Mouette rieuse, Chroicocephalus ridibundus, Black-headed Gull

Gull pour les anglais, Larus pour les savants, mouettes pour la plupart des personnes allongées sur le sable.
L'identification des laridés (mouettes et goélands) remplit facilement le temps libre. Les plus grands comme les goélands marins mettent 4 ans pour afficher leur plumage adulte. Avec deux plumages par an, nuptial et internuptial, et un plumage juvénile, cela fait 9 possibilités. Multipliez par le nombre d'espèces et vous comprendrez pourquoi j'ai des marques de bronzage en forme de guide d'ornitho.
Pour les identifier, c'est "facile". Il suffit de regarder la couleur des pattes (noires, jaunes , roses, rouges), la ou les couleurs du bec (noir, rose, rouge, orange, jaune, jaune avec un point rouge, rouge avec la pointe noire, jaune avec la pointe noire, jaune avec un trait noir, etc.), les couleurs et les motifs de la tête (blanche, grise, noire, tête blanche avec un point noir derrière l'oeil, tête blanche avec un trait vertical noir derrière l'oeil). Il faut regarder aussi la couleur du plumage des ailes, la disposition des nuances de gris ou de brun si c'est un jeune et les couleurs des bords d'attaque et de fuite. Éventuellement, si on a encore le temps, on vérifiera si la queue est barrée de noir et la proportion de blanc et de noir dans la pointe des ailes des goélands.
Ici, la tête blanche et grise barrée d'un trait vertical plus foncé en arrière de l'oeil, la nuque plus blanche que le dos et les ailes qui sont d'un gris plutôt pâle et uniforme, le bec rose avec la pointe noire, les pattes roses, la pointe noire des ailes et apparemment pas de noir dans la queue, je dirais une mouette rieuse adulte en plumage internuptial. 
La parole est aux spécialistes.
On peut l'observer au Québec depuis que quelques colonies se sont installées spontanément dans le golfe du Saint-Laurent, mais celle-là est européenne.

Tournepierre à collier, Arenaria interpres, Ruddy Turnstone

Son nom vient de sa capacité à déplacer les petites pierres qui cachent les crustacés dont il se nourrit. On rencontre le Tournepierre à collier sur presque toutes les côtes de la planète. En migration, on peut même l'observer sur les rivages du Saint-Laurent. Celui-ci se trouvait sur une jetée du port de La Haye aux Pays-Bas.
Bien que son rang taxonomique le prive d'intelligence, il sait que la vague est un danger (acquis ou inné ?). Et tout en surveillant l'eau, il cherche sa nourriture. Il est aussi capable d'anticiper la vague. Il sait même adapter sa distance de fuite.
Summum de l'évolution, il y a 10 minutes (heure vidéo), je faisais exactement la même chose pour ne pas mouiller mes chaussures en cherchant des coquillages sur la plage.

Choucas des tours, Corvus monedula, Western Jackdaw

Ce petit frère de la corneille est un autre oiseau commun d'Europe. Peu farouche, le choucas aime vivre à proximité de l'humain. Ses constructions en hauteur lui procure le gîte et ses déchets, le couvert. On peut lire sur certains sites internet d'ornithologie que le choucas est présent en Amérique du Nord. N'exagérons rien ! Ce sont des visiteurs accidentels qui ne survivent pas à leur séjour. Au Québec, on ne rapporte qu'une seule observation documentée d'un individu à Port-Cartier en 1984. 
Le choucas des tours a dans l'oeil une lueur qui peut paraître inquiétante, mais qui est plutôt le reflet de son intelligence. La preuve, il sait non seulement que les yeux d'une autre espèce sont des yeux (a priori, il n'est pas évident que l'anatomie comparative soit une science animale), mais il sait aussi tirer de l'information du regard de l'autre; une faculté qu'on ne reconnaissait récemment qu'aux grands singes comme nous. Ainsi, il peut suivre la direction de votre regard pour localiser une source de nourriture potentielle [Jackdaws Respond to Human Attentional States and Communicative Cues in Different Contexts].
Konrad Lorenz les a beaucoup étudiés et prétend que le divorce n'existe pas chez les choucas. Il est vrai que les activités de la journée, comme la recherche de nourriture, se font en couple. Par contre le soir (en dehors de la saison de reproduction), tous les choucas du coin se regroupent pour échanger les impressions de la journée avant d'aller rejoindre le dortoir, à la manière des corneilles.


Grèbe huppé, Podiceps cristatus, Great crested Grebe

J'avais déjà pu l'observer à une ou deux reprises lors de séjours en France, loin au milieu d'un étang et toujours en plumage internuptial, celui généralement moins coloré que les oiseaux adoptent entre deux saisons de reproduction. Cette fois-ci, à La Haye (Pays-Bas) à la mi-août, une promenade à la recherche d'oiseaux urbains (il y en a toujours plus que l'oeil peut en attraper, dans toutes les villes du monde, même les plus grandes) m'a fait croiser la route d'un couple en plumage nuptial nageant à quelques mètres seulement de moi.
Le grèbe huppé est commun en Europe, et pas farouche. En fait, on le trouve sur tous les continents (selon les saisons) sauf dans les Amériques. Comme les foulques (rallidés), les doigts de ce podicipédidé sont palmés, sans être liés par les palmures.   
L'oiseau est spectaculaire. Certes il en impose par son port de tête et par sa taille - c'est le plus grand des grèbes européens. Mais quand il déploie ses oreillettes et ses aigrettes, alors une seule question demeure: est-ce un prince ou un roi ?