Mont Saint-Hilaire

Le mont Saint-Hilaire est une des neuf collines montérégiennes (Québec) qui tracent un pointillé à travers la vallée du Saint-Laurent. Ces intrusions magmatiques mises en relief par l'érosion des sédiments qui les recouvraient sont le résultat du passage d'est en ouest de la plaque continentale nord-américaine au-dessus d'un point chaud.
Les points chauds sont des mouvements de convection du magma vers la croûte terrestre qui se produisent à certains endroits de la planète, un peu à la manière des bulles qui crèvent l'omelette quand on la cuit. Dans le cas des montérégiennes, c'était il y a longtemps, mais à Hawaï ils sont en plein dedans.
Hier, il était temps de renouer avec cette réserve de la biosphère de l'UNESCO. À une heure tardive où  la faune est essentiellement humaine, nous ne nous attendions pas beaucoup plus qu'à la fraîcheur du sous-bois.


Et pourtant, nous y avons entendu un viréo à gorge jaune en montant vers la falaise de Dieppe, vu des grenouilles vertes s'égosiller et trois tritons verts, des "lifers". En redescendant, un cerf de Virginie, seul, est venu nous saluer, l'esprit des lieux probablement.

Orchidées de la tourbière

Pour en finir avec la tourbière du parc national de Frontenac, nous avons pu y admirer trois espèces d'orchidées, dont une considérée comme très rare au Québec. 
D'abord, l'ingénieuse Calopogon tuberosus aussi appelée C. tuberosa ou C. pulchellus; c'est à y perdre son latin. Son "génie" réside dans le dispositif de pollinisation: les poils de la partie verticale du label, semblables à des étamines, attirent les insectes. En s'y frottant, ils déclenchent le redressement de la partie horizontale du label articulé qui leur colle les pollinies.   


La Pogonie langue-de-serpent (Pogonia ophioglossoides)


et la Plantanthère à gorge frangée (Platanthera blephariglottis, aussi appelée Habenaria blephariglottis), la plus rare des trois.


On peut aussi y trouver Listera australis (très rare) et Arethusa bulbosa (très rare). 

Tétras du Canada, Falcipennis canadensis, Spruce Grouse

Décidément, en ce 3 juillet 2012, la tourbière du parc national de Frontenac (Québec, Canada) nous réservait de bien belles surprises.
Ce fut d'abord un bruit sourd et une ombre en mouvement qui attira notre attention à quelques pas devant nous. Nous savions alors que nous venions de déranger un oiseau. Tout doit ensuite se passer très vite: on balaye rapidement l'horizon du regard pour voir si on ne peut pas le repérer et l'identifier en vol. Si on ne voit rien et qu'on n'entend pas de battements d'ailes, c'est peut-être qu'il s'est posé à proximité. Alors on reste sur sa position et on regarde autour.
Et là, à gauche, à hauteur du regard sur une branche basse, un mouvement nous révéla un poussin que nous avons d'abord identifié comme une Gélinotte huppée, d'une part parce que nous ne connaissons pas bien les traits distinctifs des poussins des différentes espèces de tétras et de gélinotte, et aussi parce que cela nous semblait le plus probable.
Comme un poussin seul, cela n'a pas trop de sens. Nous avons cherché la mère. Effectivement, elle n'était pas loin, perchée dans une épinette de l'autre côté du chemin, visiblement sur le qui-vive et pour cause. Nous nous sommes alors avancés de quelques pas pour lui faciliter le passage vers ses rejetons et faire retomber le stress, tout en prenant soin de ne pas la regarder pour lui laisser croire que nous ne l'avions pas repérée et ne pas la faire fuir. Comme il se doit, elle alla les rejoindre et commença à émettre des gloussements discrets pour les rassembler. Nous en avons compté cinq ou six sortant de nulle part.
C'est en voyant l'adulte que nous avons évidemment compris que nous étions en présence de Tétras du Canada; ce qui, en cette période de relevés pour l'atlas des oiseaux nicheurs du Québec, confirme sa nidification jusqu'ici supposée dans le secteur du Parc de Frontenac.
Certes, les images qui suivent ne sont pas toujours d'une grande qualité, mais elles permettent quand même de reconnaître l'animal.

Plantes carnivores

Les plantes carnivores puisent dans la digestion des animaux l'azote (N) et le phosphore (P) qu'elles ne peuvent pas trouver dans le sol. On les rencontre dans les tourbières, ces milieux acides, riches en matière organique d'origine végétale mais peu ou pas décomposée; ce qui rend les éléments sus-cités impossibles à assimiler. 

Il y a de moins en moins de tourbières accessibles au Québec. Les plus proches, celles du sud, ont été exploitées jusqu'à leur épuisement par les marchands de tourbe. La plus près de Montréal est celle de Lanaudière. Un peu plus loin vers l'est, il y en a une autre, magnifique: celle du parc national de Frontenac. C'est une tourbière minérotrophe (fen), c'est-à-dire en contact avec la nappe phréatique et alimentée par les eaux de ruissellement, par opposition à la tourbière ombrotrophe (bog) dont l'alimentation en eau dépend des précipitations.

Au moment de notre passage (première semaine de  juillet), au moins trois plantes insectivores étaient en fleurs:

La Sarracénie pourpre qui piège les insectes dans ces feuilles en cornet remplies d'eau de pluie. Dans son cas, la décomposition des proies est assurée par des bactéries en solution dans l'eau.




La Droséra à feuilles rondes qui forme de larges colonies sur la sphaigne. Ses feuilles sécrètent un suc collant rempli d'enzymes digestives.


L'utriculaire cornue couvre la tourbière de tapis jaunes. La flore laurentienne la décrit comme étant plutôt terrestre. Nous ne l'avons observée qu'immergée, dans la partie réticulée de la tourbière. De toute façon, elle ne laisse voir que sa fleur; l'appareil digestif constitué de petits sacs (utricules) est souterrain ou immergé, c'est selon.