blog l'article sur les propriétés médicinales du gingembre sauvage (oui, il en a) et j'ai reclassé l'asaret du Canada dans les plantes toxiques. J'ai même contacté le site PasseportSanté.net avec lesquels j'ai longtemps collaboré pour les inviter à modifier leur article sur les vertus du gingembre sauvage et inciter leurs lecteurs à la prudence, mais je crois que rien n'a été fait dans ce sens.