Ça y est, nous flirtons avec le zéro. Je regarde dehors les oiseaux qui s'activent aux mangeoires et j'admire leur adaptation au froid. Car, si vingt-cinq degrés au dessus de zéro représente déjà un défi pour le métabolisme de base, 30 en dessous...
Le métabolisme de base pourrait se définir comme la quantité d'énergie minimum requise pour maintenir un être vivant, vivant. Par exemple, un adolescent devant un jeu vidéo dans sa chambre à 25°C ou un homme de 47 ans essayant d'attirer l'attention d'une poignée de ses contemporains déjà convaincus, sur la beauté et la fragilité de notre environnement.
Le métabolisme basal, ça n'a l'air de rien, mais il faut quand même lui fournir assez d'énergie pour faire battre un coeur, ventiler des poumons, faire pousser des poils, connecter quelques neurones, garder les muqueuses humides, cligner des yeux à l'occasion et surtout maintenir la température nécessaire aux réactions biochimiques qui font ce que nous sommes.
Les animaux doivent donc constamment compenser les dépenses énergétiques; ce qu'ils font en mangeant. Mais, comme trouver la nourriture (labourer, chasser, capturer, piquer, marcher, courir sauter, aller faire son épicerie en automobile) c'est ajouter à la dépense, chaque espèce a développé ses propres stratégies pour minimiser la perte d'énergie consacrée à son apport.
Si, à ce titre, les "personnes qui souffrent d'un surplus de poids" (raccourci politiquement correct) sont une preuve de la supériorité humaine, les autres espèces n'en méritent pas moins notre admiration. J'invite ceux qui ont la chance de pouvoir visiter le biodôme de Montréal, à s'arrêter devant les aquariums qui reproduisent le fond du Saint-Laurent et à y observer les canards plongeurs. Après s'être débattus contre l'élément liquide pour atteindre le fond, ils se laissent remonter sans un mouvement, tête rentrée dans les "épaules" et ailes plaquées contre le corps pour augmenter leur "hydrodynamisme", limitant ainsi la perte d'une énergie qu'ils réservent pour la prochaine plongée. Quelle ironie tout de même, en être réduit à plonger quand des milliers d'années d'adaptation au vol vous ont conféré autant de légèreté. Sans parler de la température de l'eau, excellente conductrice thermique et de celle de la nourriture qui refroidit de l'intérieur. Ainsi va donc la vie des oiseaux aquatiques.
Un autre exemple de stratégie alimentaire, les bruants. La semaine dernière au jardin, le bruant fauve, un visiteur en route pour le sud, côtoyait le bruant à gorge blanche, un résident. Deux espèces, deux genres différents, mais un même comportement. Comme beaucoup de bruants, ils dépensent une énergie considérable à gratter le sol pour trouver leur nourriture. En contrepartie, ils s'assurent une relative sécurité d'approvisionnement en exploitant une source de nourriture moins accessible aux autres. C'est un avantage qu'ignore la tourterelle triste, obligée de marcher sur de plus grandes distances pour se nourrir.