Moucherolle


Les moucherolles font partie de ces oiseaux qu'il est plus facile d'identifier à l'oreille qu'à l’œil, en particulier ceux du genre Empidonax.
Celui-ci nous attendait sur le patio, un matin froid de l'automne dernier. En cette saison, inutile d'espérer l'entendre, la plupart des oiseaux font de l'aphasie saisonnière et ne chantent qu'en période de reproduction. Les structures de leur cerveau qui commandent le chant régressent quand le taux des hormones sexuelles diminue. Alors, moucherolle des aulnes, moucherolle des saules ou moucherolle tchébec. Je dirais "des saules" mais ne me demandez pas pourquoi  ?  Peut-être la finesse du cercle oculaire, la largeur de la mandibule inférieure.  

Le parc provincial Algonquin


Il y a des lieux sur Terre, qui échappent à notre influence, des lieux plus puissants que l'Homme. Parfois, ils choisissent de se faire oublier, patientant, et nous construisons notre réalité autours, ignorant leur existence. Les ruisseaux ne continuent-ils pas de couler dans les profondeurs de nos cités ?
Parfois, ils s'exposent laissant filtrer une parcelle de la force qui les habite, force dont nous ne comprenons pas réellement la nature mais à laquelle nous ne sommes pas insensibles. Nous décrétons alors que le lieu est sacré ou qu'il présente un intérêt écologique suffisant pour en faire un parc et le préserver de nous-même.


Le parc algonquin est un de ces lieux. Terre de transition entre la douceur et le froid, entre la feuille qui demeure et celle qui choit, c'est le pays du loup, de l'orignal et de l'ours. Parcourir les collines du parc, fouler les affleurements rocheux du bouclier canadien, c'est marcher sur les écailles de la tortue wendate qui nous porte à travers l'univers.


Il ne faudrait pas croire que le parc algonquin n'est qu'un paysage. Non, c'est aussi une source d'enseignements. On y apprend les liens qui unissent les êtres vivants, que le pin blanc doit au feu de voir la lumière, que le nénuphar paie son voyage en nourrissant le castor et que la tordeuse assure la suprématie de l'épinette sur le sapin. On apprend finalement que la vision de l'Homme est aussi étroite que sa vie est brève.
Tout existait avant nous: les feux de forêt, les épidémies de tordeuses, la destruction de la toundra par la prolifération des caribous ... Et tout a survécu avant nous. La vraie question est plutôt de savoir ce qui survivra à notre manque d'humilité et à notre avidité ?

La péninsule Bruce


"Niagara Escarpment map"
Licensed under CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.
La péninsule Bruce sépare le lac Huron (à l'ouest) de la Baie Georgienne (à l'est). Elle fait partie d'un ensemble plus vaste que l'on appelle l'escarpement du Niagara, une falaise qui serpente entre les Grands Lacs, de l'état de New York à celui du Wisconsin. Cette falaise s'est formée au Silurien, soit entre 445 et 420 millions d'années avant aujourd'hui. C'était bien avant les Grands Lacs qui sont nés, il y a 10000 ans, de la fonte du glacier qui recouvrait  alors une partie de l'Amérique du Nord pendant la période glaciaire dite "du Wisconsin".



La rive georgienne de la péninsule est longée par l'escarpement du Niagara et prend l'allure d'une falaise plus ou moins haute surplomblant les eaux de la baie. Au large, dans l'axe de la péninsule, l'escarpement se poursuit sous la forme de haut-fonds qui émergent parfois pour former un pointillé d'îles dont la plus grande est l'île Manitoulin.


Le paysage de la péninsule Bruce est dominé par des forêts de Thuyas occidentaux qui prennent racines dans un calcaire, vestige d'anciens récifs coralliens d'une mer chaude et peu profonde qui occupait le centre d'un continent qui ne s'appelait pas encore l'Amérique du Nord.
Les lacs ne doivent leur statut qu'à la douceur de leur eau. Tout le reste, eaux turquoises et horizon sans limite, évoque la mer, même les tempêtes qui s'y déchaînent parfois. Toute cette masse d''eau tempère le climat, les saisons s'enchaînent plus lentement et les floraisons s'attardent. La péninsule est un vrai paradis pour les botanistes, en particulier pour les amateurs d'orchidées.

Castilleja coccinea
Utricularia cornuta
Gentiana crinita
Prenanthes racemosa
Comme tout paradis se doit de posséder son serpent, la péninsule Bruce abrite le sien, le crotale Massasauga de l'est (Sistrurus catenatus) Ce serpent à sonnettes est le seul serpent venimeux de l'est du Canada et on ne le trouve que dans la pointe sud de l'Ontario bordée par les Grands Lacs, où il est protégé.

Aracées

Dieffenbachia sp

Comme tous les ans, le Dieffenbachia du salon nous offre le plaisir de sa floraison. Sa fleur, que l'on devrait plutôt appeler spadice, nous rappelle qu'il est de la même famille que le Petit-prêcheur et le Chou puant, et que lui aussi, quelque part entre le Mexique et l'Argentine, il est une fleur sauvage que l'on ne regarde peut-être plus tant elle est banale.

Symplocarpus foetidus
Arisaema triphyllum