Au Québec, les chouettes rayées commencent à pondre début mars, mais avant, il faut se trouver un(e) partenaire et construire un nid.
Hier, au boisé du Tremblay (Longueuil), les rapprochements semblaient être bien engagés. Il va falloir surveiller la suite. En revanche, la grande pic cherche toujours un partenaire.
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu connaître et comprendre le monde dans lequel j'évolue: pourquoi un marais ici, une montagne là; quel âge a-t-elle, quelles sont les forces qui l'ont érigée, quel est ce chant d'oiseau, comment s'appelle cette fleur si spectaculaire, a-t-elle des propriétés particulières, quel animal a laissé ces traces ?
En ce moment, je lis sur la géologie des Rocheuses du sud de l'Alberta pour essayer de comprendre le paysage dans lequel je vais bientôt me promener. Dans mon sac à dos, il y aura une flore des plantes vasculaires de la province, celle que j'ai reçue par la poste, hier. De quoi reconnaitre 2010 espèces réparties dans 657 genres et 123 familles. Tout ça en 838 grammes et dans un format à peine plus grand que ma main. Tout ce dont je rêvais quand je trainais les deux kilos de ma flore laurentienne à travers le Québec, il y a quelques années.
Je la feuillette depuis hier et j'ai déjà hâte d'y être. Le livre est très bien fait : uniquement des clés d'identification très classiques qui partent des grands groupes (fougères, plantes ligneuses, aquatiques, non photosynthétiques, etc.) et vous amènent à la famille puis au genre et à l'espèce, en vous aidant de 3000 dessins en noir et blanc pour la forme générale de la plante ou les détails qui comptent pour la distinguer d'une autre.
Ce pourrait être un modèle pour la prochaine flore laurentienne dont la réédition est en projet.
Vous distinguerez mieux les oiseaux en cliquant sur la photo et les vidéos suivantes. Remarquez les trainées de fientes sur la roche, en contrebas du nid
Sur les flancs du mont Saint-Bruno, il y a quelques falaises propices à la nidification de faucons ou de grands corbeaux. Quand je passe à côté, je cherche toujours des indices de nidification dans les infractuosités, des tas de branches et des trainées de fientes sur la roche, car même quand ce n'est pas la saison, les traces restent visibles et les nids sont généralement réutilisés d'une année sur l'autre.
Donc ce matin, je repère à l'oeil nu une cavité assez grande pour installer un nid et en l'examinant avec mes jumelles, je constate que tous les indices indiquent la présence d'un ancien nid. C'est loin, mais je prends mon appareil photo pour documenter. C'est alors que ça se met à bouger; deux oiseaux, des grands corbeaux, s'agitent en croassant. Je ne les avais pas vu aux jumelles. Je me dis d'abord qu'ils se sont trouvés un perchoir pour observer les environs, car les oiseaux n'utilisent pas leur nid comme abri. Aussitôt que les jeunes peuvent voler, les oiseaux quittent leur nid. Éventuellement, ils y retourneront l'année suivante pour nicher.
Je les observe aux jumelles quand ils se mettent à frémir des ailes comme le font les jeunes oiseaux qui veulent être nourris. Je vois alors arriver un troisième individu qui, à ma grande surprise, se met à leur donner la becquée. Je n'en crois pas mes yeux, mais il s'agit bien d'une nichée, en plein mois de janvier.
Dans le sud du Québec, le corbeau peut pondre dès la mi-février, la durée d'incubation est de 18 à 22 jours et la durée de séjour au nid des jeunes de 35 à 45 jours l'envol. Ici, compte-tenu de la taille des jeunes, ils ne devraient pas tarder à prendre leur envol; ce qui signifie que la nichée a commencé à la fin novembre de l'année dernière, une nichée vraiment tardive...ou hâtive.